N° 1922, 9 décembre (du 14 au 20 décembre 2002)
Les éditions Delcourt viennent de sortir une BD pas comme les autres : 22 chansons de Renaud illustrées par des virtuoses de la bande dessinée.
Article de Alain Szèle
On le disait fini ! Avec son album Boucan d’enfer, il revient sur le devant de la scène. Renaud se raconte dans une émission, entre pudeur et émotion.
Renaud, le rouge… la vie et la carrière en images du poulbot rebelle de la chanson
ENFANCE. « J’en garde un souvenir ému. Nous étions six enfants à la maison avec beaucoup d’amour et de fraternité. Mon père était professeur, écrivain, traducteur, pianiste, poète ; ma mère, ouvrière, d’un milieu de mineurs du Nord ».
LYCEE. « C’est au lycée que ça a dégénéré : les filles, les boums du samedi soir, les mobylettes… Les conflits avec mes parents ont commencé ».
1968. « Six enfants et cinq sur les barricades. Je vous dis pas l’ambiance à la maison ! J’ai commencé à zoner et à me laisser pousser les cheveux ».
DEBUTS. « En 1974, je chantais avec ma guitare devant le Café de la Gare pour le spectacle de Coluche. Un soir, son producteur, Paul Lederman, m’a proposé de monter sur la scène du Caf’Conc’ de Paris. »
« LAISSE BÉTON ». « C’est avec ce titre (1977) que ça a vraiment démarré. Je l’ai écrit en 25 minutes, au dos d’un paquet de Gitanes que j’avais déchiré ».
NOUVELLE FAMILLE. « Entre mon premier et mon deuxième album (1983-1985), j’ai rencontré des petits loubards de banlieue : blouson de cuir, santiags à bout pointu, et j’ai commencé à m’identifier à eux, à parler comme eux. Je me suis inventé une famille. C’est de là que m’est venue l’idée de faire des chansons dans le même langage qu’eux ».
VIOLENCE. « Je crache sur toutes les institutions et avec violence. Mais je préfère émouvoir les gens avec des mots tendres que trop durs ».
MA FILLE. « La naissance de ma fille Lolita (1980) a été l’émotion la plus forte de ma vie. J’étais émerveillé par tant d’innocence et de fragilité ».
ARGENT. « J’ai eu du mal à assumer ma popularité à la suite du succès de Morgane de toi (1983). Je me suis fait allumer dans la presse : « Le milliardaire rouge ! ».
CHUTE (1995-2002). « Un jour, je suis entré dans un bistrot. Je n’avais pas de tournée, pas de concert, pas de disque… j’ai commencé à écluser. Après, j’ai tout essayé pour arrêter : psychiatrie de groupe, les Alcooliques Anonymes, l’enfermement en clinique. L’alcool est une drogue dure ».
RESURRECTION. « A la sortie de mon album « Boucan d’enfer » (mai 2002), un mois après, je refaisais une crise de delirium tremens. J’avais replongé. Là, j’ai arrêté. Je vis dans une période cool… »
SUITE ET FIN ? « Ce qui pourrait m’empêcher de replonger ? D’avoir beaucoup d’activité et, pourquoi pas, de tomber amoureux. Ça va être très dur. Nous ne vivons plus ensemble avec ma femme, Dominique, mais je lui reste attaché. En attendant, je vais essayer de continuer, de raconter en chansons ce qui déplaît dans ce monde ».
Source : Le HLM des fans de Renaud