Le 29 avril 2003
Par Isabelle Raepsaet
Certes, Renaud l’a dit à longueur d’interviews et, sur scène, y revient encore. S’il chantait Pochtron dans les années 80, il avait bel et bien fini par le devenir, et à force de clamer « Mon amour est parti, est parti pour toujours », sa femme, Dominique avait vraiment fini par le quitter. D’où l’enfer, avant le « boucan d’enfer », album-thérapie de la renaissance. Alors, bien sûr, il serait tentant de juger Renaud par rapport à ce qu’il a vécu et de se dire que, pour un type qui a passé un bout de temps au régime cigarettes-anisette et qui sort d’une sévère dépression, il s’en tire, quand même, quand on y pense drôlement bien. Tentant mais injuste car Renaud n’a pas besoin de cette bienveillance puisqu’il est un grand homme de scène, de toute évidence.
On l’avait quitté traqueur, pas causant, l’air pas franchement sûr de lui. On le retrouve bavard, drôle et vachard, émouvant, parfaitement à l’aise sur cette place de village basque aux perspectives improbables, entre un bar, un hôtel, une école, à l’ombre d’un arbre et sous les lampions, décor (extraordinaire) intime pour des retrouvailles à grande échelle avec un public toujours aussi morgane de lui.
Entouré d’un groupe genre copains (Jean-Pierre -Titi- Bucolo, Alain Lanty), qui assure l’accompagnement sans faire de zèle, il enchaîne vieux tubes et nouveaux titres, parfaitement conscient qu’on préfèrera toujours La mère à titi à Baltique et offre même aux vieux de la vieille, ceux qui ont le bandana rouge autour du cou et le poulbot tatoué sur l’avant-bras, quelques beaux cadeaux comme It isn’t because you are ou des retrouvailles avec leur vieille copine Germaine. Il y a aussi les vieilles bagarres, toujours d’actualité, coups de gueule contre l’armée (Déserteur dont chaque couplet est applaudi comme il se doit), Miss Maggie (Thatcher), le Paris-Dakar (500 connards sur la ligne de départ), et de très beaux moments : les valses lentes de Morts les enfants ou de la Ballade Nord Irlandaise, En cloque et La pêche à la ligne.
De quoi, finalement, se sentir tout requinqué, tant c’est plein de douceur, d’humour, d’humanité et de générosité. Garçon, remettez-nous en une tournée.
Source : HLM des Fans de Renaud