Ce 12 avril, à 22h40, TMC revient sur la carrière de Renaud dont c’est le retour au travers de son dernier album. L’occasion d’évoquer un aspect dont le chanteur, pudique, ne parle guère : le rapport à son père.
En 1985, Renaud a tout juste 33 ans. Mais quand on est, comme l’auteur-interprète, de nature nostalgique, il n’y a pas d’âge pour se retourner sur son passé. En l’occurrence, l’enfance de l’artiste pleine de « bonbecs » et de tendres mélodies, qu’il va coucher sur le titre Mistral gagnant. Une chanson qu’il trouve impudique, mais que sa femme de l’époque, Dominique, l’intime à enregistrer. Aujourd’hui encore, si Mistral gagnant devance les plus grandes œuvres musicales de Brel, Barbara, Brassens ou Aznavour dans le cœur des Français, c’est parce qu’elle est terriblement évocatrice. Et qu’elle porte en elle un déchirement intime.
Prix littéraires
« Mon enfance s’est écoulée, douce comme le miel et j’en garde un souvenir ému, a souvent dit l’artiste. On était six enfants à la maison. Il y avait une bonne ambiance, beaucoup d’amour et de fraternité. » Dans « Télérama », paru ce 16 mars, il avoue même que ses parents l’« ont pourri d’amour. » Si Renaud a un frère jumeau, David, il a aussi un pilier : son père, Olivier Séchan. Né en 1911, issu d’un milieu littéraire et intellectuel, ce dernier est professeur d’allemand. Mais il est surtout romancier. « Il a reçu plusieurs prix, dont celui des Deux Magots [pour Les corps ont soif, en 1942, ndlr], et celui du roman d’aventure, précise son fils chanteur. Après guerre, il s’est lancé dans le polar, d’abord sous un pseudonyme américain, Laurence T. Ford. Puis il est entré chez Hachette, pour qui il a signé des livres pour enfants […] Quand j’étais môme et que je partais à l’école, je le voyais assis devant sa machine à écrire. Je me disais : « Quel beau métier : pas de patron, pas d’horaire, travailler à la maison… »
La blessure de la guerre
Son père, ce héros, lui occasionne aussi quelques soucis. Pour avoir travaillé, pendant la guerre, pour Radio Paris, traduisant des dépêches venues d’Allemagne, Olivier Séchan a été jugé à la Libération. « Plusieurs fois, quand j’étais ado, on m’a traité de fils de collabo. C’est une blessure, évidemment », reconnait Renaud. Reste que cet « obscur » traducteur n’était pas un « collaborateur » au sens où on l’entend, et qu’il a été acquitté. Ne cherchait-il pas avant tout à « faire bouillir » la marmite ? Après guerre, il voudra le bonheur des siens. Avec son épouse, Solange, il ne tentera pas de décourager la vocation artistique de son fils et restera, toujours, fier de son parcours. C’est ce père, vénéré, que Renaud va pleurer à sa disparition, en 2006. Et c’est de cette enfance, belle et idéalisée, que le chanteur bien-aimé ne s’est jamais remis, inconsolable à jamais de son « paradis perdu ».
Source : Télé Star