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La Dépêche du Midi
Une place de village pavoisée, des guirlandes de lampions, un platane et un banc, un bistrot bien fourni, c’est le décor de Renaud qui revient tout couvert de gloire, voguer sur les vagues et des vagues interminables de fans toulousains. Déjà, dehors, la procession s’étirait jusqu’au parking. Une fois atteint le ventre du navire, l’œil a beau s’écarquiller, c’est la cata. Il n’y a pas un siège vide à l’horizon. Le parterre, c’est pire. Ça fait bien longtemps que le Zénith n’avait pas vu autant de têtes rangées en rang serrés, toutes tournées comme un seul homme vers la scène. Et même si après 101 concerts derrière lui, sa voix est un peu pourrie, comme il dit, on lui pardonne tout. Même ce léger crapaud que les blondes ou les brunes qu’il grille à la première occase pendant le spectacle, qui encombre sa voix. Ce que le public aime chez lui, c’est sûrement son authenticité et son côté anar, que, Dieu soit loué, il a retrouvé, intact. Si Renaud se présentait aux élections, il ferait surement un sacré score. Pour remporter tous les suffrages, il n’a qu’à paraître. Un Renaud presque tout neuf, tout mince et remonté comme une horloge. Comme lors d’un rendez-vous ancien, au Palais des sports où, l’œil sur ses biceps ornés de tatouages et ses yeux bleus, on découvrait ébahis, ce titi sentimental, tendre avec ses copains et féroce avec ses têtes de turc. Comme Renaud n’est pas du genre hypocrite, il apparaît à la fenêtre du petit bar, «chez Renaud» ou «chez Renard», au choix. C’est le premier clin d’œil que le public pige de suite et, déjà, il exulte. Renaud retrouve ses bases et célèbre l’amitié des «Poch’trons». Si t’es mon pote, tu me laisses pas boire tout seul…Et hop, le voilà qui part dans ses délires. Petit hommage à l’entarteur et petit costume taillé vite fait à son philosophe médiatique préféré: BHL qui devient vite BHV. Il a rencontré le sujet de son admiration en coulisse et lui a demandé quelles étaient ses prochaines cibles. C’est un scoop. Vous le saurez avant tout le monde, après les 16.000 toulousains qui seront venus l’écouter au Zénith. La prochaine cible de l’entarteur, à l’occasion d’une visite en France, ce sera Georges Bush. C’est dit. L’autre tête de turc du blondinet à la voix qui dérape, c’est Jean Pierre. « Un prénom à Ch…» Entre temps, il a tombé la veste. Rassuré. Les biceps ont fondu, mais le tatouage bleu, comme les yeux est toujours là.
Complicité
Il s’amuse à faire marcher le public. «C’est mon dernier concert» leur déclare Mister Renard. «Après 28 ans de carrière, je vais faire autre chose: prof à Star’Ac…» En attendant, Mister Renaud chante ses chouchoutes. «En cloque» où fraise rime avec balèze, «laisse béton», «Germaine», «mon nain de jardin»… On passe avec bonheur de la valse musette au rock, de la balade à la baloche. Comme au bon vieux temps, il nous reparle de Mitterrand, ou plutôt de son chien: Baltique qu’a pas pu rentrer dans l’église avec les officiels pour dire au revoir à son maître. Et de poursuivre: « Dieu reconnaîtra les chiens»… «Ça va? Vous vous endormez pas, hein?» Hurlements, encouragements pour pousser la voix qui rame, magnifique chœur sur toutes les chansons, même sur Manhattan-Kaboul. Axelle Red n’a qu’à aller se rhabiller. Il ressort «Mme Thatcher» de derrière les fagots et ça marche toujours aussi bien. Il épingle le Paris Dakar, ce safari colonial plein de Co…sur la ligne de départ et taille un autre costard à l’armée, bien qu’il se déclare content de voir qu’elle reste dans ses foyers, plutôt que d’aller guerroyer en Irak. Ça va. Mister Renard s’intéresse à nouveau à la marche de la planète, après être descendu du train en marche le temps de quelques gares… Renaud, faux blond, «parce qu’il le vaut bien», est monté sur l’estrade à côté du bassiste et du batteur. Il a raison. C’est à cette hauteur là que le public le situe. Tout en haut de l’échelle des gens pleins de qualités et pleins de défauts. Quelqu’un comme tout le monde, qui du haut de sa tribune, dit la vérité même si elle ne le montre pas sous son meilleur jour… C’est sous cette lumière là qu’on le préfère.
Annie HENNEQUIN.
Ce soir, au Zénith, à 20 h 30.
Sources : La Dépêche et le HLM des Fans de Renaud