Souchon : cœur ouvert et coup de gueule

La Dépêche

Vie locale, Aveyron

La Dépêche du Midi

Alain Souchon clôturera, dans quelques jours, une année riche de 160 concert. En « concert acoustique » à Figeac, mercredi et jeudi, il a séjournée à l’instar de Renaud ou Nilda Fernandez à l’Hôtel-Restaurant « Le Mûrier de Viels » de Causse et Diège (1).

L’occasion pour lui qui affectionne la Bretagne et le Loir-et-Cher de découvrir ce coin de campagne à la frontière de l’Aveyron et du Lot. Rencontre.

140 concerts en 2001 et 160 cette année, sortie ces jours derniers d’un coffret 3 CD, d’un album live, d’un double DVD et d’une VHS, site internet (2): est-ce une boulimie de rencontres?

Après ma tournée précédente, dans des salles de 6.000 personnes une tournée plutôt Rock qui avait suivi la sortie de mon dernier album, on m’a proposé de chanter dans une petite formation. Une formule différente, en arrangeant mes chansons. Je n’avais jamais fait ça: trois musiciens, un son plus soft, plus jazz, moins rock mais pas complètement acoustique, une lumière plus douce… Un spectacle un peu intime. Cela m’a beaucoup, beaucoup plu: il se crée entre mes musiciens et moi une chaleur très agréable. Avec le public, l’ambiance n’est pas la même que dans des grandes salles. J’en suis très heureux.

On m’a aussi proposé de faire un DVD; ce que je ne fais en général pas, car je trouve que le DVD ne reproduit pas le mystère d’un spectacle. Mais j’ai pensé que ce pouvait être un souvenir de cette formation inhabituelle.

Comment avez-vous ressenti le public figeacois?

Chaleureux et très sympa.

Avez-vous des souvenirs autres que professionnels en Aveyron ou dans le Lot?

Je n’étais jamais venu: je suis ébloui par la beauté des maisons. J’étais simplement allé une fois dans le Gers où il y a aussi des maisons un peu carrées, un peu en forme de pagodes. J’aime beaucoup les maisons. En me promenant dans Figeac, j’avais l’impression que des mousquetaires allaient sortir de chaque maison. L’an dernier, je n’avais pas eu le temps de visiter Rodez car nous étions pressés pour dormir à Toulouse. J’adore le coin: c’est un endroit de marche dans la campagne.

En 2000, vous avez vendu aux enchères sur internet, votre disque de platine afin que le produit de la vente (13.000€ environ) aide les protecteurs des oiseaux mazoutés par le pétrole de l’Ericka. Que vous inspire le naufrage du Prestige?

On est tous à bout de ça. Consterné. On se demande quand quelqu’un en Europe va enfin taper du poing sur la table: comme en Amérique, il faut une mesure disant que seuls les bateaux à double coques pourront longer l’Europe.

Malheureusement la pétrole mène le monde qui lui est soumis: les Américains sont prêts à faire la guerre en Irak pour le pétrole. C’est terrible. Personne ne peut véritablement lutter. Mais en même temps, il faudrait un homme d’Etat qui tape sur la table en disant « On n’en veut plus de ces bateaux qui ne sont pas à double coque ». Mais il n’y a personne pour taper sur la table…

Quels sont les sujets d’actualité qui vous intéressent?

En ce moment, je suis en vadrouille, en dehors de tout, en raison de mon travail. Mais je regarde comment la société française a bougé et j’aurais passé ma vie à regarder le monde: un spectacle extraordinaire. Les tiraillement entre l’est et l’ouest, le mur de Berlin qui s’effondre, les juifs et les arabes qui toujours s’entretuent…

Pensez-vous que l’image que les gens ont de vous correspond véritablement à votre personnalité?

Je m’en rend pas compte et ça m’est un peu égal. Mes chansons sont un peu le reflet de moi-même. Elles doivent être vrais; c’est à dire qu’elle ne doivent pas être ce que le chanteur ne pense pas. Mais c’est vrai que l’on change.

Etes-vous heureux?

J’ai de la chance d’être heureux avec ma famille, dans ma vie professionnelle, les gens me sourient dans la rue. Cela me calme. Si on a envie de tout casser à 25 ans, même de manière polie, envoyer des piques à la société tout en étant bien habillé; je suis forcément adouci maintenant car la vie me gâte. Je ne peux pas faire semblant en disant que la vie est atroce. Ce n’est pas vrai: je suis gâté.

Quelles couleurs aura donc votre prochain album.

Je ne sais pas, c’est trop tôt encore pour le dire. Mais ce sera un reflet: je regarde le monde et puis je fais des chansons avec. J’espère qu’elles seront réussies.

Vos projets après la tournée?

Je rentre à la maison m’occuper de ma femme et surveiller si elle n’a pas d’amant (sourire).

Je vais faire ces nouvelles chansons. Travailler beaucoup avec Laurent Voulzy, et puis seul, peut-être aussi avec mon fils Pierre avec lequel j’avais fait « C’était menti » et « Petit tas ». On avait travaillé ensemble sur les deux albums précédents. Pour le prochain, j’en suis au stade de chercher des idées.

Votre fil Pierre a joué un temps avec Julien Voulzy, fils de Laurent, dans le groupe « Les Cherche Midi ». Qu’en est-il maintenant?

Le groupe est fini et chacun est parti dans sa direction musicale, tout en étant toujours très amis. Pierre enregistre actuellement un disque, seul.

Voulez-vous profiter de l’interview pour passer un message particulier?

Rien de particulier, sinon qu’il faudrait de la part de M. Chirac qu’il tape plus fort du poing sur la table, à propos des pétroliers à double coque…

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(1) Le Mûrier de Viels abrite jusqu’à la fin janvier une exposition de dessins de presse d’auteurs renommés (Wolinski, Loup, Siné…)

2) Le coffret 3 CD de 48 chansons s’intitule « Par les sentiments », l’album live « J’veux du Live ». Animé par son deuxième fils Charles, le site internet de Souchon est www.alainsouchon.net

Recueillis par

Bernard-Hugues SAINT-PAUL.

     

Source : La Dépêche