Par Alexis Ferenczi
CULTURE – Dans la culture britannique, les années Thatcher resteront comme les plus prolifiques en termes d’artistes et d’œuvres engagés. On ne compte plus les chansons de protestations contre Maggie, devenue au fil des années et plus que n’importe quel autre dirigeant politique européen actuel ou passé, une source inépuisable de représentations.
Alexis Petridis, journaliste au Guardian tentait d’expliquer à la BBC en 2004 ce consensus anti-Thatcher: « si vous faites de la musique engagée, vous devez avoir un élément contre lequel vous opposer. »
Anti-Maggie
Dans une société en pleine reconstruction, touchée par le chômage, la guerre des Malouines, les tensions raciales et les grèves de mineurs, Thatcher aura inspiré tout une classe d’artistes aux motivations politiques. Des musiciens qui seront parvenus à transposer leur colère en chansons. Voici quelques exemples:
Après l’affirmation du mouvement punk, plusieurs groupes – The Clash, The Jam, Tom Robinson Band ou The Specials – chantent leur désenchantement et leurs rêves perdus dans des titres farouchement anti-gouvernementaux. Pendant les premières années de Thatcher à Downing Street, Paul Weller de The Jam en 1982 chante sur Town Called Malice: « Quand les larmes montent, cela suffit pour arrêter d’y croire »:
A Town Called Malice
Comme Roger Waters dans l’album The Final Cut, Elvis Costello avec Shipbuilding dénonce le conflit qui oppose l’Argentine au Royaume-uni autour des îles de l’Atlantique. Un véritable pamphlet à l’encontre de Margaret Thatcher dénonçant une guerre qui donne du travail dans les chantiers navals abandonnés mais conduit ensuite les jeunes ouvriers au combat et à leur mort.
Shipbuilding:
En 1988, Morrissey, particulièrement critique, lui consacre également une chanson explicite, Margaret on the guillotine, dans son premier album solo Viva Hate où il exprime son malaise: « j’ai eu un rêve merveilleux, Margaret sur la guillotine, parce que les gens comme toi, me fatigue tellement, quand est-ce que tu vas mourir? »
Margaret on the Guillotine:
D’autres décident de s’opposer frontalement à la Dame de fer. Iron Maiden, pour son single Sanctuary publié en 1980, choisit de représenter sur la pochette une Margaret Thatcher poignardée par la mascotte du groupe pour avoir tenté d’enlever une affiche du groupe:
Détail de la pochette:
Les Frenchies
Renaud & Thatcher:
En France, c’est Renaud qui s’en prend à Margaret avec son titre évocateur: Miss Maggie. Sorti en 1985 dans l’album Mistral Gagnant, le titre est construit autour de couplets comme: « moi je me changerai en chien si je peux rester sur la terre, et comme réverbère quotidien je m’offrirai Madame Thatcher ».
Miss Maggie:
Cinéma
L’Angleterre des laissés pour compte de l’ère Thatchérienne est le sujet de nombreux films. Les plus grands cinéastes, Stephen Frears, Ken Loach, Stephen Daldry (Billy Elliot) ou Danny Boyle (Trainspotting) ont tous abordé cette période avec plus ou moins d’humour.
De la grève de la faim de Bobby Sands, membre de l’IRA incarnée par Michael Fassbender dans Hunger de Steve McQueen au mouvement skinheads observé dans This Is England de Shane Meadows, le cinéma a passé en revue cette décennie de tensions.
This Is England:
Découvrez les différentes figures de Margaret Thatcher à l’écran dans le vidéorama ci-dessous:
Et Margaret Thatcher en musique:
Pour les utilisateurs de Spotify, retrouvez notre playlist anti-Thatcher:
Source : Le HuffPost