A la suite de notre article intitulé « Renaud sonne le tocsin pour Ingrid Betancourt, otage en Colombie » (Le Monde du 26 octobre), nous avons reçu du chanteur Renaud Séchan, dit « Renaud », la mise au point suivante.
Le Monde, qui m’avait demandé copie du texte de ma chanson Dans la jungle, chanson écrite spécialement pour Ingrid Betancourt et tous les otages en Colombie, et chantée en public pour la première fois le 24 octobre, la résume à une unique critique des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) responsables de l’enlèvement et de la détention de Mme Betancourt et de tous ces otages politiques ou anonymes.
Vous citez abondamment les couplets de ma chanson, reflet de mes sentiments et convictions mettant en cause les méthodes, l’idéologie des FARC, mais omettez de citer les couplets relatifs au combat politique d’Ingrid Betancourt (combat auquel je m’associe) contre la corruption du président Uribe, de la majorité de la classe politique colombienne, contre les collusions notoires entre, d’une part, le pouvoir et les cartels de la drogue et du crime organisé, et, d’autre part, de ces mêmes cartels de narcotrafiquants avec les différents groupes armés, combat aussi contre la misère et la guerre qui frappent depuis trop longtemps le peuple colombien. Je n’ai personnellement jamais envisagé ma chanson ni ma participation à ce concert — – comme à ceux encore à venir (hélas…) — – ni mes propos auprès des différents médias qui me sollicitent comme uniquement conditionnés par l’aspect humanitaire (la détresse de la famille Betancourt).
Si cet aspect est prioritaire pour moi, pour des raisons affectives, humaines, il n’en reste pas moins que je suis un inconditionnel du combat politique d’Ingrid Betancourt, et tous mes actes et paroles ont toujours correspondu à ce sentiment qui m’anime.
Pour mémoire, les couplets « occultés » par Le Monde disent en substance : « Anonymes oubliés, victimes de conflits où, de chaque côté, sévit la barbarie… Des narcotrafiquants, d’un pouvoir corrompu, d’un indigne président vous payez le tribut… Alors en chantant pour toi Ingrid, je veux aussi rappeler que tu combats contre un double ennemi… »
Vous auriez pu aussi citer quelques mots du petit texte que j’ai écrit et lu en préambule de l’interprétation de ma chanson, qui disait notamment : « Puisse cette chanson frapper le coeur, s’ils en ont jamais eu, des guérilleros des FARC comme du président Uribe, puisse cette chanson tuer les fascistes qu’ils sont ! »
Le Monde
Source : Le Monde