Renaud part en bateau

Télé Magazine Vidéo

N° 47, 27 mars au 2 avril 1982

2 20 h 35
CHAMPS ELYSEES
SAMEDI
Le petit loubard du quatorzième fréquente à présent les « Champs-Elysées ».

Les Champs Elysées, ce n’est pas particulièrement là qu’on s’attend à trouver Renaud, l’ancien « indépendantiste du 14e arrondissement », le copain du loubard Gérard Lambert. Mais notoriété oblige. Renaud, devenue célèbre, ne fréquente plus la zone : il habite le Marais et se rend à l’Espace Cardin le temps d’une petite visite à Michel Drucker.

Cette gloire est encore assez jeune pour qu’on rappelle l’itinéraire de Renaud, qui a laissé tomber dès ses premiers pas sur les planches son nom de Séchan. Il n’est pas comme on pourrait le croire un enfant des grandes banlieues périphériques, mais le fils d’un professeur d’Allemand habitant dans les grands immeubles de la porte d’Orléans. Par sa mère, d’origine ouvrière, il connaît toute la culture populaire de la chanson. Et, quand il commence à écrire ses premiers couplets, on y sent fortement l’influence de Bruant.

Renaud est un des rares artistes modernes à être vraiment « né » en 1968. Il est alors étudiant et participe à toutes les manifestations, à toutes les barricades. Il abandonne alors le lycée pour chanter dans les rues, accompagné d’un copain accordéoniste.

Les succès d’autrefois

« Ça marchait rudement bien, se souvient-il. Je chantais des chansons musette, Piaf, Bruant, « La java bleue », « Les roses blanches » ; c’était normal, j’avais grandi dans cette musique ».

« Après sont venus les Beatles, Dylan, mais je n’ai jamais oublié ce qu’on chantait à la maison. Quand j’allais dans les cours ou sur les marchés, je me faisais bien cinquante mille balles en une demi heure. Les gens aimaient bien entendre ces deux petits jeunes à cheveux longs qui chantaient autre chose que les succès du jour ».

« On leur rappelait leur jeunesse. Et puis, on avait repéré qu’entre sept et huit heures, le soir, les ménagères s’ennuyaient dans leur cuisine. Or, en banlieue, toutes les cuisines donnent sur la cour. Ça pleuvait… »

Mais Renaud a aussi des choses à dire. Et dans une langue qui n’est plus celle des voyous chantés par Bruant. Il existe un argot des an­nées 70. Et c’est ce qui fait son pre­mier vrai succès, « Laisse béton » (Laisse tomber en verlan, c’est à dire à l’envers).

Renaud ne chante plus dans les cours. On le voit dans les petits salles, par exemple dans le Marais. C’est à cette époque qu’il établit son quartier général au « Rendez-vous des amis ». Dans ce bistrot, il rencontrera Dominique, pour laquelle il écrira la si jolie chanson « Ma gonzesse ». Et avec laquelle il une petite fille Lolita, âgée aujourd’hui d’un an et demi et qui accepte énormément son père.

Ainsi. Renaud a aujourd’hui une nouvelle famille et un appartement en face du « Rendez-vous des amis », un vieux grenier qu’il a remis à neuf lui même, avec l’aide de son beau frère.

Alors installé, le loubard, rangé des voitures ? Pas dans ses chan­sons, en tout cas, et son dernier ré­cital à l’Olympia a prouvé que, sous la fleur bleue, grondait toujours la révolte contre l’injustice, la frater­nité avec ceux qu’on appelait au­trefois la canaille.

Le père de Lambert

Pourtant Renaud rêve d’autre chose que de chansons. D’un re­frain est né le personnage de Gérard Lambert, devenu aujourd’hui héros de bande dessinée et auquel Renaud prévoit un avenir encore plus bril­lant. « J’avais créé le personnage en pensant à mon ami Gérard Lanvin. Non parce que Lambert c’est lui, mais parce que je me suis inspiré de sa silhouette et son nom… Alors je voudrais bien qu’il interprète Lam­bert au cinéma. Je n’ai pas la pré­tention de vouloir réaliser le film, mais j’aimerais bien y jouer un petit rôle que je vais m’écrire sur mesu­re : une teigne. Cafteur, lâche, trouillard, méchant… Je gamberge ça depuis des mois et c’est pour le mener à bien que j’ai décidé de ne rien faire d’autre après l’Olympia ».

En attendant, Renaud a un autre projet, qui le poussera à troquer le blouson de cuir contre le caban de marin. Il veut naviguer sur la goé­lette de 14 mètres qu’il se fait cons­truire en Vendée. Il songe même à « six mois de mer. Le bateau, c’est mon trip préféré… »

Claudine GOZARD


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CHAMPS ELYSEES

Emission proposée par Michel Drucker et Françoise Coquet, réalisée par Dirk Sanders, présentée par Michel Drucker.

Gérard LENORMAN chante : « La petite valse », « Chanson d’innocence » et un pot pourri.

RENAUD : « Mon beauf’ » et « Manu ».

Laurent VOULZY : « Idéal simplifié ».

Nicolas de ANGELIS : « Quelques notes pour Anna ».

Alio GOLDSMITH e Pierre MONDY interprètent la chanson du fils « Le cadeau » de Michel Lang.

POPECK dans un sketch.

MILVA (sous réserve).

Popeck à l’œuvre

  

Source : Télé Magazine Vidéo