Publié le 10-11-2023 à 18h01
Le chanteur français, qui a fait partie du jury de The Voice, est de retour avec « À 2 à 3 », un disque copieux avec un casting qui en jette. Et si de nombreuses stars sont présentes en featuring, le disque sort ce vendredi 10 novembre 2023.
Vianney n’était pas du tout stressé lorsqu’il a accordé une interview à la DH pour la parution de son nouvel album, À 2 à 3. Il était même sur un petit nuage depuis la sortie du single « Maintenant », son duo avec Renaud extrait de ce disque. « Je lis les commentaires des gens qui me suivent pour savoir ce qu’ils en pensent. Comme ils ont l’air d’apprécier, je n’ai aucune raison de stresser », confie-t-il.
À 2 à 3 devrait ravir les fans. D’abord par son contenu copieux : 19 titres ! Ensuite, par son casting : une quinzaine d’invités et non des moindres. Parmi ceux-ci, Zazie, Ed Sheeran, Kendji Girac, Bigflo et Oli, MC Solaar, Gims, Mika, mais aussi Renaud et Florent Pagny.
Un disque uniquement constitué de duos et de trios, est-ce que ça signifie que vous vous ennuyez tout seul avec votre guitare ou votre piano ?
(Rire) « Je ne m’ennuie pas. Par contre, je prends de plus en plus de plaisir depuis plusieurs années à partager la lumière. Quand j’écris pour un autre ou avec un autre, il y a quelque chose qui m’épanouit énormément. Ça me pousse aussi à emprunter des chemins auxquels je ne suis pas habitué. Parce que je me plie forcément à l’univers de la personne que j’ai en face de moi. Ça me fait progresser et quand je progresse, je suis heureux. »
C’est compliqué de composer et d’écrire en pensant à celui avec qui on va interpréter la chanson ?
« Pour moi, c’est comme si vous demandiez à un boulanger si c’est compliqué de faire des croissants. C’est son truc. Depuis tout petit, écrire des chansons, c’est peut-être ce qu’il y a de plus facile dans ma vie. »
Il y a beaucoup de monde sur ce disque. Il y a des gens avec qui il était évident que vous alliez faire un duo ?
« Ce sont tous des proches et certains le sont plus particulièrement. Je pense à Mentissa ou à Kendji Girac. Il était assez naturel de se retrouver avec eux. »
Ed Sheeran, ça s’est aussi fait naturellement ?
« Oui, ça l’était mais pour d’autres raisons, parce qu’on ne se connaît pas depuis aussi longtemps que les autres. En revanche, il y a eu une sorte de coup de foudre amical. Quand il y a cette facilité-là au premier contact et qu’une relation s’installe, on fait le bilan de nos passions et on constate qu’on en a une en commun. On s’est donc assez naturellement retrouvés à faire de la musique ensemble. »
D’autres collaborations n’ont pas été aussi évidentes parce que l’univers de l’invité était éloigné du vôtre ?
« L’univers de MC Solaar est assez éloigné du mien. Idem avec Gims. Mais j’aime bien aller vers une couleur différente de ce que je propose. Ça me nourrit, je recherche ça. Avec Bigflo et Oli, ça n’a pas été une mince affaire, parce que nous avons trois sensibilités différentes. On s’aime depuis si longtemps que nous nous sommes mis une bonne pression pour essayer de faire quelque chose de bien, à la hauteur de notre amitié. C’est une pression positive mais à un certain égard, elle paralyse aussi. Au démarrage, ça a pris un peu de temps, mais en une journée, la chanson était finie. C’était cependant moins évident. Le cerveau a bien fumé. (rire) »
Le défi, ça vous plaît ?
« J’aime me bagarrer pour trouver la solution, c’est comme un jeu. Chaque duo, c’est ça : il faut trouver le chemin à suivre. »
Il y a des artistes avec qui ça ne s’est pas fait ?
« Oui, c’est arrivé. Parce qu’à un moment donné, je n’avais plus de temps. Il y a d’autres amis avec qui j’aimerais enregistrer des chansons et ça ne pouvait pas se faire cette fois-ci. Mais faire de la musique, ça peut s’étaler sur toute une vie. Heureusement, j’ai encore un peu de temps devant moi. »
Il y en a qui ont refusé de travailler avec vous ?
« Notre métier est la plupart du temps fait de refus. Il faut savoir refuser et moi et aussi accepter que l’autre en face n’a pas la même envie que vous. Il y a des gens dont je suis proche qui n’ont pas senti que c’était le bon moment pour eux. Ou ils ne se projetaient pas dans ce style. J’entends ça tellement que je n’ai évidemment aucun problème avec ça. Ça fait partie du chemin et ça n’enlève rien à l’amitié que je porte à ces personnes. »
Vous êtes beaucoup sollicité pour écrire pour d’autres et vous dites souvent non ?
