RENAUD – Tournee Rouge Sang (2007)

Nightfall

FORCES PARALLÈLES
CHRONIQUES ÉLECTRIQUES

 Par MARCO STIVELL le 9 septembre 2018


RENAUD à l’époque de Rouge Sang(fi], c’est le moment intermédiaire avant la vraie guérison, celle qu’on attendait tous. On était même prêt à accepter la qualité bien moyenne (impression sur le long terme, après la joie liée à la sortie) de ce double album où quelques pépites, souvent ‘lentes’, se mélangent avec des titres dynamiques fades et de l’engagement ou de la gouaille plus souvent lourdingue qu’autre chose. À l’époque, RENAUD nage dans le bonheur en compagnie de Romane Serda qui vient de mettre Malone au monde. Bref, il va bien, il est sur la bonne voie, rien ne laisse prévoir un nouvel épisode difficile ni que le retour à des albums excellents ne se fera pas.

Cette (i]Tournée Rouge Sang reprend l’idée de Paris-Provinces, sans en avoir réellement la couleur. Une partie est enregistrée au Palais Omnisports de Bercy (par Dominique Blanc-Francard qui mixe également le tout, s’il vous plaît !) alors que le reste, mis à part une date en Auvergne, vient surtout des Hauts-de-F… pardon, de la région Nord-Pas-de-Calais (Lille et Dunkerque).

L’effet de surprise joue moins dans cette période post-Boucan d’Enfer, l’indulgence aussi sans doute. Il n’en reste pas moins que le spectacle est sympa (lumières de Jacques Rouveyrollis, le vieux collaborateur de Johnny Hallyday). Outre quelques classiques, RENAUD a retenu certains extraits parmi les meilleurs de Rouge Sang, mais il en a aussi oublié, comme « RS & RS », « À la téloche » qui seraient beaucoup mieux passés que « Elle est facho ! » ou « Ma blonde », partis de bonnes idées, pour peu qu’on soit en accord avec la politique selon RENAUD dans le cas de la première, mais qui figurent dans le registre lourdingue susmentionné – on a soigneusement évité « Filles de joie » -.

Et puis la question qui fâche : la voix de RENAUD. Elle est déjà meilleure que sur Tournée d’Enfer, mais tellement au-dessus de ce qu’on entendra plus tard. Le chanteur fait un effort particulièrement notable pour « La Ballade nord-irlandaise », couacs intégrés, mais ça fait chaud au cœur. En revanche, il faut soupçonner que Melodyne ou autre méfait du genre est employé, au début en tout cas, puisque dans les premières chansons, en tendant bien l’oreille, on entend d’autres couacs de fins de mots ou de phrases qui ne peuvent être liés au timbre rauque et sauts aléatoires du Renard.

Néanmoins, le plaisir ne s’en trouve pas gâché. Le groupe est le même que lors de la tournée précédente sauf qu’à la place de Gwenaël Micault (l’accordéon est joué par Jean-François ‘Tintin’ Berger), on a le grand Sir Geoffrey Richardson, l’ancien membre de CARAVAN et tant d’autres belles choses, participant à l’album Marchand de cailloux (1991), le meilleur de RENAUD à mon goût. Et puis aussi, les uilleann pipes du non-moins ‘celtique maestro’ Ronan Le Bars mais… pour un morceau seulement : « Malone » qui ouvre le concert. Etrange de ne pas lui avoir trouvé d’autre place. Enfin si, il revient mais tout à la fin, pour « Dès que le vent soufflera ». Ce dernier et « Hexagone », quoique brillants, ont un ton rythmique légèrement trop pop-folk française des années 2000, mais bon.

« Elsa », plus belle chanson de Rouge sang(fi], est enrichie par l’alto de Richardson, merveilleux. Excellente idée d’Ohayon de placer une 12 cordes électrique sur « Manhattan-Kaboul », pour Tintin Berger d’ajouter une fine couche de cordes sur le second couplet de « La pêche à la ligne », pour Dominique Grimaldi de faire tonner le début de « Leonard’s song », d’avoir relégué « Les bobos » à une position désavantageuse mais qui ne la rend pas moins efficace. Dommage en revanche pour l’absence de « Marche à l’ombre », l’entrée de la rythmique trop prématurée sur « En cloque » au deuxième couplet, les libertés que prend RENAUD sur la mélodie de « Mistral gagnant ».

Et puis en parlant de lui, il y a le moment privilégié appelé « Medley Banlieue » où, à l’instar du pot-pourri de 1995, il reste seul avec sa guitare pour chanter des bouts de chansons au public. Si tous les sketches qu’il propose ailleurs ne donnent même pas forcément le sourire, là il nous régale : la rime politiquement modifiée de « Je suis une bande de jeunes », quand je croise la bande à Sarko… c’est vrai qu’avec Le Pen ils sont deux ; et à la fin de « Deuxième génération », quand il parle d’accords tchécoslovaques à propos des « Aventures de Gérard Lambert », pas jouée hélas. Et bien sûr, toutes ces chansons mises à la suite, tout comme auparavant le « Medley Lolita », avec des raretés telles « Baby-Sitting Blues » où le chanteur est plus décalé qu’énervé, « Il pleut ».

C’est un bien bon concert au final. Ne serait-ce la qualité résolument médiocre de plusieurs chansons du dernier album, sur le CD 1 surtout, ça serait un très bon live.


LINE-UP

– Renaud (chant, guitare, harmonica)
– Alain Lanty (piano)
– Jean-Pierre ‘titi’ Bucolo (guitares, direction musicale)
– Michaël Ohayon (guitares, mandoline)
– Dominique Grimaldi (basse)
– Philippe Draï (batterie)
– Jean-François ‘tintin’ Berger (claviers, accordéon, flûtes)
– Sir Geoffrey Richardson (violon, alto, flûtes, mandoline)
– Ronan Le Bars (uilleann pipes, low whistle)


TRACK LIST

1. Malone
2. Marchand De Cailloux
3. 500 Connards Sur La Ligne De Départ
4. Docteur Renaud, Mister Renard
5. La Ballade Nord-Irlandaise
6. Arrêter La Clope !
7. Elle Est Facho !
8. Elsa
9. Dans La Jungle
10. Manhattan-Kaboul
11. La Pêche à La Ligne
12. Morts Les Enfants
13. Leonard’s Song
14. La Médaille
15. Les Cinq Sens
16. Ma Blonde
17. Chanson Pour Pierrot
18. En Cloque

1. Morgane De Toi
2. Mistral Gagnant
3. Baby Sitting Blues
4. Il Pleut
5. C’est Quand Qu’on Va Où ?
6. Mon Amoureux
7. Elle A Vu Le Loup
8. Adieu L’enfance
9. Baltique
10. Les Bobos
11. Je Suis Une Bande De Jeunes
12. Laisse Béton
13. La Bande à Lucien
14. Ma Gonzesse
15. Les Charognards
16. La Blanche
17. Baston !
18. La Tire à Dédé
19. Deuxième Génération
20. Dans Mon Hlm
21. Manu
22. Hexagone
23. Son Bleu
24. Dès Que Le Vent Soufflera
25. Rouge Sang

   

Source : Nightfall