Une journée avec Renaud

Salut !

N° 217, du 18 au 31 janvier 1984

Avec « Morgane de toi », Renaud casse la baraque et depuis le 17 janvier il inaugure la nouvelle salle de la Villette. Spectacles, promo sans oublier de préserver sa vie privée… Comment Renaud case-t-il toutes ses activités dans la même journée ? Il nous l’explique…

Visite rapide chez le marchand de journaux, puis lecture en fumant la première cigarette au comptoir d’un bon vieux bistrot parisien. « Celui-ci, je l’ai beaucoup fréquenté il y a quelques années. Je suis resté de l’autre côté du zinc pendant un mois ! »

Rendez-vous chez le luthier pour y récupérer la guitare fétiche : « Je l’ai cassé lors de la dernière tournée. C’était à Fréjus ou Saint-Cyprien… enfin un endroit où il y avait du vent, quoi ! Et crac ! une rafale : ma gratte est tombée ! J’ai dû en louer une pour le reste de la saison ! »

Sur le chemin des écoliers avec Lolita.

« Ma journée commence à huit heures du matin lorsque Lolita, du haut de ses trois ans et demi, fait irruption dans ma chambre. Immédiatement elle met en marche le magnétoscope, volume maximum ! Un jour sur deux, je me lève à 9 heures pour faire le petit déjeuner que nous mangeons au lit en famille. Aujourd’hui, c’était moi, demain ce sera donc ma femme Dominique. Puis je me relève, je m’habille et j’accompagne Lolita à l’école. Vers 10 heures, je prends mon deuxième petit déjeuner, cette fois-ci au bistrot, le premier c’était pour émerger. Le second, j’en profite pour lire tranquillement mon canard.

À partir de 11 heures jusqu’à 15 heures : boulot. Au sens large du terme. Cela peut être un rendez-vous chez Polydor, ou bien choisir une nouvelle paire de bottes ! Depuis quelques mois je m’occupe surtout de la promo de mon album et de mon spectacle à la Villette. Je donne tous mes rendez-vous au « Bar des amis », c’est mon bureau ! De 15 à 17 heures, je me balade, je vais voir des potes. Puis, je vais chercher Lolita à l’école avant d’aller faire les courses. 

Ça aussi c’est l’une des activités du ménage que nous nous partageons avec Dominique. Le soir, nous prenons le repas en famille devant la télé. Je ne rate jamais les infos. Alors, à 20 heures je suis devant la télé. La petite est au lit à 20 h 30. Après on se regarde un film vidéo ou bien je lis une B.D., parfois je dessine.

– Tu ne sors jamais ?

– De temps en temps avec une bande de vieux amis tels que Dominique Lavanant ou Martin, c’est-à-dire des gens qui viennent du café-théâtre. Ma femme et moi les connaissons depuis longtemps.

Arrêt buffet : gare du Nord. Le temps d’enregistrer « Ma chanson leur a pas plu » pour les caméras du « Champions ». En attendant la réalisation du clip-vidéo… « J’aime le côté calme et mélancolique des gares. »

Show-biz : Renaud retrouve son frère Thierry dans les bureaux de Mino Music, la maison d’éditions et de productions qu’ils ont créée ensemble. « Allô ! Washington ? passe-moi Ronald ! ».

Pause entre deux accords. Salon de lecture ou studio d’enregistrement ?

– Le spectacle que tu vas donner à la Villette ne va-t-il pas changer encore plus ton emploi du temps ?

– Bien sûr ! Mais cela m’oblige surtout à consacrer plus de temps à la promo dans la journée.

– Tu es l’un des premiers à te produire dans cette nouvelle salle, « Le Zénith » ?

– Et c’est aussi la première fois que je me produis à Paris dans un aussi grand espace : 3 800 places. L’Olympia n’en faisait que 2 200.

– Cela te fait peur ?

– J’ai déjà assez de raisons de flipper si les gens viennent ! Alors s’ils ne viennent pas ! Ça serait mes adieux au music-hall !

– C’est pour cette raison que tu attaches tant d’importance à la promotion ?

– Pour moi, le boulot ne s’arrête pas après avoir fini d’écrire mes dix chansons et les avoir enregistrées ! La promo c’est aussi le boulot ! Tu sais, il y a encore des gens qui me demandent : « Tu fais pas bientôt un truc à Paris ?  », alors que pourtant, j’ai l’impression qu’il a vraiment été beaucoup annoncé ce spectacle ! Et bien non ! On n’en fait jamais trop…

Shopping chez « El paso », le roi de la santiag. Renaud choisit la paire qu’il chaussera pour son nouveau spectacle à La Villette. « Mes précédentes bottes sont ruinées. Je nage dedans ! Il faut quand même que je puisse tenir debout sur scène ! Cela dit, je n’ai pas de look spécial pour la scène. J’ai toujours eu le même : une paire de bottes, un jean, un blouson de cuir ou un jean… »

Fin de journée, Renaud revient chercher à l’école maternelle sa Lolita. En route pour de nouvelles aventures…

   

– Et ensuite, tu te reposes ?

– Non ! Je pars en tournée pour deux mois. Une tournée mondiale ! France, Suisse, Belgique, et puis le Québec en juillet… J’ai vraiment envie d’y aller !

– Pas de vacances ?

– Entre-temps, je vais aller chercher mon bateau en Turquie pour le ramener en France… une goélette de 14 mètres ! Il faut ça… Donc, en mai et juin, je serai sur les océans déchaînés et en juillet au Québec. Ensuite, il faudra sérieusement que je pense à attaquer le disque suivant !

– Justement, quand trouves-tu le temps d’écrire ?

– Au bistrot, la nuit chez moi et surtout beaucoup pendant les embouteillages, je chante tout haut ! La la la ! Avant, j’avais un dictaphone et dès que j’avais une idée, crac, j’enregistrais ! Sinon, j’espère écrire quelques belles chansons sur mon bateau… »

Propos recueillis par J.-L. Bocquet 

Source : Salut !