Québec, samedi 15 février 1986
ARTS ET SPECTACLES
DISQUES
♦ Si la parution de disques populaires des dernières années n’est pas ce qu’il y a de plus volumineux, comparativement au mois de décembre, les nouveaux enregistrements disponibles ont toutefois l’avantage d’être fort diversifiés.
par Louis TANGUAY
Et, pour illustrer cette diversité, et surtout son actualité locale, on peut parler de nouveautés anglophones avec notamment Bruce Cockburn qui viendra en spectacle à la salle Albert-Rousseau, le 16 mars, et de rééditions en français avec trois disques de Renaud, qui était ici tout récemment.
Cockburn
Le nouveau microsillon de Bruce Cockbum est un disque de nuit, la noirceur et les activités nocturnes
étant présentes dans presque chacune des dix chansons.
Le propos, malgré le titre World of Wonders (étiquette True North TN 66 distribution CBS) est sombre
et très socialement engagé sur des thèmes qui, selon l’habitude de l’auteur-compositeur-interprète torontois, semblent tirés d’un carnet de voyage.
Comme dans le cas du précédent disque, Stealing Fire, Cockbum a pris la peine de faire traduire en
français par Marcel Mousette les paroles qui sont aussi imprimées en anglais sur la pochette intérieure.
Du côté musical, la tendance rock s’accentue encore davantage, particulièrement dans « Call It Democracy » et dans la chanson titre, mais les influences exotiques, notamment celle du reggae, demeurent dans cet ensemble plus électrique.
L’une des pièces les plus significatives est sans doute « Santiago Dawm » sur ce disque qui est
somme toute un regard sur le monde.
Renaud
Ce n’est pas, comme en janvier, à un nouveau disque du chanteur français Renaud, que l’on a maintenant droit, mais à une édition canadienne de trois de ses disques qui n’avaient été distribués ici qu’en importation.
Il s’agit en fait des second (1077) et troisième (1979) enregistrements du chanteur anarchiste et gavroche, et de l’enregistrement public sur deux 33-tours du spectacle « Un Olympia pour moi tout seul » de 1982.
Sur les quatre faces de l’album de l’Olympia on retrouve bien sûr, mais dans une version encore plus « branchée » que l’originale, quelques-unes des chansons des deux autres disques comme « Germaine » et « Chanson pour Pierrot », mais surtout un contenu assez semblable à ce que Renaud avait chanté à son premier passage à Québec, en 1984, avec entre autres « Les aventures… » et « Le retour de Gérard Lambert », « Mon beauf », « Banlieue rouge » et « Dans mon HLM ».
C’est l’étiquette québécoise Trafic, ayant déjà à son catalogue Morgane de toi qui, sous les numéros TFX-1986-8, TFX-1986-9 et TFX1986-11-2, est responsable de la diffusion ici de ces disques dont la multinationale Polygram, éditeur des disques de Renaud jusqu’à son récent engagement avec la maison Virgin, n’avait pas jugé bon de faire un pressage canadien, lors de leur parution en France.
Polygram
Parlant des gens de Polygram, ils ne font pas que des mauvais coups, au contraire.
Ainsi, au cours d’une récente conversation avec le vice-président à la promotion de cette compagnie, Bob Ansell, on pouvait apprendre, par exemple, que Michel Lemieux, qui reviendra à Québec avec son spectacle Solid Salad pour la dernière fois en avril, aura bientôt un premier microsillon sur cette étiquette.
D’autre part, un groupe qui est une véritable mine d’or et de platine pour la compagnie de disque, Opus, est très populaire dans la région de Québec, où deux stations de radio sur un total de cinq au Canada, CHOI-FM et CJMF-FM ont reçu, récemment, une copie platine du 45-tours « Life is Life ».
Au Canada (200,000 45-tours vendus comparativement à 1,000,000 en France) la popularité du groupe lui a valu 60,000 exemplaires du microsillon et s’est d’abord révélée au Québec, avec 112,000 45-tours.
Pour situer ces chiffres dans leur juste perspective, Ansell ajoute cependant qu’ils sont loin des sommets de Dire Straits, plus gros vendeur de disques compacts au laser dans la catégorie populaire et dont le dernier microsillon s’est vendu à environ un million d’exemplaires.
Par contre au plan local, pour Bob Ansell qui vit à Montréal depuis plusieurs années, Québec est une ville où il apparaît très difficile de faire connaître par le spectacle un nouveau groupe comme, par exemple, The Cult qui se situe pourtant dans une tendance très montante dans d’autres villes canadiennes de même dimension (un spectacle est prévu au Spectrum, à Montréal en mars). La cause pourrait selon lui en être l’absence d’une salle de 500 à 600 places capable d’accueillir des musiciens de leur calibre dans des conditions favorables.
Source : Le Soleil