Renaud : renaissance blues

TV Magazine

Le 2 juin 2002
Par Stéphanie Raïo

Il a choisi l’émission de Pascal Sevran pour son retour

Tout ou rien. Quand Renaud réapparaît, c’est avec plusieurs tours dans son sac. Un album boucan d’enfer, un film en cours de tournage, une remontée sur scène et un projet de livre.

Après une victoire d’honneur en 2001 suivi d’une période noire, Renaud revient en force avec son album Boucan d’enfer. Même si son écriture n’a pas d’âge, il a dû se réinventer. Mais il n’a pas pour autant perdu son petit air moqueur.

CERTAINES victoires ressemblent à celle de Purrhus : elles coûtent bien plus cher que ce qu’elles n’apportent. En 2001, Renaud a le moral dans les talons. Sans crier gare, les professionnels lui remettent une « victoire d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre ». Il bafouille quelques remerciements, mais n’en pense pas moins, Rongé par le mal-être, il cette récompense comme un enterrement de première classe. Direction… le bistrot. Aujourd’hui, il revient avec Boucan d’enfer. « on r’connaît le bonheur, paraît-il. Au bruit qu’il fait quand il s’en va (…) / Le mien est parti hier. » Bien plus intimiste que par le passé, Renaud parle de ses récentes cicatrices. Sa femme l’a quitté, lassée par les soirées trop anisées de Mister Renard, l’alter ego de Gainsbarre.Sa femme, on la connaît bien. Il nous l’avait présentée dans « Ma gonzesse ». Puis on l’avait connue « En cloque ». On s’y était un peu attaché quelque part, en même temps que lui. « Y a bien pire que mourir, y a vivre sans toi », lui adresse-t-il. Triste épilogue. Puis il nous parle de sa fille dans « Elle a vu le loup ».

Il ne se laisse pas abattre

Décidément, Renaud se sent bien seul. Ses potes ? Ils sont allés vérifier si dieu était un fumeur de Havane. Et lui, il reste là, avec son « Bistrot préféré / Quelque part dans les cieux / Gainsbourg est au piano, jouant sa Javanaise / Dewaere est là aussi, dans un coin / (…) Écoutant les histoire de Coluche hilarant / Reiser et Tonton. » Mais Renaud intimiste n’en devient pas pour autant nombriliste. Il retrouve rapidement son air moqueur pour tailler un chemise blanche décolletée sur mesure au plus grand des reporters de salon : Bernard-Henri Levy. L’identité de son « Entarté » ne laisse aucun doute : « Ah ! Qu’est-ce que il nous a fait marrer / Le philosophe des beau quartiers / (…) Aux flore aux deux magots, planté / Devant une coupe millésimée / Il refait le monte, persuadé / D’avoir un rôle à y jouer. » Sans oublier un impayable hommage à Baltique, le labrador noir de Mitterrand. Non, Renaud ne se laisse pas totalement abattre. Il mitraille à bout portant, dès qu’il en a l’occasion. Pop-stars, Star Académy… ils sont « Un peu à la musique / Ce que le diable est au bon Dieu », assène-t-il dans « je vis caché ».

Bientôt sur scène

Certains diront qu’avec ce Boucan d’enfer , Renaud joue moins son rôle de poil à gratter, qu’il a laissé sa méchanceté au bistrot. Mais il faut vivre avec son âge. De toute façon, rien de plus pathétique que les vieux adolescents rebelles. Ça, il l’a bien compris. Sans compter que, pris en tenailles par les rappeurs d’un côté et les Noir désir, Zebda et d’autre de l’autre, Renaud est bien obligé de se réinventer. Même si son écriture n’a pas d’âge. Il a beau avoir chanté la banlieue des années 70 ; celle du « tango de Massy-Palaiseau », où errent les clones de Lucien, le loubard en blouson noir, héros de BD de Margerin, des groupe comme Saïs Supa Crew, la brigade ou Disiz la Peste se reconnaissent aujourd’hui dans ses textes. Ils ont même enregistré un album de reprises de ses chansons dans Hexagone 2001. Actuellement en tournage au canada avec Johnny Hallyday et Gérard Depardieu, Renaud retrouvera les chemins de la scène cette année. En décembre prochain, il sera au Zénith. Juste après, il devrait se consacrer à l’écriture d’un livre, sorte de journal intime de ses années noires.

Dimanche, 12.05, France 2

  

Source : Le HLM des Fans de Renaud