Vendredi 3 février 1989
Arts et spectacles
Brigitte Trahan
Trois-Rivières
C’est une salle Thompson comblée en majorité de jeunes qui a assisté au spectacle de Renaud, hier
soir. Ici et là, dans la salle, briquets et feux de Bengale s’illuminaient pour le saluer, en particulier dans
les moments «chauds» où la langue française, la loi 101 et les Anglais devenaient les éléments dominants de la représentation.
On s’attendait à ce que Renaud mette le paquet de ce côté-là d’ailleurs, mais il n’y a pas eu d’exagération. Renaud n’est pas un révolté. Les injustices sociales, qu’elles soient du côté de la langue, des révolutions ou de la race, il les prend plutôt avec humour. D’une certaine façon son message se trouve à cogner autant, sinon plus. On n’a qu’à penser au malheur qu’a fait sa fameuse chanson «Miss Maggie» où il est question de Mme Thatcher, celle qu’il a présentée, hier soir, comme étant «la véritable maudite grosse Anglaise.»
Insolent Renaud? Aucun doute là-dessus et même, avec la complicité d’un trio de choristes assez comiques, une petite pointe vulgaire. Ce trio a pris un minute d’ailleurs pour exécuter un petit air qui rappelait vaguement le bon temps de Simon and Garfunkel et qui a presque volé la vedette à Renaud.
Évidemment, ce dernier n’a pas manqué non plus d’émettre son opinion sur la loi 178. «C’est simple, ce que vous devriez faire, c’est permettre l’affichage en français à l’intérieur et mettre les Anglais dehors!»
Mais Renaud ne cause pas juste politique. Il sait aussi toucher droit au cœur. Sa chanson «En cloque», une expression française qu’il explique à son public en mimant une femme enceinte, était d’une grande tendresse à cause des mots de style gavroche qu’il a le don d’employer partout.
Une seule ombre au tableau dans ce spectacle: le son. Les mots ne sortent pas clairement, ce qui rend l’écoute des chansons assez frustrante. Un ennui de micro est venu s’ajouter à cette lacune en début de spectacle.
Source : Le Nouvelliste