Romane Serda témoigne de sa vie avec Renaud : « A chaque rechute, j’étais dévastée »

Télé-Loisirs

Le 09/10/2020 à 16:00 par Corinne Calmet
Modifié le 06/01/2021 à 12:10

La chanteuse qui prépare un cinquième album, vient de sortir un livre, A la vie, à l’amour.

Sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille et c’est pourquoi Romane Serda a eu envie de la dévoiler dans un livre A la vie à l’amour (Editions Harpers Collins) transformant l’écriture en thérapie.

Le premier traumatisme de votre vie, c’est lorsque vos parents se séparent. Vous avez deux ans et vous ne reverrez pas votre père avant 18 ans. Une absence qui a eu des répercussions sur votre vie amoureuse ?

Romane Serda qui a refusé un gros contrat avec le leader des Scorpions : Oui, car inconsciemment j’ai eu envie de rencontrer des hommes protecteurs mais la relation s’est souvent transformée en persécuteur-victime.

Votre mère refait sa vie mais vous n’avez pas forcément des sentiments à l’égard de votre beau-père…

Disons qu’il avait sa love-story avec ma mère, c’était très bien mais du coup je me sentais un peu de trop, presque gênante au milieu d’eux. Sa fille Marion que je considère comme ma sœur ressentait d’ailleurs la même chose et j’aimais du coup quand elle était là, on se tenait compagnie.

Violée à 9 ans dans la grange d’une ferme

Vous décrivez une scène terrible qui se déroule dans la grange d’une ferme voisine dans le Sud de la France. Vous ne prononcez pas le mot, mais il s’agit d’un viol. Comment vous en relevez-vous ?

En fait à part, ma meilleure amie, je ne le dis à personne. Mon père avait instauré une certaine rigueur, il ne fallait jamais se plaindre, ne pas faire sa chochotte. Je n’avais pas l’impression de garder un secret, plutôt le sentiment que ce n’était pas si grave que ça…

Vos parents étaient du genre baba-cools. Auriez-vous aimé qu’ils vous recadrent un peu ?

Non c’était une autre époque où les enfants n’étaient pas le centre du monde. Songez qu’à 16 ans je vivais seule dans un studio à Montpellier !

C’est là que ça part en live !

Tout à fait, je sèche les cours et je vole avec ma copine des trucs dans les boutiques de souvenirs. On n’avait pas une tune ça nous arrangeait. Jusqu’au jour où je rencontre Jean-Michel mon premier amour qui m’entraine à voler un disque à la FNAC. Là on jouait dans la cour des grands avec caméras de surveillance et vigiles de sécurité; Bien sûr on s’est fait serrer et il m’a lâché prétextant qu’il n’avait rien fait puisque le disque était dans mon sac à dos.

Comédienne pour AB production et dans une série L’annexe

Vous avez par la suite à Paris fréquenté Tony un gentleman cambrioleur. La vie de princesse n’a pas duré longtemps…

Ah non, car il roulait en Bentley mais n’avait pas les moyens de s’acheter une baguette. C’était un escroc, un mafieux avec beaucoup d’assurance, de charisme mais tout était dans l’esbroufe.

Vous avez aussi été comédienne pour AB Production. Vous auriez envie de revenir à la comédie ?

Il y a eu aussi une série sur France 2, d’une cinquantaine d’épisodes, L’Annexe. C’est vrai que je me suis consacrée à la musique ces dernières années, mais cela fait partie de mes projets. Je devais jouer une folle psychopathe au théâtre mais avec l’épidémie tout est un peu ajourné.

« Il y a toujours eu l’alcool et les vieux démons de Renaud, j’ai cru pouvoir l’aider »

La grande histoire de votre vie s’appelle Renaud. Il ne vous a pas dragué de manière directe…

C’était La Closerie des Lilas. Renaud était avec une bande d’amis dont le parolier Etienne Roda-GilMoi j’avais rendez-vous avec un dirigeant de Sony Music. Il a envoyé la femme d’Etienne me dire qu’il était prêt à m’écrire 12 chansons. J’ai trouvé que c’était une technique de drague à 2 balles. Il n’avait jamais entendu ma voix.

Vos débuts ont-ils été chaotiques ?

Oui, car il m’écrivait des lettres enflammées mais quand on se retrouvait il ne me parlait presque pas. Un jour, enfin, je le retrouve chez lui et là on rit, on s’amuse, on passe la nuit ensemble et puis pendant une semaine, plus aucune nouvelle. J’étais furieuse, je le lui dis et il me répond : « Je n’avais pas compris que je devais t’écrire tous les jours ».

Malgré l’amour, l’arrivée de votre fils, vous avez fini par le quitter. Pourquoi ?

Parce qu’il fallait que je me protège, ainsi que mon fils. Que je sois heureuse pour lui. Il y a toujours eu l’alcool et les vieux démons de Renaud, j’ai cru pouvoir l’aider. Mais malgré mes efforts, j’ai compris qu’il restait maitre de sa vie et de sa santé. A chaque rechute, j’étais dévastée.

Avez-vous réussi votre séparation ?

Je pense, oui, Malone voit son père aussi souvent qu’il le souhaite même s’il vit loin de nous à 700 kilomètres. Ils se manquent mutuellement. Et même moi, Renaud me manque quand ça fait plusieurs semaines que nous ne nous sommes pas vus.

Vivre dans l’ombre de Renaud était-ce pesant ?

C’est se sentir réduite au rôle de « femme de » qui est lourd, ou de lire que je lui doit tout. Quand je l’ai connu, j’avais quasiment fini mon premier album. Il a mis une parole dans un texte et c’est devenu sa chanson. Je me suis sentie dépossédée. De même, je ne comprends pas cette espèce de hiérarchie sociale : on ne dit pas plus de respect à un chanteur qu’à un boulanger. Un jour où j’étais en tournée avec mes musiciens et que Renaud m’accompagnait, le directeur de notre hôtel s’est déplacé pour le saluer. Mes musiciens et moi n’existions pas, pas un bonjour, rien ! Mais Renaud n’y est pour rien, lui c’est un amour.

Malone lira-t-il votre livre ?

J’ai vu qu’il avait mis l’un des exemplaires dans sa chambre. Sans doute le lira-t-il un jour, mais il n’a que 14 ans, il a le temps. La vie avec ses copains l’intéresse plus que la vie de ses parents.

  

Source : Télé-Loisirs