Accueil | Grand Sud | Vie locale | Gers
Publié le 20
La Dépêche du Midi
On n’en voudra pas trop à Renaud de n’avoir pas voulu nous causer, avant ou après son é-nor-me concert d’hier soir à Auch. Venant d’un artiste comme lui, ce silence est tout aussi respectable-et finalement préférable-que d’entendre les confessions officielles mille fois rabâchées du chanteur meurtri, logiquement revenu au premier plan de la chanson française. Mais Renaud a bien sûr chanté, comme prévu, fidèle au rendez-vous de 3.000 fans venus du Gers et d’ailleurs. Avant-hier à Albi, hier soir à Auch et demain à Rodez: on n’arrête plus l’actuel numéro 1 de la variété française, qui, c’est évident, retrouve sur scène le plaisir que la vie lui avait tout doucement kidnappé.
Alors, en connaissance de cause, on frissonne à l’idée de voir débouler dans le halo de lumière l’icône vivante des révoltés d’autrefois, ceux des années 80, qui avaient pour dieux Daniel Balavoine, Coluche, Gainsbourg, Mitterrand et puis… Renaud! Un quart de siècle s’est presque écoulé, la banlieue est toujours rouge et les beaufs ne marchent toujours pas à l’ombre… Renaud, lui, avance désormais sans regarder derrière lui, mais il regarde bien autour de lui, « très loin des Stars Académiques / et des Pop Stars de médeu / qui sont un peu à la musique / ce que le Diable est au Bon Dieu », chante-t-il dans « Je vis caché ».
Ce sera pourtant sans dissimulation aucune que l’artiste entamera son tour de chant d’hier soir, sortant le sourire en coin du bar « Chez Renard », avec la chanson-symbole de son dernier album « Docteur Renaud, Mister Renard ». Voix limite mais tellement authentique, doublée d’un jeu de scène sans surprise, au milieu d’un décor populaire adoré: face au bar, la mairie-école d’un village imaginaire vivant sous les feux d’un 14-juillet, avec en fond un drôle d’hôtel 4 étoiles, « dont 3 filantes… » comme il est écrit en toutes lettres!
« ET UN, ET DEUX, ET TROIS ZERO!»
Bonjour sympa, presque sur l’épaule, au public auscitain et confession du repos éternel du grand-père paternel de Renaud enterré à… Auch! A moins que le chanteur, plus bavard qu’avare, ne se perde en aveux improbables, qui au moins maintiennent le fil d’une ambiance chaude, mais pas non plus brûlante. Alors, la vedette rappelle le « 1 et 2 et 3-0 » acquis le week-end dernier au Zénith de Paris lors des Victoires de la Musique. « Bah oui, ça fait plaisir, c’est normal, après ma galère… », lâche Renaud.
Dans un Hall du Mouzon surchauffé d’émotion, les fans-souvent la quarantaine rugissante-applaudissent avec respect le miraculé de la chanson française. Qui fait passer le premier grand frisson de la soirée en reprenant le tendre « En cloque », puis l’initiatique « Pêche à la ligne », tantôt accompagné au bandonéon par Gwenaël Micault, tantôt au piano par Alain Lanty. Emotion encore avec l’intimisme textuel et musical sur « Cœur perdu », « Baltique » ou encore « Mal barrés ». Et si l’œil de Renaud reste rebelle, il se fait aussi souvent brillant…
Heureusement le rock n’roll ou les notes plus joyeuses emportent tout et le public s’éclatera franchement sur les vieux pinceaux de « Laisse Béton » ou de la festive « Germaine ». Et ce bonheur perdurera jusqu’au terme d’un concert que l’on avait bien fait d’annoncer comme sans doute l’événement musical populaire de l’année dans le Gers. Hier soir, Renaud a tout simplement fait passer le frisson, et cela les 3.000 spectateurs du Mouzon ne sont pas prêts de l’oublier!
Xavier HURTEVENT.
PUBLIC
Valérie, 30 ans: « fan depuis mes 12 ans »
« J’ai découvert Renaud quand j’avais 11-12 ans, grâce à une amie, mais c’est la première fois que je vais à un de ses concerts je suis venue avec une bande d’une dizaine de copains. J’apprécie son côté engagé, même si les médias ont fait de lui une institution, mais je ne crois pas qu’il l’ait cherché, on ne peut pas échapper au show-business quand on vend autant de disques. J’ai acheté le dernier album dès la semaine de sa sortie, je le trouve très chouette. Mais les albums que je préfère, ce sont Mistral Gagnant et Hexagone ».
(Elle commence à fredonner « Société, tu m’auras pas », et sa copine Myriam la bouscule: « Et t’oublies le double à Bobigny! » « Ah ouais! »)
Claude, 43 ans: « ça nous change des Loana et des Star’Ac »
« Je ne suis pas franchement du genre groupie, mais c’est quelqu’un que j’apprécie. Je l’avais vu pour la première il y a 25 ans, dans une toute petite salle, à Creil ». Sa femme le coupe, hilare: « Ça nous rappelle nos 17 ans! ». « Il a eu un parcours avec des hauts et des bas, mais ça reste un personnage. Et puis ça nous change agréablement des Loana et autres Star’Ac, il a quand même un côté plus authentique! Et je trouve formidable qu’il se produise ici: rien que ça, ça mérite le respect, c’est un vrai événement. Je n’ai pas acheté le dernier album, mais pour un peu je serais venu rien que pour dire ma reconnaissance aux organisateurs! »
Source : La Dépêche