Renaud – Métèque (2022)

BREAK MUSICAL

Sincérité et admiration, bonté et volonté, le tout au sein d’un album hommage de plutôt bonne allure et de titres assumés par des mélodies sûres, même par une voix asséchée, Métèque confirme que Renaud est encore là, même qu’il est toujours aussi grand… N’en déplaise aux journaleux et aux pousse-mégots qui cherchent par n’importe quel moyen à l’enterrer.

Face à la violence de certains médias et des fléaux sociaux remplis de beaufs, presque inévitable après « Le phœnix »Les mômes et les enfants d’abord, puis cette parenthèse Corona Song, l’annonce d’un nouvel album de Renaud oscillait pourtant entre appréhension et fascination. Mais après les excellents Le p’tit bal du samedi soir (1981), Renaud Cante el’Nord (1993), Renaud chante Brassens (1996) et Molly Malone – Ballade irlandaise (2009), un cinquième album de reprises n’était pas une mauvaise idée après tout. Treize chansons qui pourraient évoquer à l’artiste des souvenirs personnels. Et à la découverte de la tracklist, c’était de bons augures que d’être un chouilla enthousiasme.

Le premier extrait ironique, un peu caricatural mais touchant Si tu me payes un verre de l’immense Serge Reggiani m’avait convaincu qu’il fallait mettre l’appréhension de côté. Et bien que beaucoup de titres restent évidemment meilleurs dans leur version originale, on ne peut que saluer la volonté de l’artiste de transmettre de si jolis textes. Avec maladresse certes, mais d’une belle sincérité. Je pense d’abord à Nuit et brouillard de Jean Ferrat. Exercice pas évident pour moi que de plonger dans ce titre gigantesque, surtout avec l’admiration sans retenue que j’ai pour Hubert-Félix Thiéfaine qui avait propulsé ce morceau dans une autre galaxie (Des airs de liberté – chronique ici) et finalement Renaud twiste les mots à merveille, en digne passeur de cet étendard pour ne pas oublier. Alors qui ? Qui donc est de taille à pouvoir l’arrêter ? Personne. Je pense également à L’amitié de Françoise Hardy, La tendresse de Bourvil, Le Métèque de Georges Moustaki, Ça va ça vient de Bobby Lapointe, La complainte de Mandrin d’Yves Montand pour le Renard et le dérisoire mais fantasque Je suis mort qui, qui dit mieux ? de Jacques Higelin. Tant de titres qui collent à l’univers du chanteur, et aussi à la période dans laquelle il traverse, avec nous inévitablement. Alors on l’aime comme il est, sinon on passe son chemin. Moi je remets le disque, une énième fois, et de ma voix de casserole, je chante avec lui. Parce que j’ai aimé le Renaud d’avant, et je continuerai malgré tout, à aimer celui d’aujourd’hui. Déjà pour tous mes chemins parcourus avec ses chansons dans ma caboche, et parce qu’il me fait plaisir avec ce disque.

Car avec ses treize titres, on peut se jurer, la voix hésitante de notre vieux Renaud comme témoin de la furie dévastatrice du temps qui passe et de ses excès, que la vie, la vraie, ne peut se passer de musique, de poésie, et surtout, surtout, d’amour et d’amitié.

Alors rien que pour ça…


Tracklist

01 – Le métèque
02 – L’amitié
03 – Ça va ça vient
04 – Le temps des cerises
05 – Nuit et brouillard
06 – Si tu me payes un verre
07 – La tendresse
08 – Hollywood
09 – Bonhomme
10 – La folle complainte
11 – Le jour où le bateau viendra
12 – La complainte de Mandrin
13 – Je suis mort qui, qui dit mieux ?

06 mai 2022
Parlophone

www.renaud-lesite.fr

  

Source : BREAK MUSICAL