Renaud, tout en humour

Le Journal de Québec

Vendredi 20 janvier 1989

Serge DROUIN

Moche au possible lorsqu’il accorde des entrevues aux médias, Renaud s’avère un bonhomme des plus sympathiques et une véritable bête de scène en spectacle. Hier, au Grand Théâtre de Québec, près de 1 800 personnes sont tombées sous le charme du «bum» de la chanson française, qui présentait son tout nouveau spectacle, «Visage pâle attaque Québec».

Renaud sait conquérir un public. Moche en entrevue, il s’amuse beaucoup avec ceux et celles qui viennent le voir.
(Photo Daniel Mallard)

Contrairement à ses compatriotes français, le chanteur parle énormément à son public en spectacle. Il établit ainsi une grande complicité et ce dès le début de la soirée. Habituellement, les cousins français débitent chansons après chansons sans plus. Avec Renaud, c’est tout en humour que ça se passe. Et quand on connaît l’humour sarcastique du chanteur, la soirée se passe agréablement.

Bien branché sur l’actualité québécoise, Renaud écorche au passage plusieurs de nos personnalités. Les Mitsou, Michel Louvain, Jean-Paul Belleau passent tous à la caisse. Il n’épargne pas non plus ses compatriotes. Ainsi, il nous supplie de garder Herbert Léonard la prochaine fois qu’il se présentera chez nous. Pour ceux que cela pourrait intéresser, Léonard sera au Québec la semaine prochaine.

Toutefois, l’humour le plus mordant de la soirée vient sans doute au moment où le chanteur traite de langue française. Ardent défenseur de la langue de chez nous, Renaud, avec la complicité de ses choristes, fait un énorme clin d’œil à la loi 101 et son rejeton la loi 178. Tout de go, il introduit «Miss Maggy», la «seule et unique grosse maudite anglaise de la planète». La salle croule de rire.

Bien appuyé par d’excellents musiciens, Renaud ne laisse personne indifférent. Il crie moins qu’avant mais fait au­tant rire. Il est une fois de plus au Grand Théâtre, ce soir, et il reste quelques places. A voir absolument.

  

Source : Le Journal de Québec