Geneviève Cloup | à 18h49 – Mis à jour le mer. 27 octobre 2021 à 19h31
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Alors que Germinal, la nouvelle série de France 2, est diffusée dès ce mercredi 27 octobre, on se souvient qu’en 1993, Claude Berri tournait lui aussi une adaptation de l’œuvre de Zola, dans laquelle le chanteur Renaud faisait ses premiers vrais pas d’acteur face à Gérard Depardieu. Retour sur une expérience qu’il dit l’avoir « miné ».
Le Germinal de Claude Berri, sorti sur grand écran il y a presque trente ans, a marqué les vrais débuts au cinéma du chanteur Renaud, dont la santé aujourd’hui, à 69 ans, inquiète régulièrement ses fans -dont nous faisons partie. A l’époque, Renaud a 40 ans. Il est au zénith de sa carrière d’auteur-compositeur-interprète, mais sa vie personnelle, comme le confiera plus tard son frère Thierry Séchan, vacille. Le temps qui passe, la difficulté de l’engagement l’angoissent. Sans compter la douleur suite à la mort brutale de son pote Coluche, rencontré, tout comme Miou Miou, au Café de la Gare, où il a un temps tâté des planches.
En 1992, Renaud décide d’accepter la proposition du producteur et réalisateur Claude Berri qui, depuis qu’il l’avait vu chanter en 1980, à Bobino, avait gardé dans un coin de sa tête l’idée de le diriger un jour. On a dit alors que Renaud avait fini par accepter le rôle d’Etienne Lantier car il craignait que Berri ne le donne à Patrick Bruel. C’est faux. C’est l’acharnement, la passion et la certitude du cinéaste qui ont fini par le convaincre. Plus tard, il confiera dans Télérama que ce dernier lui répétait sans cesse : « T’auras même pas à jouer, chéri, t’auras qu’à être toi-même ! Lantier, c’est toi, un homme allergique à l’oppression, à l’injustice : un rebelle ». Et comme il est fasciné par le roman de Zola, le chanteur accepte.
S’ensuivront 148 jours de tournage pour un budget de 165 millions de francs. A propos de ce coût colossal à l’époque, Renaud dit, toujours à nos confrères de Télérama : « Je ne suis pas une balance. En plus, je ne suis pas habitué aux us et coutumes du cinéma. Mais disons qu’il y a eu des dépenses somptuaires autour du tournage de Germinal qui m’ont plutôt outré […] Ça m’avait miné… Comme le regard de certains mineurs que j’étais censé pousser à la révolte. C’était des figurants, aussi fauchés peut-être que les ouvriers de Germinal. Et moi, Renaud, couvert de fric, je jouais, à travers Lantier, le donneur de leçons, le marxiste… J’avais peur de croiser un œil moqueur. J’avais honte parfois. »
Les regrets de Renaud
Avec Germinal, Renaud fait son entrée dans la cour des grands face à Gérard Depardieu et Miou Miou. Touche enfin du doigt son rêve de gosse d’être acteur. Mais il se sent malmené par Claude Berri qui le dirige à la baguette. « Je n’ai fait que lui obéir à l’intonation près ! Sur le plateau, je n’ai jamais pu faire ce que je voulais, ce que je sentais. Il ne m’a jamais fait confiance ! », confiera le chanteur qui avouera s’être senti tyrannisé et humilié publiquement. Et emploiera même le mot de terreur pour résumer l’ambiance sur le tournage.
Là où la fiction rejoint la réalité c’est que Renaud, à la ville, est petit-fils de mineur. Se souvient de ce grand-père qui n’arrêtait pas de les traiter avec ses copains de « sales gosses fainéants », quand ils faisaient la grève, en mai 68. « Il nous expliquait que, à notre âge, il était, lui, au fond de la mine. J’ai eu envie de me replonger dans ces origines-là… » expliquait le chanteur. Le cœur et le sentiment sincères. Comme toujours.
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Source : Gala