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Paris (AFP) – « Je redécouvre mes chansons en quelque sorte ». Renaud revisite son répertoire en symphonique, avec l’album « Dans mes cordes », clin d’œil de l’interprète de « Laisse béton » aux critiques sur sa voix cabossée.
Et qu’on ne lui parle pas d’une intelligence artificielle qui aurait pu régénérer sa voix d’antan, comme les survivants des Beatles l’ont fait récemment pour tirer des limbes le timbre de John Lennon sur une ébauche d’enregistrement oubliée.
« L’IA, ça ne m’inspire rien du tout, je ne suis pas branché informatique. Déjà que j’ai du mal à gérer mon téléphone portable, l’ordinateur j’en parle même pas », évacue l’auteur de « Morgane de toi », 71 ans, rencontré par l’AFP à Paris.
Le titre de son album fait bien sûr référence à ses cordes vocales « abîmées par des années d’errance et d’alcool », comme il le glisse. « Mais, bizarrement, j’ai fait des progrès vocalement, je ne chante pas à la perfection – ce qu’on attend d’un grand chanteur – mais par rapport au +Phénix Tour+ (album live de 2017, NDLR), j’ai fait des progrès ».
Il confie avoir « arrêté de boire depuis trois ans et la clope depuis huit mois ». En interview, il tire sur « une vapoteuse » au parfum fruité.
« Dans mes cordes » s’adresse aussi aux « mal intentionnés » qui lui prédisaient le « chaos dans les cordes d’un ring » quand il fit son retour sur scène en 2023, après six ans d’absence en concert.
« Tournée en 2025 »
« Personne ne misait un centime sur ma tournée, mais on l’a prolongée », se réjouit l’artiste. Il se prend désormais à rêver « d’une tournée en 2025 », pour ses 50 ans de carrière discographique.
« Dans mes cordes » renvoie évidemment aux deux quatuors féminins – violons, alto et violoncelles – qui l’accompagnent sur ce disque prévu ce vendredi, relecture de son œuvre en 18 morceaux, entre standards, comme « En cloque », ou chansons moins connues comme « Dans ton sac ». C’est la première fois qu’il enregistre un disque avec un orchestre à cordes.
Cinq chansons ont été captées en live en 2023 pendant sa tournée, déjà dans ce dispositif et baptisée aussi « Dans mes cordes ». Les autres ont été retravaillées en studio comme « Manhattan-Kaboul », avec Noée, jeune chanteuse à la place d’Axelle Red dans la version originale.
Cette chanson de 2002 s’inspire des attentats du 11 septembre 2001. Renaud ne s’attardera pas sur les résonances avec l’actualité. « Rien n’a vraiment changé, pour prendre ce qui se passe avec Israël et le Hamas, ça dure depuis plusieurs décennies et ce n’est pas près de finir », commence-t-il toutefois.
Avant d’insister sur les « enfants, toujours victimes » des soubresauts du monde, qu’il évoque dans plusieurs de ses chansons, comme « Morts les enfants ».
« Jaloux » des « Corons »
L’album repose aussi sur un piano, une guitare acoustique ou encore une contrebasse. Sans oublier un accordéon: « Indissociable de mes chansons, il me semble ».
Comment a-t-il élu les chansons pour « Dans mes cordes » ? C’est un cocktail de ses goûts et ceux de ses fans, même s’il n’a « pas toujours envie d’aller dans le sens du poil du public ». « Hexagone » et « Dans mon H.L.M. » ne figurent ainsi pas dans l’album. L’incontournable « Dès que le vent soufflera » y figure en revanche.
Quand on l’interroge sur les villes qui l’inspirent pour des concerts, le chanteur cite Lens, bifurquant tout de suite sur les « matches des foot » qu’il aime y voir au sein du « meilleur public de France ».
Les fans du RC Lens sont connus pour chanter dans le stade « Les corons » de Pierre Bachelet. « Je suis jaloux, je n’ai pas réussi à écrire une chanson comme celle-là », lâche-t-il soudain.
Sondé sur le foot, il confesse suivre « Marseille, Laval, Saint-Etienne », mais aussi le PSG. Ce dernier club, aux mains de propriétaires du Qatar, ne tranche-t-il pas avec ceux à l’aura populaire mentionnés auparavant ?
La réponse fuse: « J’aime bien Mbappé, c’est un génie, humble, intelligent, cultivé, un modèle ».
© 2023 AFP
Source : France 24