Il avait replongé dans l’alcool. Renaud est sorti ce mercredi 26 septembre d’une énième cure de sevrage, et il se repose. Pochtron, pochtron… En 1983, c’était une chanson potache et bon-enfant. Vingt ans plus tard, il y a eu le Renaud et le Renard et, aujourd’hui, on ne rit plus. Il faut avoir lu l’autobiographie de Renaud pour comprendre.
« Je me réveille en sueur, le moral au fond des bottes. J’allume la première de mes 60 clopes de la journée, entame pour quelques minutes ma quinte de toux graillonneuse… Dix mètres dans la rue et me voilà chez moi, dans mon rade, mon bistrot, mon asile, mon assommoir », explique-t-il dans ses notes prises sur un cahier d’écolier en 1998.
« Je me suis pourtant promis ce matin en me brossant les dents que j’arrête aujourd’hui. Pas le choix, mes mains, mes bras sont pris de tremblements incontrôlables. Je file aux gogues pour gerber mon premier jaune. Les prochains, comme chaque jour, vont passer sans encombre », poursuit le chanteur.
Derrière l’alcool, une grande souffrance
D’abord un sentiment terrible de culpabilité, venu avec le succès. Culpabilité vis à vis de son père, écrivain, qui n’a jamais écrit le grand livre qui l’aurait peut-être révélé, « comme si ma réussite contribuait un peu plus à le diminuer, à l’humilier », dit Renaud. Le chanteur est aussi mal à l’aise avec l’argent, il n’est pas très fier d’en gagner.
Sur Germinal, il était à deux doigts de tout plaquer, scandalisé par les salaire des figurants. Renaud culpabilise d’être absent pour son fils Malone, pour ses fans. À la fin, il boit pour oublier qu’il boit. Même quand tout va bien ça ne va pas, car il culpabilise d’être heureux dans un monde qui ne l’est pas. Cela le mène tout droit à la paranoïa. Souvent, il croit qu’on le déteste.
La peur de la mort plus que tout
Cela a commencé sans doute quand il a perdu trop tôt des amis très chers. Coluche, Patrick Dewaere, Pierre Desproges… « Je sais que la vie est un jeu qui finit mal et ça me terrorise », affirme Renaud. Paradoxalement, c’est pour cela qu’il se tue à petit feu, lui le parano hypocondriaque. Plus le temps passe, et plus grandit en lui la mélancolie du temps qui passe.
Le jour, la nuit, Renaud rumine sa jeunesse. Cela l’épuise. Il collectionne les trains électriques, passe-temps d’adulte nostalgique au goût de Mistral gagnant. L’année dernière, il voulait se faire un nouveau tatouage : un Peter Pan avec cette phrase: « ne grandissez pas, c’est une arnaque »… « Mon enfance était trop belle, dit-il, elle est désormais trop loin… Et ça ne va pas s’arranger ».
Source : RTL