« Ça m’arrive quotidiennement. Je dis souvent à ma femme qu’aujourd’hui j’ai le cœur serré parce que j’ai encore dû dire non. Il faut savoir faire avec le peu de temps qu’on a et avec nos envies. »
À l’ouverture de la précommande de votre album, vous avez fait sauter le serveur. C’est énorme ce qui se passe à chaque fois que vous pointez le bout du nez…
« Je touche du bois mais finalement, moi, je ne fais pas grand-chose. D’accord, il y a 19 chansons, parce que j’essaye d’être généreux, qu’il y ait à manger dans l’assiette, mais ce sont les gens qui ont fait planter le site, pas moi. (rire) Je suis content de cet engouement. Je ne veux jamais me projeter, mais sur ce projet, même si j’avais imaginé un résultat, je n’aurais probablement pas été aussi ambitieux sur la connexion qu’il y a avec les gens qui me suivent. Je le ressens au quotidien. J’ai beaucoup de chance. Les chansons, c’est mon affaire, mais ce qu’en font les gens, c’est un miracle. C’est une grande source de bonheur. »
On vous a vu très ému lors de la sortie de votre duo avec Renaud. Comment s’est faite cette rencontre avec celui dont on dit souvent qu’il est ronchon ?
(Il éclate de rire) « Je ne le trouve pas ronchon mais oui, il a du caractère. Il a été d’une immense générosité envers moi. Renaud n’avait rien à perdre parce que sa carrière est largement installée. Mais il n’avait rien à gagner non plus en chantant avec moi, si ce n’est de partager un moment de musique avec un petit gars qui lui veut du bien. Cette rencontre a été naturelle. Il a dit oui tout de suite pour la chanson. Quand je lui ai proposé de changer des mots ou la mélodie, il a pris la chanson comme elle était. C’était touchant pour moi. »
Ça a été plus facile que ce que vous imaginiez ?
« Tout à fait. Parce que Renaud, c’est quand même un patron de la chanson française. Finalement, on se rend compte que ces collaborations, c’est plus simple à faire avec les tauliers qu’avec des débutants. Ces derniers sont pétrifiés par la peur de mal faire. Renaud, avec son relâchement, m’a facilité la tâche. »
Renaud qui chante vos mots, j’imagine que ça doit provoquer une grande émotion chez vous ?
« C’est bouleversant ! La première fois que j’ai entendu sa voix sur mes mots, ce sont des larmes qui se sont mises à couler et le cœur qui battait. C’est beaucoup d’émotions et un sentiment de gratitude infini. »
Cette chanson, « Maintenant », occupe une place particulière sur votre disque. C’est un titre très profond, dans lequel vous vous livrez. C’est votre « Mistral gagnant » à vous ?
« C’est un peu présomptueux de dire ça… J’ai mis beaucoup de cœur au moment de l’écrire, toute ma passion et des choses qui comptaient pour moi. J’avais envie de les dire depuis longtemps mais j’avais du mal à les exprimer. J’y suis arrivé grâce à cette chanson. Elle est très importante pour moi. Après, ce que les gens vont en faire, c’est l’histoire qui le dira. »
Autre titre marquant, le duo avec Florent Pagny. Ça envoi du lourd…
« Il faut s’accrocher, c’est certain ! Il y a des duos sur lesquels on se met en danger parce qu’en face, il y a un patron. Celui avec Florent Pagny fait partie de ceux-là. En termes de chant, Florent, c’est du très haut niveau. Il faut être concentré et mettre en valeur l’artiste qui chante avec moi sans m’effacer moi-même. C’est ce que je me dois de faire avec chacun de ceux qui collaborent avec moi. »
Il va comment Florent Pagny ?
« Visiblement, il a des ressources hors-norme et je suis content que ça s’entende sur la chanson. Je suis admiratif de sa résilience et de son esprit combatif. »
Quand on sort un album de 19 titres fait de duos et de trios, ce n’est pas un disque fait pour la scène. Impossible de réunir tous ces gens pour une tournée. C’est parce que vous avez décidé d’arrêter les tournées que vous avez fait ce disque ?
« Pas du tout. En revanche, au fur et à mesure que j’enregistrais des duos et des trios, je ressentais l’envie d’arrêter la scène. Ça a été concomitant. »
La scène, c’est définitivement fini pour vous ?
« Certainement pas. La vie va avancer et j’aurai davantage d’énergie et temps à consacrer à cet art de la scène qui est hyperexigeant. Mon problème, quand j’étais sur scène, est que je donnais absolument tout, du début de la journée à la fin de celle-ci. Et ça, ce n’est pas compatible avec toutes les époques de nos vies, notamment quand on devient papa. »
Puisque vous ne faites pas de scène, vous allez continuer comme coach de The Voice ?
« Je fais encore la prochaine saison. Pour la suivante, je n’en ai aucune idée, c’est trop tôt pour en parler. The Voice, c’est un système où chaque année on rediscute et on réfléchit. Il n’y a pas d’engagement sur plusieurs saisons. »
Que retenez-vous de cette expérience en télévision ?
« Mon bonheur se trouve dans la progression que je peux faire et cette aventure m’a beaucoup fait progresser, musicalement et humainement. Je fais des rencontres extraordinaires là-bas, des gens qui vivent un moment important de leur vie. Ce qui se passe avec The Voice, c’est très puissant. Chaque saison, ce sont de nouvelles découvertes, donc de nouveaux chemins à emprunter et de la progression en perspective. Et du plaisir, évidemment. »
Source : L’Avenir