7 avril 1985
Je t’écris énervé. La télé, ici, nous abreuve régulièrement d’images de manifestations anti-apartheid, anti-misère, anti-injustice en Afrique du Sud, manifestations réprimées par les gardes-chiourmes du pouvoir blanc avec une violence qui me révolte et indigne bon nombre de mes compatriotes. Et rien ne change ! Notre gouvernement « de gauche » continue à entretenir des relations diplomatiques avec ton pays, et personne ne m’a encore prouvé qu’il ne vendait pas d’armes à Pretoria par Israël interposé, pendant que toi et des centaines de camarades croupissez dans les prisons de l’apartheid (ce mot mérite-t-il une majuscule ?) Parfois je me dis avec espoir et amertume que chaque goutte de sang versé ne fait que précipiter plus inexorablement la chute inéluctable de ce régime de violence et de haine. Nous sommes ici quelques-uns (sûrement plusieurs millions) à soutenir ton combat et celui de tes frères. De Paris à Santiago du Chili, d’lstanbul à Nouméa, de Bilbao à Johannesburg, les hommes libres te crient : Courage Nelson, l’apartheid connaîtra bientôt son Trafalgar.
Fraternellement
Renaud
Signe et Re-signe !
Source : L’Humanité