RENAUD – Tournee D’enfer (2003)

Nightfall

FORCES PARALLÈLES
CHRONIQUES ÉLECTRIQUES

 Par MARCO STIVELL le 1er août 2018


Mars 2003 a été une période particulière dans ma vie. Le 07 reste la date de mon deuxième – et dernier – concert de RENAUD, après le 22 juillet 2000 (tournée Une Guitare, un Piano et…) aux étangs de Saint-Martin-de-Crau (13, Bouches-du-Rhône). Là, on était au Zénith de Montpellier, bien couverts et sans moustiques attirés par l’œil imbibé de notre idole. On, c’était mon cousin, sa copine de l’époque et moi. À la sortie, on a même mangé dans un dîner où ils ont passé le premier album de Mike & the Mechanics que je ne connaissais même pas encore ! De beaux souvenirs avant un événement beaucoup plus sombre à la fin du mois.

De bonne mémoire, il y a la cohue devant le Zénith, le décor de place de village/ambiance guinguette posé sur scène, les musiciens qui arrivent, y compris Alain Lanty et Jean-Pierre « Titi » Bucolo, héros de la tournée (i]Une Guitare, un Piano et… et enfin RENAUD, bien remis en selle par le succès phénoménal (sans précédent) de son dernier album, Boucan d’Enfer. La prestation studio et les passages télé laissaient augurer de nombreuses craintes, au niveau de la voix et des tremblements.

Pourtant, RENAUD fait le show, modestement certes, mais il est là, debout, contrairement à la tournée précédente. Il sourit, il blague un peu. Spéciale dédicace à tous les Jean-Pierre, ‘prénom de connard’ alors très à la mode : Jean-Pierre Pernaud, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Pierre Chirac. Sauf Titi bien sûr ! Ce n’est pas présenté sur le CD bien sûr, la plupart des interventions sont coupées.

Concernant le chant, non seulement ç’aurait pu être pire, mais l’impact sur les nouvelles chansons est forcément réduit puisqu’elles sont nées ainsi. Du coup, le fait que RENAUD traîne sur « Docteur Renaud Mister Renard », le morceau de la renaissance, forcément placé au début de concert, ça n’a rien de si choquant, contrairement à « Morgane de toi » où, là, ça peut faire bien mal. C’est dans ce type de moments que l’arrangement musical fait en sorte de ‘l’aider’, et les guitares slide (glissements sur les cordes) de Bucolo, ça reste à double tranchant. En revanche, sur « La mère à Titi », RENAUD trouve peut-être plus de confort qu’avant dans les graves, chose qui passe moins avec « En cloque », tant sa voix sonne âpre. C’est donc très variable, mais encore acceptable.

La set-list de ce concert enregistré au Zénith Arena de Lille occulte certains passages prévus ailleurs sur la tournée (« Petit pédé »), la tournée écarte « Elle a vu le loup » qui était jouée en avant-première trois ans plus tôt. RENAUD et son groupe de non-Parisiens (mis à part lui, Titi et Michaël Ohayon, il y a un Belge, un Breton, un Provençal, un Corse et un Berrichon) font plus ou moins vibrer la corde sensible à travers des versions fidèles aux chansons récentes et d’autres bien sympathiques dédiées aux classiques.

« Baltique » et « Cœur perdu » sont magnifiques, mais elles démontrent combien le pourtant nommé Boucan d’Enfer paraît discret en résonance sur le long terme, à côté de « Pochtron » (toujours génial, chœurs moins forts mais accordéon mieux présent), de « Laisse béton » brillamment interprété en entier s’il vous plaît et même plus que ça (« Les musiciens, ils cherchent une chute rigolote, mais ils trouvent pas ! »), de « Marchand de cailloux » qui voit Philippe Draï s’improviser joueur de whistle irlandais (cette intro lancée par le synthé de Tintin Berger reste mon souvenir musical le plus marquant du concert).

À la faveur du dernier album, il y a « Mon nain de jardin » qui apporte une belle énergie et permet au public de chanter plus fort (de même que « Manhattan-Kaboul », bien sûr), ainsi qu’un arrangement plus réussi de « Mon bistrot préféré », sans les lourdeurs des cuivres mais avec la trompette de Tintin et la clarinette de Micault. Il y a quelques défauts d’arrangements. Sur « La pêche à la ligne », le son clair et ample de la guitare rythmique manque, de même que le lyrisme du solo. Quoique j’adore Tintin Berger, le faux violon de « Marchand de cailloux » sonne un brin sec, comme le clavier du début de « 500 connards… ».

Au rang des belles idées, Grimaldi se démarque particulièrement sur ce titre, ainsi que sur « Docteur Renaud… ». Micault cite « Marie » de Johnny HALLYDAY à la fin du merveilleux « Manu », l’orgue-jouet de « La mère à Titi » est vachement sympa. Lanty est impérial sur les titres pêchus comme « Mon nain de jardin », et son solo funky sur « Dans mon HLM » supplante quasiment celui de Titi Bucolo qui donne le mot de la fin ! « Déserteur » est assez grandiose, « It Is Not Because You Are » aussi dans un degré différent, et RENAUD y est parfaitement à l’aise. « Morts les enfants » toujours magnifique sans égaler l’originale, « Marche à l’ombre » contient une des meilleurs prestations d’Ohayon, ici au banjo.

Il ne manque pas grand-chose pour atteindre le niveau d’un très bon live, déjà haut en couleurs qui plus est ! Comme les lampes de village.


LINE-UP

– Renaud (chant, guitare acoustique)
– Jean-Pierre ‘titi’ Bucolo (guitares électriques, slide)
– Alain Lanty (piano)
– Michaël Ohayon (guitares, mandoline, banjo, chœurs)
– Philippe Draï (batterie, percussions, tin whistle)
– Dominique Grimaldi (basse)
– Jean-François ‘tintin’ Berger (claviers, trompette)
– Gwenaël Micault (accordéon, clarinette)


TRACK LIST

1. Docteur Renaud, Mister Renard
2. Pochtron !
3. En Cloque
4. La Pêche à La Ligne
5. Cœur Perdu
6. Mon Nain De Jardin
7. Laisse Béton
8. Germaine
9. La Mère à Titi
10. Baltique
11. 500 Connards Sur La Ligne De Départ
12. Déserteur

1. Manhattan-Kaboul
2. Morts Les Enfants
3. It Is Not Because You Are
4. Morgane De Toi
5. Marche à L’ombre
6. Manu
7. Mon Bistrot Préféré
8. Marchand De Cailloux
9. Dès Que Le Vent Soufflera
10. Mistral Gagnant
11. Dans Mon Hlm

   

Source : Nightfall