Québec, lundi 15 juillet 1991
« Bon ici, c’est la télé qui servait aux prisonniers, fait le guide du Musée du Québec, en désignant un moniteur vidéo, dans un coin ; on mettait 150 prisonniers ici et ils pouvaient ainsi regarder la télé. Là vous avez le portrait du premier prisonnier et… »
par FRANCINE JULIEN
LE SOLEIL
Jour pas ordinaire, hier, au Musée du Québec, qui ouvrait ses portes aux adolescents, en leur proposant spectacles d’amuseurs publics invités par le Festival d’été, des visites-bidon du musée par des comédiens de l’Aubergine de la Macédoine et des tirages d’objets d’art ou de voyages dans des musées d’Ottawa et de Boston.
« Les adolescents sont peut-être le groupe de population le plus difficile à rejoindre », constatait Mme Lise Boyer, du musée. Environ un millier de personnes ont visité les lieux, hier, chiffre toutefois en-deçà des espérances, selon Mme Boyer.
Renaud
Mais le clou de la journée était certainement la visite du chanteur Renaud, qui a enfin pu se payer son vrai concert intime devant moins de 200 spectateurs ; celui-ci a déménagé pour la troisième fois tout son attirail d’instruments… et ses six musiciens pour présenter un spectacle de plus de deux heures à l’auditorium du musée devant un public composé presque exclusivement d’adolescent…es !
Un peu de « triche », tout de même, puisque ce show d’abord réservé aux ados comptait quelques jeunes de « moins de 18 ans de coeur »… et quelques Français, qui, en ce 14 juillet, ont même eu droit aux premières notes de l’Internationale pour souligner « leur » anniversaire, comme se plaisait à dire le chanteur.
La journée, organisée dans le cadre des festivités de réouverture du Musée du Québec, était présentée en parallèle du Festival d’été. « Comme Renaud devait jouer au départ au bar d’Auteuil, où les adolescents n’étaient pas admis, on voulait leur permettre d’y avoir accès », explique l’organisateur de la journée, Guy Cloutier.
« Il y a 10 ans, on n’aurait jamais vu ça dans un musée, dit-il, tandis que les artistes de Spring Action sautaient allègrement sur une trampoline installée dans un hall de l’ancienne prison. Le musée peut être un lieu où les gens se sentent à l’aise, sans pour autant faire de compromis sur l’Art. Nous, ce qu’on voulait faire aujourd’hui, c’était une journée « souriante »… »
Source : Le Soleil