Le 25 janvier 2003
Par Bertrand Dicale
Depuis la longue tournée-thérapie « Une guitare, un piano et Renaud » (202 concerts d’octobre 1999 à mars 2001), dont l’objet semblait être de montrer l’agonie d’une voix et d’un chanteur, il y a eu l’album Boucan d’enfer, énorme surprise de l’année 2002. Après le choc artistique (de bonnes chansons), humain (santé, sobriété) et commercial (meilleure vente de l’année), il restait à savoir si Renaud reconquerrait la scène. Car même ressuscité, racheté, rédimé par le disque et une « promo » d’une troublante sincérité, il lui restait à effacer le souvenir de quelques années de concerts boiteux, complaisants, mal maîtrisés. Qu’on se rassure : c’est fait, Renaud est tout à fait revenu.
Certes, la voix graillonne un peu, les aigus sont rabotés et les graves tout « barbus », mais Renaud a retrouvé la solidité foncière de son chant, une expressivité entière, une gouaille presque neuve. Ainsi en confiance, il peut sans peine assumer le mélange d’intimité et d’opulence du décor : une place de village, un soir de bal populaire, avec café-tabac, mairie-école, fontaine, hôtel, banc public et estrade pour l’orchestre… Ce dernier est bien confortable, avec sept musiciens dont Jean-Pierre Bucolo à la guitare, Alain Lanty au piano et Gwenaël Micault à l’accordéon, très cohérents dans la construction d’un son riche et familier, toujours éloquent mais jamais envahissant.
Blondeur éclatante, veste rouge, tee-shirt noir éclairé par la larme d’or de sa croix huguenote, Renaud retrouve une autre efficacité que l’abandon heurté de sa tournée précédente. Bien sûr, il revient entre les chansons sur ses déboires récents (désamour et glouglou) et sur sa renaissance (santé, sobriété, toujours), mais s’attarde aussi à quelques digressions bien venues. Le répertoire est impeccablement équilibré, l’essentiel du nouvel album réparti tout au long du concert, qui s’ouvre évidemment avec Docteur Renaud, Mister Renard, nouvelle oriflamme de l’ancien « chanteur énervant ». Et on constate vite à quel point Boucan d’enfer a touché le public, comme avec le refrain de Mon nain de jardin qui, à peine diffusé à la radio, est déjà connu par cœur .
Les deux heures de concert sont d’ailleurs massivement une communion à un répertoire très connu et très aimé. Ainsi, une bonne partie du public chante en chœur refrains et couplets de Marche à l’ombre qui, pour avoir plus de vingt ans, n’en est pas moins une chanson vraiment véloce. Renaud a sélectionné dans ses seize albums une grosse vingtaine de chansons à la fois très personnelles et aisément partageables, tant par la virulence de leur insolence (500 Connards sur la ligne de départ, Déserteur, Miss Maggie) que par leurs qualités de chansons populaires (Germaine, Manu, Dès que le vent soufflera). Cela donne un spectacle d’une fervente efficacité, sans détours ni baisses de régime, réjouissant non seulement pour le plaisir qu’on y prend, mais aussi pour la bonne nouvelle du retour de Renaud.
Ce soir à Caen, du 28 janvier au 1er février à Paris (Zénith), le 4 à Charleville-Mézières, le 5 à Strasbourg, le 6 à Mulhouse, le 7 à Metz, le 8 à Nancy, le 11 à Valence, le 12 à Grenoble, le 13 à Bourg-en-Bresse… Egalement à Paris (Zénith) du 25 au 28 mars.
Source : HLM des Fans de Renaud