30 décembre 1977
CAFE-THEATRE
Un Pierrot de choc !
« Si j’avais dix-huit ans, confiait récemment Arletty, je ferais du café-théâtre ». Renaud a encore l’air d‘un gamin de cet âge et il a choisi « la Veuve Pichard » pour y chanter. Question d’atmosphère ! Et elle est étonnante, celle que crée au café-théâtre ce petit truand, pardon, ce petit Bruant. Car avec ses allures d’adolescent dégingandé, ses longs cheveux blonds, Renaud chante dur et vrai. Il parle de ses copains de lycée « car si je dis d’orphelinat, vous ne comprendrez pas ». La salle reprend en cœur, spontanément, un refrain où il évoque l’Allemagne.
Puis soudain c’est le choc au cœur : un projecteur isole son visage pâle dans une lumière bleue, l’ombre de ses mèches dessine sur ses joues de longs cils que l’on dirait peints comme ceux d’un clown, le col de son chandail devient collerette, et c’est pour la chanson de Pierrot un dessin de Willette qui apparaît.
Son accordéoniste lui « balance » un tango et il recrée un milieu, le « milieu ». Bien sûr il y a quelques embardées du côté de la politique. Mais si Renaud trouve son véritable public — c’est peut-être vous — il restera sans doute aussi pur et intransigeant que son chant.
J. Ds.
Ο La Veuve Pichard, 20 h 15.
Source : Le Figaro