Dimanche 25 Avril 2021

Caroline Constant

Le documentaire de Vincent Dupouy, diffusé lundi soir sur France 3, retrace les cinquante ans de carrière du « chanteur énervant », des analyses de son œuvre à l’appui.

Renaud, amoureux de Paname. France 3, lundi 26 avril, à 23 heures

Si Renaud a vieilli, beaucoup de ses chansons restent absolument indémodables. Vincent Dupouy retrace sa carrière, raconte la douceur de son enfance, la révolte de sa jeunesse, ses désillusions et les démons qui l’assaillent.

D’autres l’ont fait avant lui, et l’histoire est désormais connue. Son propre documentaire est différent : il analyse son œuvre, au fil des décennies, via le regard averti de Johanna Copans, qui a été commissaire de « Putain d’expo ! » à Paris, Bertrand Dicale, spécialiste de la chanson française, de l’auteur d’une biographie de l’artiste, des chanteurs Gaetan Roussel, Pascal Obispo et Bénabar.

La construction de l’homme de gauche

Et le propos est intéressant parce qu’il raconte autant une époque qui court de la France révoltée de 1968 au pays meurtri par les attentats de Charlie Hebdo en 2015. Le film analyse la construction, dans ce contexte, d’un homme de gauche, dont la conscience politique s’est réveillée en voyant ses parents revenir en larmes du métro Charonne, où ils manifestaient contre la guerre d’Algérie. Il raconte aussi la construction d’un poète qui a compris très tôt la force de la chanson comme slogan, puis comme registre absolument poétique, avec un langage qu’il s’est approprié et a dompté.

Désillusions et dégringolade

Vincent Duprouy s’intéresse aussi aux désillusions de l’homme, à ses blessures, entre la mort de ses amis Coluche et Desproges, et une certaine idée de la gauche qui est partie en fumée au tournant des années 1980. Et le fameux concert à Moscou, en 1985, pour le Festival mondial de la jeunesse, où une partie du public s’est levée sur commande, quand il a entonné sa chanson le Déserteur.

Au passage, Bertrand Dicale se permet d’incriminer le Parti communiste français de l’époque dans cette cabale, ce qui relève carrément de la diffamation, tant les témoins français ont été choqués de ce qui s’était passé ce jour-là. Il raconte enfin la dégringolade d’un homme rattrapé par la paranoïa, l’alcool, et qui sans cesse puise dans sa révolte la force de revenir sur scène. C’est à la fois terrible et magnifique, le tout en chansons et en archives savoureuses.

   

Source : L’Humanité