Richard Desjardins et une trâlée de québécismes passent au Larousse

Le Devoir

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Caroline Montpetit
Publié le 22 juil. 2005

Culture

Richard Desjardins a fait son entrée dans le Petit Larousse 2006. Le chanteur-auteur-compositeur y figure aux côtés de 45 autres nouveaux venus au royaume des noms propres, dont la chanteuse Madonna, le chanteur Renaud, le prince de Monaco Albert II, l’écrivain américain Jim Harrisson et les écrivains français Daniel Pennac et Pascal Quignard.

Le Larousse a aussi ajouté une trâlée de québécismes à son édition. Et notez bien que, comme nous l’apprend ce même dictionnaire, trâlée vient de l’ancien français troller, pour vagabonder, et est utilisé au Québec, aux Antilles et en Suisse.

Se sont donc, entre autres, ajoutés au panthéon laroussien les québécismes bar, comme dans bar laitier, beurre, comme dans beurre d’érable, calotte, pour casquette, hivernement, pour le fait d’hiverner, jambette, pour croc-en-jambe, outarde, pour bernache du Canada, et plaignard, pour geignard. On a aussi ajouté, en provenance du Québec, le rouli-roulant, le ravage des animaux sauvages et la tente-roulotte.

Il faut dire aussi que cette nouvelle édition fait une place particulière à la francophonie dans le monde, avec un cahier spécial qui lui est dédié. On y décline les grandes dates des sommets de la francophonie ainsi que les organisations qui la soutiennent, depuis que le géographe Onésime Reclus a utilisé le mot «francophonie» pour la première fois, à propos des colonies françaises, en 1880.

Comme c’est devenu une tradition chez Larousse, des illustrateurs ont choisi des mots singuliers de la francophonie pour créer une illustration de leur cru. André Philippe Côté, le créateur québécois du Docteur Smog, y a donc illustré les mots québécois croche et dépanneur, ainsi que tricoler, qui en acadien veut dire tituber. L’illustrateur belge François Schuiten a choisi les mots belges bel-étage, pour désigner un rez-de-chaussée surélevé, et rejointoyeur, c’est-à-dire un professionnel qui recouvre ou refait avec un mortier les joints de maçonnerie. D’autres dessinateurs ont illustré des mots des régions de France comme le festnoz, une fête nocturne illustrée par Pétillon; de Louisiane, comme le bayou vu par Moebius; d’Afrique, comme l’arbre à palabres, cet arbre sous lequel se réunissent les anciens vu par Alagbé; des Antilles, comme la savane, cette place du village illustrée par Marboeuf; ou de Suisse, comme ce short de sport appelé cuissettes, vu par Zep.

Dans le lexique général francophone, certains mots anglais ou anglicismes ont obtenu leurs lettres de noblesse. Ainsi, on retrouve désormais dans le Larousse le coming out de quelqu’un, le outing, l’électrofunk, le grunge, le jet ski, le speed et ses speedés, et même implémenter, comme terme d’informatique .

Ceci étant dit, le Larousse 2006 ouvre aussi la porte à des mots hindi, japonais ou chinois: shiitake, samoussa, ou Qi Gong. Si l’on inclut enfin un autre cahier dédié à la terre, qui parcourt, photographies à l’appui, les dangers d’extinction des ours polaires, l’assèchement du fleuve Tana, la rareté de la morue dans l’Atlantique Nord et le surpeuplement, on peut dire que cette édition du Larousse s’ouvre résolument sur le monde.

  

Source : Le Devoir