À quelques jours de son 70e anniversaire, Renaud s’offre un album de reprises, Métèque, où il revisite de sa voix cabossée Georges Moustaki ou Jean Ferrat, avant d’apparaître dans une soirée télé qui lui est dédiée.
Alors que le public s’inquiète à intervalle régulier pour la santé de ce chanteur populaire (plus de 20 millions d’albums vendus), tombé dans l’alcool il y a quelques années, le premier simple sorti est un sacré clin d’œil.
On entend le «chanteur énervé» reprendre Si tu me payes un verre, interprété autrefois par Serge Reggiani. Suivent d’autres standards d’Yves Montand, Georges Brassens, Jacques Higelin ou Bourvil, dans l’album qui sort ce vendredi.
Pourquoi un auteur-compositeur-interprète comme lui plonge-t-il dans le répertoire des autres ? «Tous les plus grands artistes ont fait des albums de reprises, que ce soit Elvis, les Rolling Stones, à un moment, ils ont envie de donner leur version de chansons qui les ont inspirés», expose Christian Eudeline, auteur du Dico Renaud, avec quelque 2000 entrées sur l’homme à la «chetron sauvage».
«On dit qu’il n’est pas inspiré, qu’il n’écrit plus du tout, non, ça lui permet d’exprimer des souvenirs, la chanson de Françoise Hardy (L’amitié), il l’a toujours aimée, c’est ce que dit son frère ; ça pose l’ego à côté», poursuit le journaliste.
«Ma voix me stresse»
Le risque de l’entreprise est la comparaison avec les versions originales, surtout dans le cas d’un artiste à la voix détériorée par les excès passés. «Ma voix me stresse beaucoup, quand je parle elle est un peu éraillée, quand je chante c’est un peu laborieux, j’ai de plus de plus de mal à chanter», confiait-il récemment sur RTL.
«Ce qui est quand même à mettre à son crédit, c’est qu’il ne triche pas, sa voix n’est pas vocodée [passée au travers d’un filtre synthétique], poursuit Christian Eudeline. Il est comme ça, on l’a vu évoluer en public, on a vu ses histoires d’amour se défaire, sa fille grandir, il nous a accompagné, on l’a vu avoir des problèmes qu’il a noyés dans l’alcool.»
Renaud avait déjà procédé de la même façon, sans fard, pour son dernier album studio, Les mômes et les enfants d’abord !, sur des textes à lui, cette fois, en 2019.
À cause de ce timbre abîmé, il «n’envisage plus de faire une tournée sur cet album». «J’avais trop galéré sur celle de 2016, avec ma voix enrouée, rocailleuse, elle l’est toujours», a-t-il encore glissé sur RTL, dans l’un de ses rares entretiens récents.
Cinquante ans de carrière en 2025
Et d’affirmer une énième fois : «Depuis un an et demi, je ne bois plus une goutte d’alcool, j’en suis très satisfait, mais je fume toujours comme un pompier même si je suis passé de quatre paquets à un par jour.»
L’auteur de Mistral gagnant n’exclut pas «un ou deux concerts exceptionnels». Le 10 mai, veille de son anniversaire (il est né le 11 mai 1952 à Paris), France 2 propose une émission spéciale où «il chantera en exclusivité plusieurs titres de son nouvel opus et partagera la scène avec ses amis lors de duos créés uniquement pour cette soirée», selon un communiqué.
On peut s’attendre à Morgane de toi, Manu, Manhattan Kaboul, Dès que le vent soufflera, Mon beauf ou encore En cloque, chantés par/ou avec Patrick Bruel, Axelle Red, Jean-Louis Aubert, Zaz, Bénabar, Vincent Delerm, Dave, Tryo, Raphaël, Calogero ou encore Gauvain Sers.
Et la suite ? Il assure sur RTL avoir écrit «deux chansons, les deux premières d’un album de douze» qu’il espère sortir en «avril 2025» pour ses 50 ans de carrière. Un futur disque où il «compte bien» rendre hommage à Yvan Colonna, décédé récemment des suites d’une agression en prison où il purgeait sa peine à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac et qu’il a toujours soutenu.
Source : Le Soleil