Renaud : ses 11 chansons coups de gueule

RTL

Morgane Giuliani

PLAYLIST – Avec son nouveau single « Toujours debout », Renaud s’insurge contre ceux qui pensaient sa carrière finie. Des « démagos » aux politiques, le chanteur est familier des titres sanglants.

Le chanteur Renaud sur scène
Crédit : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

« Je fais plus les télés/J’ai même pas Internet/Arrêté de parler aux radios/Aux gazettes/Ils me croient disparu/On m’a cru oublié/Dites à ces trous du cul/J’continue d’chanter », dit Renaud dans Toujours debout, son nouveau single dévoilé le 26 janvier. Le chanteur de 63 ans fait un retour tonitruant, avec le style mordant qui a fait sa singularité, depuis son album Laisse béton.

Rien ne semble effrayer Renaud. Dans Où c’est que j’ai mis mon flingue, sortie en 1980 sur l’album Marche à l’ombre, il s’en prend à ses détracteurs, notamment du côté des médias : « D’puis qu’y’a mon nom dans vos journaux/Qu’on voit ma tronche à la télé/Où j’vends ma soupe empoisonnée/Vous m’avez un peu trop gonflé/J’suis pas chanteur pour mes copains/Et j’peux être teigneux comme un chien » 

Renaud donne une suite à cette chanson avec J’ai retrouvé mon flingue, morceau de 2006 où il dit : « Ma plume est une arme de poing/Mes mots parfois sont des grenades/Dans ce monde cruel et crétin/Ma guitare est en embuscade/Contre toutes les barbaries/Contre les silences assassins/Le conformisme des nantis/Et l’ignorance des gens de rien »

Des chansons contre « les démagos »

Sorti en 1977, ce disque contient quelques unes des premières chansons virulentes de Renaud. Alors qu’il traîne avec des « bandes de loubards » de l’est parisien, Renaud n’a pas de mots tendres pour ses compatriotes. « J’ai la connerie humaine comme oraison funèbre/Le regard des curieux comme unique linceul », chante-t-il sur Les Charognards. Dans Jojo le Démago, il dépeint un homme idiot qui mène la grande vie après avoir gagné le gros lot aux courses de chevaux : « C’est Jojo l’démago/Qu’a trahi les prolos/Y traîne les casinos/De Nice à Monaco – caïne ! »

Dans mon HLM (issue de Marche à l’ombre), l’une des chansons les plus connues de Renaud, dépeint quant à elle le profil du Français raciste d’origine populaire : « Au rez-d’chaussée, dans mon HLM/Y’a une espèce de barbouze/Qui surveille les entrées/Qui tire sur tout c’qui bouge/Surtout si c’est bronzé ». Plus loin, le chanteur nuance : « Ma plume est un peu assassine/Pour ces gens que je n’aime pas trop/Par certains côtés, j’imagine/Que j’fais aussi partie du lot… »

Renaud a eu l’idée de ce titre en entendant les histoires de Thierry, son frère aîné, habitant un HLM dans le XIIIe arrondissement de Paris, selon ce dernier, cité par Le Figaro. Le chanteur a longtemps milité auprès d’associations défendant des minorités sociales ou ethniques, dont SOS Racisme. Malgré son succès auprès d’un public populaire, Renaud n’hésite donc pas à singer certains aspects de ce dernier. 

En 2006, c’est cette fois aux familles branchées et urbaines que Renaud s’en prend, dans le titre moqueur Les Bobos : « Ils fument un joint de temps en temps/Font leurs courses dans les marchés Bio/Roulent en 4X4 mais l’plus souvent/Préfèrent s’déplacer à vélo ». À nouveau, Renaud ne se dit pas exempt de toute critique : « Ma plume est un peu assassine/Pour ces gens que je n’aime pas trop/Par certains côtés j’imagine/Que j’fais aussi partie du lot ».

Vindicte contre les puissants

Dans Où c’est que j’ai mis mon flingue, Renaud met dans le même sac les engagés aux deux extrémités de l’échiquier politique : « J’vais pas m’laisser emboucaner/Par les fachos, par les gauchos/Tous ces pauv’ mecs endoctrinés/Qui foutent ma révolte au tombeau ». Ce couplet lui vaut la colère du Parti Communiste français, ce qui ne l’empêchera pas de chanter à la Fête de l’Humanité par la suite. 

Renaud a aussi signé plusieurs chansons très vindicatives contre le pouvoir politique en place à son époque. Il y a notamment Miss Maggie (tiré de l’album Mistral Gagnant), véritable pamphlet contre Margaret Thatcher, alors la Premier Ministre très conservatrice du gouvernement britannique. Il n’en oublie pas pour autant l’exécutif français. Dans Tonton (issu de Marchand de cailloux), il imagine François Mitterrand en « bonhomme austère », qui « a rêvé qu’un beau jour la gauche revenait ». Plus tard, il interpelle l’opinion publique et les responsables politiques sur le sort d’Ingrid Betancourt, alors retenue par les Farcs, dans la chanson Dans la jungle.

Renaud se moque aussi de certaines figures intellectuelles, comme le philosophe Bernard-Henri Lévy, qui devient L’Entarté pour le chanteur, dans une chanson parue en 2002 sur le disque Boucan d’enfer. Ami de Coluche, qui fut le parrain de sa fille Lolita, Renaud a comme lui tiré au vitriol le portrait de la France, depuis le début de sa carrière. Des plus petits aux puissants.

  

Source : RTL