Publié le 14-12-2005 à 00h00
DOMINIQUE SIMONET
L’amour fait des miracles, Renaud en est la preuve vivante. Par rapport à l’état dans lequel il errait il y a à peine trois ans, à la sortie de son « Boucan d’enfer » déprimé et dionysiaque, le chanteur est aujourd’hui en grande forme, apollinien ou quasi.
ENTRETIEN
L’amour fait des miracles, Renaud en est la preuve vivante. Par rapport à l’état dans lequel il errait il y a à peine trois ans, à la sortie de son « Boucan d’enfer » déprimé et dionysiaque, le chanteur est aujourd’hui en grande forme, apollinien ou quasi: « Depuis deux ans, je ne dors plus, lance-t-il dans un sourire malicieux, j’ai tellement envie de vivre, je suis tellement heureux que je ne veux pas gâcher ma vie à la dormir. »
Requinqué, marié de frais à la charmante Romane Serda, et bientôt papa, l’homme vit à trois cents à l’heure. Son actualité brûlante, c’est la sortie du simple « Dans la jungle », pour soutenir Ingrid Betancourt, otage des FarC, Forces armées révolutionnaires de Colombie, depuis bientôt quatre ans. Cela fait longtemps qu’il y pensait, mais, comme il dit, « à ce moment-là, je n’étais pas en état de m’intéresser au sort, à la souffrance des autres, puisque j’étais moi -même en pleine souffrance ».
Le déclic a été le passage à la télé, il y a un an, de la fille d’Ingrid, Mélanie Betancourt, 20 ans: « Je l’ai vue si digne, si belle; physiquement, elle me faisait penser à ma fille, et j’ai fait un transfert affectif, j’ai imaginé Lolita, qui a l’âge de Mélanie, privée de sa maman depuis plus de trois ans. Voilà, ce sont des raisons irrationnelles, affectives qui m’ont poussé à m’engager. »
Ce n’est bien sûr pas la première chanson militante du Séchan, coutumier du fait de renauder, de se mettre en pétard, mais cette fois, la cause est « une femme libre, combattante, qui a lutté pendant 15 ans de sa vie contre la misère et la corruption, face à ces 200000 morts, ces 2 millions et demi de personnes déplacées, etc. En plus, elle n’est pas toute seule dans la jungle, elle est avec trois, quatre mille otages, dont certains le sont depuis sept ans. »
© La Libre Belgique 2005