Romane Serda : « On m’a enfermée dans la case femme de Renaud… »

Paris Match

Benjamin Locoge

Romane Serda prépare actuellement son cinquième album.
Jacques BENAROCH/SIPA

A bientôt 50 ans, Romane Serda se dévoile dans un livre qui retrace une vie où l’amour s’est trop souvent transformé en piège. 

Elle a décidé de tout dire, tout dévoiler. Trop souvent, Romane Serda a été présentée comme « la femme de », « l’ex de »… Alors, à bientôt 50 ans, elle a voulu se raconter dans un livre, « A la vie à l’amour », sans pudeur mais en toute sincérité. On l’y découvre enfant, élevée par un couple de babas cool partis vivre le rêve hippie dans un village de la Drôme. Souvent livrée à elle-même, Romane Serda n’a pas les codes quand elle entre à l’école, elle qui entend ses parents faire l’amour, qui passe ses vacances dans un village de nudistes.

« Je n’ai compris que tardivement combien j’étais différente, admet-elle. Du coup, l’école est devenue un espace de rébellion, moi qui étais si sage à la maison. » Heureusement, il y a la musique : les Beatles, Supertramp, Pink Floyd, repères dans une vie trop libre. « J’ai vite su que je voulais travailler dans la musique. Je me voyais bien être ingénieure du son. » Romane promène sa naïveté d’adolescente à Montpellier et se retrouve au micro d’une radio locale, qu’elle délaisse quand un homme un peu trop insistant a des vues sur elle. Ce sera le drame de sa vie, tombant trop souvent dans les bras de garçons aux âmes damnées. « J’ai eu besoin de les aider, de les comprendre », philosophe-t-elle.

Il y a ainsi eu Patrice, technicien sur les concerts de Goldman, qui sombre dans la drogue. Ou Thierry, un beau parleur qui sort des liasses de sa poche mais qui l’enverra deux fois en garde à vue, en raison de ses liens avec la mafia. Face à eux, Romane se révèle forte, indépendante. Mais cherche sa voie.

Renaud permet à Romane de sortir son premier album, en 2004. Et sera, malgré lui, un nouveau frein à sa carrière

Professionnellement, c’est avec Jacques Martin qu’elle effectue ses premiers pas dans le monde du showbiz, avant de devenir une héroïne de « L’annexe », feuilleton aujourd’hui oublié, lancé par AB Productions. « Ce qui aurait dû être un plaisir s’est transformé en cauchemar. J’étais en compétition permanente avec une des actrices. » Romane prête son visage à des pubs, danse derrière Carlos dans un clip. Elle choisit l’exil à Londres pour rejoindre Jon, un producteur qui l’encourage à se lancer dans la chanson. Elle a 26 ans, plus rien à perdre et l’envie folle de donner de la voix.

Mais quand elle veut monter sur scène, Jon lui oppose une fin de non-recevoir, préférant avoir sa créature auprès de lui plutôt que sous les yeux du public. Il faudra recommencer de zéro, revenir à Paris, travailler à France Inter – où elle rencontre Bernard Lenoir, l’« inrockuptible » avec qui elle se met en couple. Quand elle croise la route de Renaud en 1999, l’animateur radio se moque du chanteur, qu’il appelle « le blondinet ». Mais c’est bien ce dernier qui arrivera à vraiment conquérir son cœur. Ce même Renaud permet à Romane de sortir son premier album, en 2004. Et sera, malgré lui, un nouveau frein à sa carrière. « Ça m’a enfermée dans la case femme de… » regrette-t-elle.

Aujourd’hui, Romane espère que son livre permettra de porter un autre regard sur elle, alors qu’elle prépare son cinquième album. Elle ne compte pas effacer Renaud de son histoire mais aimerait être entendue pour ce qu’elle est. Une femme qui veut reprendre sa route. Qui attend la suite avec impatience. Et lucidité.

« A la vie à l’amour », éd. HarperCollins, sortie le 7 octobre.
© DR

Retrouvez l’intégralité de notre reportage et les confidences de Renaud dans le numéro 3726 de Paris Match, en vente depuis jeudi dans les kiosques

 

Source : Paris Match