Tous morganes de Renaud

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La Dépêche du Midi

Vingt heures à peine, devant le Scénith d’Albi hier soir, et déjà les santiags se bousculent pour assister au retour du Renard de la chanson française. Ils sont tous là. Cinquantenaires, fans de la première heure, ou jeunes adolescents séduits par le dernier « Boucan d’Enfer ». Certains mordus malchanceux, qui n’avaient pas pu obtenir de billet avant, (les réservations étant bouclées depuis la fin du mois de novembre 2002) se sont pointés quand même. « Je suis au Parc des expos depuis cet après-midi dans l’espoir de décrocher un ticket », glisse David, en tendant désespérément sa pancarte « cherche place à vendre ». D’autres se sont avalés une centaine de kilomètres, comme Pierre venu de Narbonne, « histoire de se remémorer le passé ».

UN VILLAGE GRANDEUR NATURE POUR DECOR

A l’intérieur de la salle, le ch’ti gars du Nord a réservé une surprise à son fidèle public. Il a revêtu le béton du Scénith d’un immense décor de carton pâte. La salle n’est plus qu’un village. Le village de Renaud, avec sa petite place, son bistrot, son hôtel de la nuit…

Vingt heures trente. La sono entame un « Etre né sous le signe de l’hexagone… » version kabile. On bat des pieds dans les gradins. Le parterre bondé tape des mains. Soudain, une ombre blonde apparaît au comptoir du bar. Elle engloutit une dernière gorgée (d’eau!). Renaud écrase son clope et pointe son blouson de cuir à la porte. Le public hurle. Voilà la vieille idole, la main solidement accrochée au micro, qui entonne son dernier tube, « Docteur Renaud-Mister Renard ». La voix est juste, ne tremble pas. Le ton rocailleux, comme au bon vieux temps.

« Et un et deux et trois zéro! Je les ai tous eu ». Le « chanteur énervant » n’a rien perdu de sa verve d’antan. Lorsqu’il revient sur son triple couronnement aux Victoires de la musique samedi, c’est pour faire la nique à tous ceux qui le croyaient enterré vivant.

Renaud ne s’en cache pas. Le Renard a embrassé la bouteille à pleine bouche. Touché le fond. « Mais, c’est promis. C’est fini toutes ces conneries. Renard est mort ». Le public applaudit. Et puis, à son regard de glace qui s’allume, au petit rictus en coin sur son visage, on le voit: Renaud est heureux de retrouver la scène. Après 28 ans de carrière, il pousse même l’exploit jusqu’à enchaîner une tournée de 200 dates et deux heures de concert à Albi, entre mélodies du passé et « Boucan d’enfer ».

Armelle HERVIEU.

  

Source : La Dépêche