Retour gagnant pour Renaud, sur scène à Avignon

Le Figaro

Renaud, ci-contre lors de la cérémonie du Prix Spécial de la Sacem, en décembre 2018, s’est produit sur scène à Avignon, le 24 janvier 2023, après plusieurs années de pause.
Thomas SAMSON, AFP

Le chanteur de 70 ans a renoué avec son public après près de six ans d’absence. Malgré leurs inquiétudes sur l’état de sa voix, ses fans ont salué la performance du vieux rockeur.

Il sort enfin de l’ombre et retrouve la scène. Près de six ans après son dernier concert, Renaud a prouvé mardi soir à Avignon que la scène était encore «dans ses cordes», avec la première date d’une tournée «en toute intimité» qui en comptera une quarantaine jusqu’en juillet, dont plusieurs à Paris.

«J’ai plus d’amour, plus d’plaisir, plus de haine, plus d’désirs, plus rien», attaque le chanteur de 70 ans, marinière rouge, veste noire et santiags marron, sous les acclamations de joie d’une salle comble. Une heure et demie durant, le chanteur populaire, qui n’avait pas retrouvé la scène depuis 2017, a fait entendre quelques-uns de ses plus grands classiques, de Morgane de toi à Dès que le vent soufflera en passant par l’incontournable Mistral gagnant ou encore En cloque. Des chansons d’amour pour beaucoup, d’autres plus politiques mais qui restent intemporelles.

«Vous préférez les vieilles, toujours», lance-t-il, petit sourire timide aux lèvres, après avoir entonné C’est quand qu’on va où? devant les 600 spectateurs qui lui font face dans cet ancien cinéma historique du centre-ville d’Avignon, réhabilité depuis juillet en salle de spectacle. Accompagné au piano de son ami Alain Lanty, d’un accordéoniste ainsi que d’un ensemble d’instruments à cordes joués uniquement par des femmes, Renaud a ravi ses fans en replongeant dans un répertoire rarement joué en live ces dernières années, à l’instar d’Adieu Minette, une chanson tirée de son deuxième album, Laisse béton (1977), ou encore de Son bleu, qui date de 1994.

Aujourd’hui, il est un peu cassé mais il parle toujours juste et il bande encore.

Christian Jacques, fan de Renaud

«Je suis ému. Je l’ai vu il y a vingt ans à Grenoble. Il chantait juste dans la tonalité, le rythme, les paroles. Aujourd’hui, il est un peu cassé mais il parle toujours juste et il bande encore», commente Christian Jacques, 64 ans, qui a fait le déplacement depuis Uzès, dans le Gard. «C’est un spectacle plus intimiste, vraiment différent de ce qu’on a vu avant», estime pour sa part, Manon Prigent, 32 ans, venue spécialement de Brest. «Il a interprété des chansons qui sont rarement entendues, on sent qu’il veut se faire plaisir», poursuit-elle, en citant Tant qu’il y aura des ombres ou encore Dans ton sac, tirés de l’album Marchand de cailloux (1991).

Le roc épatant

Dans une élégante et sobre scénographie faisant la part belle aux jeux de lumière -signée Jérémie Lippmann– le chanteur a livré un spectacle tout en nostalgie, porté par un public bienveillant d’où fusaient régulièrement des «Renaud, on t’aime» ou bien «c’est pas grave», quand il semblait s’excuser d’un timbre de voix parfois chancelant. «Renaud, on l’aime avant tout pour ses textes», balaye Emilie Joulain, 40 ans, ravie que ses deux enfants de 8 et 10 ans aient pu découvrir le chanteur sur scène. «On s’est tous regardés au début du concert, rassurés parce qu’on a tous été épatés par sa voix, c’était mieux que lors de sa dernière tournée», estime pour sa part Kévin Nabet, 32 ans, un inconditionnel de Renaud descendu de Paris.

Depuis le premier rang, «on le voyait de très près. Il ne pouvait pas se cacher, c’était incroyable», ajoute le jeune homme, qui ne pensait pas revoir son idole sur scène. Après la sortie en mai de Métèque, album de reprises où il revisite des standards d’Yves Montand, Georges Moustaki, Higelin ou encore Jean Ferrat, Renaud avait en effet exclu de repartir en tournée, disant sur RTL avoir «trop galéré» avec sa voix «enrouée» et «rocailleuse» sur sa précédente tournée de 2016, «Phénix Tour».

Ce que nous avons vu ce soir, «ça promet une belle tournée, on n’avait pas envie de partir», poursuit Kévin, qui a déjà prévu de voir les six concerts du chanteur programmés à Paris en mai. «Mais j’suis comme le platane, Un peu d’pluie, j’suis en vie, ça m’suffit, J’suis bien», conclut le premier couplet de Cent ans, qui a ouvert le concert. «Je pense qu’il aimerait bien un jour avoir 100 ans», analyse Manon.

  

Source : Le Figaro