Pas de relâche, lundi 24 octobre, au Théâtre du Rond-Point des Champs-Elysées, à Paris. Le directeur, Jean-Michel Ribes, et le personnel étaient aux petits soins pour assurer le succès d’une soirée improvisée en quelques semaines, en hommage à Ingrid Betancourt et aux otages détenus en Colombie.
Renaud a donné le la, en présentant une nouvelle chanson intitulée Dans la jungle. L’auteur n’est pas tendre pour les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui ont enlevé Ingrid Betancourt : « Trois années dans la jungle, ligotée, bâillonnée, entourée de ces dingues, ces doux illuminés qui t’ont fait prisonnière, otage précisément, de leur triste guerre, perdue depuis longtemps. Eux qui voulaient jadis la liberté, le droit, crachent sur la justice en s’en prenant à toi. »
« La soirée a été portée par l’élan de Renaud », expliquait Jean-Michel Ribes. C’est Renaud qui a entraîné une bonne partie des artistes présents sur scène : Julien Clerc, Bernard Lavilliers, Yves Duteil, Hugues Auffray, Yuri Buenaventura, Jeanne Cherhal, I Muvrini, Zouzou, Bénabar, Kent, Barbara Luna, Jean-Louis Aubert, Pierre Cucca, Romane Serda, Zazie, sans oublier Robert Hossein, Cristiana Reali, Gérard de Cortanze, Fred Vargas ou Fadela Amara, qui ont lu des textes.
Les proches d’Ingrid Betancourt étaient là. « Je trouve en France une solidarité qui me fait souvent défaut en Colombie », a dit sa mère, Yolanda Pulecio. « J’avais treize ans quand ma mère a été kidnappée », a rappelé son fils Lorenzo. « La campagne pour l’élection présidentielle commence bientôt en Colombie, a ajouté Mélanie, sa fille aînée. Il faut que la question des otages devienne un sujet d’actualité à l’échelle internationale. » La soeur d’Ingrid, Astrid Betancourt, a lu un message de Jacques Chirac.
Florence Aubenas, séquestrée en Irak, est venue témoigner. « C’est parce qu’on m’a attendue que je suis là », a-t-elle assuré. « Florence a bénéficié d’une forte médiatisation parce qu’elle est journaliste », soulignait Corinne Vallerent, présidente du comité Ingrid Betancourt d’Ile-de-France, cheville ouvrière de la soirée.
Dans la salle, les Verts de toutes les couleurs, Noël Mamère, Dominique Voynet et Yves Cochet, s’étaient rassemblés pour l’ex-candidate du parti Verde Oxigeno à la présidence de la Colombie. L’ancienne ministre Nicole Guedj était amusée de se voir confondue avec la maire adjointe de Paris, Anne Hidalgo, comme si droite et gauche devaient faire front. Cette belle unanimité a été brisée lorsqu’un ami de Marc Beltra, un Français disparu en Amazonie, a vertement critiqué le Quai d’Orsay. Avec une célérité inhabituelle, le ministre Philippe Douste-Blazy est monté sur scène pour défendre l’honneur des fonctionnaires des affaires étrangères et de la défense.
La chanson de Renaud épingle le dévoiement d’une guérilla d’extrême gauche contaminée par l’argent de la drogue : « Peut-être, comme moi, les croyais-tu, naguère, fils de Che Guevara et porteurs de lumière, mais leur lutte finale, leur matin du grand soir, c’est la haine et le mal, et surtout les dollars. »
Source : Le Monde