Sur une ballade de « Renaud la tendresse » : Le regard d’un poète

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N° 324, septembre-octobre 1995

Il y a toutes sortes de regards : des regards froids, des regards chaleureux des regards qui jugent, d’autres qui fusillent ou qui vous déshabillent. Et puis il y a le regard des poètes, ce regard qui transfigure les choses et des gens. Doisneau n’était pas vraiment un photographe. C’était avant tout un poète de la rue, un homme qui nous montrait le pavé de nos villes comme nous ne l’avons jamais vu, qui regardait les gamins de Paris, ses couples d’amoureux ou ses vieillards ridés avec une infinie tendresse. À sa façon, Doisneau chantait la rue, comme Bruant, comme Bernard Dimey et comme j’ai tenté de le faire. Je ne sais pas si une image vaut mille ou dix mille mots, mais je sais que les photos de Doisneau sont inépuisables, qu’elles disent tout un univers de sentiments mieux que la plupart des romans. Humanité, humour, amour, Robert Doisneau avait le don de capter le meilleur de la vie, de saisir l’instant fugace où le quotidien banal devient soudain pur moment de poésie. Cela s’appelle le génie.

  

Source : Le HML des fans de Renaud