Le 19 décembre 2002 à 00h00
Alors qu’il vient de démarrer une tournée de quelque 85 dates – toutes complètes – Renaud s’installe pour cinq soirs au Zénith de Paris. Un retour très attendu dans la capitale où il n’avait plus chanté depuis six ans.
AU FOND de la scène, l’Hôtel de la nuit avec son enseigne lumineuse « quatre étoiles dont trois filantes ». A gauche, à l’ombre d’un platane, une mairie sur laquelle flotte un drapeau tricolore. A droite, le bar Chez Renard et à l’intérieur, une silhouette aux cheveux jaunes accoudée au zinc, une tasse de café et une cigarette dans les mains. Tandis que les premiers accords de la chanson « Docteur Renaud, Mister Renard » résonnent, Renaud sort du troquet et empoigne, en tremblotant, son micro. C’était la semaine dernière au Zénith de Nancy. Une scène qu’il reproduira cinq fois à Paris à partir de ce soir.
« Dernière tournée »
A Nancy, près de deux heures durant, alors qu’il s’accrochait à son micro comme à une balise, le public l’a fêté comme un prince, tout en ovations et en éclats de voix : « Renaud on t’aime ! », « Eternel Renaud ! », « On est là, Renaud, pense à nous ! » Lui, tee-shirt noir, veste rouge et croix protestante autour du cou, savourait l’instant, tout en espérant que « Renard le soiffard ne pointe pas trop son museau ». Enchaînant un peu essoufflé avec « Si t’es mon pote », le quinquagénaire annonçait ensuite que son tour de chant de quatre-vingt-cinq dates en huit mois serait sa « dernière tournée », « ses adieux au music-hall »… Une curieuse façon de célébrer des retrouvailles avec la scène. Des retrouvailles qui, en fait, n’en sont pas vraiment. D’octobre 1999 à mars 2001 déjà, il avait écumé, dans un triste état de santé, les petites salles de France avec le spectacle « Une guitare, un piano et Renaud ». Mais il avait soigneusement évité Paris, par peur des critiques, avait-on dit… Jusqu’au 23 décembre au Zénith de la porte de Pantin – un lieu qu’il avait inauguré en 1984 -, il renoue donc avec la capitale, sans doute avec un peu d’appréhension.
Le public chante en chœur
Mais à Nancy, le chanteur n’avait rien à craindre de personne. Depuis qu’il a raconté ses dérives alcooliques au printemps dernier, à la sortie de son album « Boucan d’enfer » – vendu depuis à plus de 1,6 million d’exemplaires – Renaud poursuit sa « thérapie » en public et ses fans s’en régalent. Il en jouait presque ce soir-là, clamant « je suis sobre » après avoir chanté « Pochtron » et déballant ses déboires sentimentaux après « Cœur perdu », sans doute le titre le plus réussi et le plus touchant de « Boucan d’enfer ». C’était d’ailleurs sur les chansons les plus lentes et lorsqu’enfin le tempo baissait – « En cloque », « Manu »… – que Renaud redevenait Renaud, tout en timidité et en sensibilité. Cependant, lorsque le rythme s’accélérait, sa voix brûlée par les excès faisait mal, accentuée par les instrumentations et la guitare omniprésente de son directeur musical Jean-Pierre Bucolo. Dans la salle, on faisait fi de ces détails, savourant « Marchand de cailloux », « 500 connards sur la ligne de départ », « Marche à l’ombre » ou encore « Miss Maggie », systématiquement repris en chœur. Tout comme son tube « Manhattan-Kaboul », chanté en duo avec la voix préenregistrée d’Axelle Red. Plus tard, il se taillait encore un joli succès en s’attaquant à la « Star Academy », expliquant qu’« un copain lui avait raconté qu’ils reprenaient ses chansons. » Et Renaud de crier : « Je ne veux pas que ces abrutis touchent à mes chansons ». Un triomphe. Un peu facile, mais un triomphe quand même.
Renaud, à partir de ce soir et jusqu’au 23 décembre à 20 heures au Zénith, 211, boulevard Jean-Jaurès, Paris XIXe . Places : 34 . Tél. 01.42.08.60.00. Également du 28 janvier au 1er février et du 25 au 28 mars, les 31 mars et 1er avril. Complet.
En première partie : Mickey 3D.
Sources : Le Parisien et le HLM des fans de Renaud