Cérémonie de remise de récompenses, les Victoires de la musique peuvent aussi être un espace de parole à propos de l’actualité. Ainsi des possibilités d’un conflit en Irak. A trois reprises, Renaud est monté sur la scène du Zénith de Paris, samedi 15 février, pour recevoir ses trophées lors de la 18e édition des Victoires diffusée en direct par France 2.
Lauréat des catégories interprète masculin, album chansons/variétés pour Boucan d’enfer et chanson originale pour Manhattan-Kaboul, co écrite avec Jean-Pierre Bucolo et interprétée en duo avec Axelle Red, le triple vainqueur a dit à chaque fois son émotion et évoqué les manifestations pacifistes organisées le jour même dans le monde.
Rappelant que son retour au succès – son album frôle des ventes de 2 millions – était aussi une victoire sur « l’alcool et la dépression », Renaud a remercié « Oussama Ben Laden et George Bush pour leurs crimes passés et à venir, qui ont inspiré les mots un peu dérisoires de cette chanson d’espoir. Je n’aimerais pas avoir à écrire Manhattan-Bagdad. »
Le commentaire sur la situation irakienne fut repris par Sanseverino lauréat dans la catégorie révélation scène tandis que le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly, dont l’album Francafrique est le meilleur album reggae/ragga/world, ex-aequo avec Umani du groupe I Muvrini, a appelé d’une voix forte à « l’indépendance de toute l’Afrique ».
L’intervention des intermittents du spectacle, représentés par Marc Slyper, secrétaire général du Syndicat national des artistes musiciens (SNAM), était, elle, prévue dans le déroulement de la soirée.
Les Victoires de la musique, présentées par Michel Drucker et Jean-Luc Delarue de France 2 ont donc tranquillement cheminé en suscitant toujours des réserves sur leur durée. Trois heures trente c’est encore long. Surtout quand des économies seraient possibles sur les apparitions de l’animatrice Ness et les remerciements bancals quand quelques secondes d’enthousiasme préparé et répété auraient plus d’impact.
Et si le coup de projecteur sur tous les artistes révélations est nécessaire, les prestations de d’artiste nommés mais pas récompensés brouillent la compréhension de la cérémonie.
Le palmarès, décerné par 80 % des 1320 inscrits à l’Académie des Victoires, a aussi récompensé : Linda Lemay, interprète féminine ; Natasha St-Pier, révélation (seul vote du public) ; Vincent Delerm, de Vincent Delerm album révélation ; Paradize, d’Indochine album pop/rock ; Solitaire, de Doc Gynéco, album rap/hip-hop ; La Revancha del tango, de Gotan Project, album électronique ; Christophe tournée/concert et Yannick Saillet réalisateur du vidéo-clip de Tournent les violons, de Jean-Jacques Goldman.
Serge Reggiani a reçu une Victoire d’honneur qu’il a espéré « faire en sorte de mériter par la suite ».
Sylvain Siclier