PAR JEF | | 0 COMMENTAIRES | ALBUMS, FRANCAIS
Le 3 avril 1975 paraissait le premier album du chanteur énervant.
Souvent présenté sous le titre Amoureux de Paname, du nom de la première chanson, l’album n’a pas de titre et mentionne juste « Renaud » sur la pochette. Le chanteur, âgé de 23 ans, vient de signer avec Jacqueline Herrenschmidt et François Bernheim chez Polydor, suite à ses concerts en première partie du spectacle de Coluche au Café de la Gare. Il n’est pas super emballé à l’idée d’enregistrer un disque, car à cette époque il espère encore devenir acteur (il joue quelques seconds rôles dans des téléfilms).
Avec son look de Titi parisien, mi-dandy mi-gavroche, il remet au goût du jour une chanson française à texte, avec gouaille et impertinence. Il est amusant de noter que celui qui revendiquera haut et fort voter vert dans les années suivantes, raille les écologistes sur ce premier titre.
Renaud aime les bon mots, les tournures alambiquées, les double sens, ou tout simplement l’humour potache comme dans La menthe à l’eau et surtout Rita. Un condensé en 40 secondes de ce qui deviendra une des marques de fabrique du chanteur, de la Pépette au Tango des élus, en passant par Mélusine, Adieu Minette, Le père Noël noir, Pourquoi d’abord ou encore Gérard Lambert, et bien d’autres.
Mais il sait aussi aborder des sujets plus graves comme les séparations liées au mur de Berlin dans Greta. Et la plume se fait encore plus virulente dans le triptyque Hexagone – Société tu m’auras pas – Camarade bourgeois. Cette dernière chanson donne l’occasion au chanteur de passer pour la première fois à la télé dans l’émission Midi Première de Danièle Gilbert :
Le texte le plus saignant, Monsieur Franco, est refusé par les producteurs qui la jugent trop engagée. Elle est remplacée par la bluette Petite fille des sombres rues.
Bizarrement, Hexagone et ses paroles acerbes qui comparent la France de Giscard au Chili de Pinochet, est maintenue sur l’album. En revanche, elle est interdite d’antenne sur France inter, surtout pendant la visite du pape en France. Personnellement, j’ai découvert ce brûlot sans concession par la version du Live à Bobino, avec son introductiondécalée pince-sans-rire :
Les paroles ont subi quelques modifications aux cours des tournées suivantes, pour coller à l’actualité, notamment avec l’abolition de la peine de mort en 1981. Mais Renaud a toujours gardé le sens original de la chanson, sans compromis, sans abdication. La page Wikipedia du morceau recense les évolutions du texte durant les 4 décennies pendant lesquelles il a été interprété
Le Live à Bobino est un des premiers enregistrements de Renaud que j’ai écouté, avec l’album Marche à l’ombre (► Ma chronique de l’album). Et c’est aussi par ce concert que j’ai découvert Société tu m’auras pas :
Si je me souviens surtout de ce morceau, c’est parce que pour des « Olympiades » lors d’une colonie à l’été 1981, chaque groupe devait écrire un hymne. Et le moniteur de l’équipe, forcément plus âgé que nous, avait proposé des paroles improvisées sur l’air de Société tu m’auras pas. Du haut de mes 10 ans, je découvrais le chanteur des grands frères, le révolté des lycéens, l’idole des « monos », le guide spirituel des ados, le meneur des jeunes…
Celui qui, après ce premier disque sorti il y a 45 ans aujourd’hui, allait rentrer dans sa période « loubard »…
Mais ça, c’est une autre histoire…
© Jean-François Convert – Avril 2020
Source : Textes Blog & Rock’N’Roll