Renaud retrouve le Zénith

L’Est Républicain

12 décembre 2002
Par Jean-Paul Germonville

Pour 4.000 spectateurs ravis, Renaud s’est donné sans retenue toute dérision dehors, hier soir à Nancy.

NANCY. Il y a « les vieilles chansons » comme il les appelle… et les nouvelles, celles de « Renaud-Renard », l’album de la rédemption. Le public les a toutes adoptées sans réserve, reprises en choeur et applaudies comme jamais. Ce retour en première ligne a des allures de miracle.

Revenu de « plusieurs saisons en enfer » comme il n’a pas manqué de le raconter lors de la sortie de son dernier album, Renaud, les yeux dans ceux du public, a parlé de ses errances, de la souffrance d’un amour perdu et d’un exemple à ne pas suivre, le sien.

Passé à maintes reprises dans la région lors d’une douloureuse mais rédemptrice tournée acoustique, il a retrouvé, hier soir, ses fidèles, 4.000 personnes sous le charme, et a offert un récital plein d’émotion et de générosité.

Le personnage n’a perdu ni de sa gouaille, ni de cette provoc’ qui a tant contribué à sa réputation. Il semble juste un peu plus fragile encore pour partager ses griefs contre la vie et toutes ces faiblesses, simplement humaines, qui l’ont emporté vers des abysses qu’il ne voulait pas.

Adieux au music-hall

Avec pour préambule la chanson confession qui a servi de titre à son nouvel enregistrement, devenu un best-seller, il a malgré tout choisi de placer ce concert sous le signe de la fête. Avant le public du Zénith parisien où il sera dans quelques jours, les Lorrains ont découvert le décor plutôt réussi du Renaud nouveau millénaire… Une place de village anonyme, « un soir de 14 Juillet » comme il le précise, sert d’écrin à un répertoire pas vraiment joyeux.

Le bistrot est celui de « Mister Renard » et l’hôtel a pour nom « de la nuit ». En travers de la scène, lampions et guirlandes posent des allures de bal populaire sur l’ensemble. Le jeu de lumières, tour à tour intime ou dévorant, met un peu plus en avant les ambiances musicales chères au poulbot vieillissant.

Le registre est vaste, passant de ballades impérissables comme « En cloque » ou « La pêche à la ligne », à l’électricité de partitions country et même rock. Qu’il égratigne « BHL », « dont la philosophie est un vrai bazar », malmène une fois de plus « Mme Thatcher » ou raille, entre deux titres, la débilité d’un jeu télé, les spectateurs sont partants, sans retenue.

Alors, on passe, sans manières, de « Pochtron », l’occasion de fustiger ses errances, à l’une des plus belles compositions du moment, « Manatthan-Kaboul », que des milliers de voix reprennent à l’unisson. Quand il affirme, un fond de dérision toujours dans la voix, qu’il s’agit de sa dernière tournée, de ses « adieux au music-hall », peut-on le croire ? De toute façon, rappelle-t-il, tout sourire dehors, « je reviens en février ! ».

Renaud glisse du centre de la scène, à un siège installé contre le piano d’Alain Lanti pour des chansons « douces amères » sans perdre de son impertinence, comme on l’aime depuis toujours.

Il est revenu, ce mercredi, « presque » en forme, et c’est très bien… Un vrai moment de bonheur. Renaud a retrouvé son Zénith.

Jean-Paul GERMONVILLE

© L’Est Républicain

 

Source : Le HLM des fans de Renaud