Renaud. Rien à voir avec la chanteuse, authentique bonne personne et populaire. Rien à voir non plus avec le constructeur automobile. Il y aurait une faute. Que ce Renaud-ci a commise en tentant de nous convaincre, rai de lumière nous faisant son cinéma, qu’il était né à la sortie des usines… Cet énervé de la chansonnette n’est en fait qu’un petit maître de l’imposture. Le gosse perpétuel – 40 ans bien sonnés – descendu des beaux quartiers pour flatter le zonard est une illusion scénique. Evidemment, nous savons qu’il ne faut pas obligatoirement être démuni pour s’intéresser aux pauvres – tant qu’à donner, c’est connu, les riches ont plus d’argent – mais cet agité du bocal, lui, prétend qu’il est de ceux qu’il racole. Costumé, avec foulard gavroche, jean troué et petit blouson serré sur le derrière, il tient, en bon cachetonneur, le rôle du banlieusard qui, aujourd’hui, a la haine. Plus Léo Ferré que NTM, plus goualante que rap, il y a une odeur de musée chez ce malheureux qui s’accroche à la jeunesse des autres. Devons-nous admettre que cette fiction, avec langage répertorié et gueule grimée façon ange désespéré, est vraie? Non! Drague Queen des terrains vagues, cet adulte installé n’est qu’un habile chanteur sachant prolonger sa recette. Si l’on n’est pas certain que les gamins des cités, les vrais, marchent au numéro du petit mec souffreteux de salon, il faut reconnaître que nous, journalistes, nous nous sommes longtemps fait avoir. C’est qu’il fut tellement conforme à l’anticonformisme qu’on eut la prudence futée de le croire. Pourtant, il a beau aller au charbon traîné par Claude Berri ou chanter en Bosnie, le fard coule. Et l’anarchiste de série télévisée s’affichant avec Che Guevara pour vendre un concert n’est qu’une supercherie commerciale. Du surgelé musicalement correct, avec bruit de Mob d’occasion.
PHOTO: Renaud dans «Germinal».
Sources : L’Express et le HML des fans de Renaud