Sophie et David Séchan racontent leur frère dans « Renaud, mon frère » (TMC)

Télé 7 Jours

02/06/2021 – 15h13

Dans ce doc exclusif, le frère jumeau et la soeur du chanteur déroulent sa vie d’homme et nous aident à comprendre l’artiste.

© COLLECTIONS PERSONNELLES

Peut-on trouver plus légitime pour parler de lui ? Renaud, mon frère : tout est dans le titre. David Séchan est le jumeau, celui qui partagera la chambre jusqu’à leurs 18 ans. Sophie, elle, est la benjamine de la famille. Ensemble, ils racontent la personnalité entière, complexe, de ce gamin de Paris qui, c’est sûr, deviendra artiste. Films Super 8, photos aux couleurs passées et extraits télévisés s’enchaînent, et l’on voit se dessiner un destin. Dans la famille, d’abord. De gauche, bien sûr. La conscience de Renaud se forge. En 1968, il a 16 ans et court les barricades du mois de mai. On le regarde et on l’entend, révolté, dans une assemblée à la Sorbonne. Renaud est anarchiste. Il quittera tôt l’école pour gagner sa vie, en chantant dans la rue, casquette sur la tête et guitare à la main, jusqu’à la rencontre avec Coluche, dans la cour du Café de la Gare, qui l’amènera sur sa première grande scène.  

Gavroche au panthéon  

Laisse béton, Morgane de toi, Mistral gagnant… Les années 70-80 sont les années Renaud. Il est rebelle, popu, tendre, porte un blouson noir et un bandana rouge, mais revendique d’être un papa gâteau, en avance sur son époque. Et tout le monde aimerait être ce pote, ce mari, ce mec « couillu » qui s’invite dans les coeurs. Si Gavroche est aujourd’hui au panthéon de la chanson française (et de son vivant), ce n’est pas pour les 20 millions de disques vendus, mais pour ses textes, pour l’argot et les « fôtes » d’orthographe, pour les chansons d’amour… Autoproclamé « chanteur énervant », Renaud est une éponge à injustices. Il s’engage pour la libération de Nelson Mandela, celle d’Ingrid Betancourt, otage des FARC, en Colombie, monte un collectif contre la famine en Éthiopie, milite pour Greenpeace… Sur le plateau de Germinal, de Claude Berri, dans lequel il joue, il défend les avantages sociaux pour les figurants.  

Mister Renard  

Et puis, il y a la descente aux enfers, la dépression, les crises de paranoïa, la perte de son pote, Coluche, et la naissance de Mister Renard, son double alcoolique. Jusque-là, lui qui puisait son inspiration dans les bistrots, ne buvait pourtant pas, farouche ennemi de tout ce qui altère la conscience, drogue ou alcool. Il sombre, se relève, sort un album, sombre de nouveau, fait son grand retour… À chaque fois, le public est là. Mais le phénix a une sale tête, l’image, elle, a lentement glissé. L’admiration s’est teintée de tristesse, et parfois de moquerie devant cet homme blessé, qui peine à monter sur scène et dont on raille la voix éraillée. David et Sophie Séchan n’éludent rien dans ce documentaire. On sent l’amour qui transpire, et peut-être aussi la crainte que l’on oublie que Renaud est un « putain » d’artiste. Et surtout, qu’il est toujours vivant. D’ailleurs, Pia Moustaki, fille du grand Georges et ex-petite amie de Renaud, prévient : « Faudra pas venir pleurer quand il sera trop tard. Il faut l’aimer maintenant, aujourd’hui, et à fond ! »

Renaud, mon frère : mercredi 2 juin à 21h15 sur TMC

 Marc Teynier  

  

Source : Télé 7 Jours