Vieilles Charrues. Renaud à l’émotion

Le Télégramme

Publié le 15 juillet 2017 à 00h00 Modifié le 15 juillet 2017 à 11h10

Un peu fatigué mais toujours debout, Renaud a comblé ses fans.
(Photo : Nicolas OLLIER)

Personne, pas même les fans les plus ardents, n’attendait de miracle vocal du concert de Renaud. Et en ce 14 juillet, il n’y a effectivement pas eu de feu d’artifice de ce point de vue-là. Mais l’émotion, elle, était bien au rendez-vous pour les fans.

Démarche timide, visage figé et mains tremblantes, Renaud s’affirme d’emblée « toujours debout ». Moment de flottement chez les admirateurs d’hier, un brin pétrifiés tandis que les fans de toujours exultent déjà. « Ça fait 110 concerts que je fais sur cette tournée et c’est la première fois que j’ai le trac ! », avance le sexagénaire comme pour excuser ce début de concert pour le moins balbutiant.

T’aimes pas ? Laisse béton !

La « chetron » paraît moins sauvage mais le Mister Renard reste habile. Par quelques formules bien senties, et déjà rodées sur d’autres scènes, il balaie les critiques potentielles. « Ma voix est rocailleuse, caverneuse, comme disent les journaleux. Ils pourraient ajouter généreuse : je donne tout ce que j’ai », balance Docteur Renaud avant d’enchaîner sur une pirouette : « On n’est pas ici pour écouter du Céline Dion ou du Florent Pagny ». Le message est clair. Si tu ne m’aimes pas, « arrache toi d’là, t’es pas d’ma bande, casse toi tu pues et marche à l’ombre ». 

« Avec lui, j’étais libre pour la première fois »

Bien que marqué par une vie d’excès, le Titi parisien est resté mordant. Et s’il venait à faiblir, le pote à Manu pourrait toujours compter sur sa cohorte de fans, prêts à tout pour défendre leur idole. Morgane de lui, à vie. C’est Sylvie, une Ch’ti installée à Lannion (22), qui se souvient de ses vingt balais en 1984 et de ce moment où Renaud « a donné un coup de pied dans tout l’univers coincé où j’étais : les bals mornes du samedi, la famille bien ordonnée… Avec lui, j’étais libre pour la première fois ». C’est encore Michel, au premier rang, et qui porte toujours ce bandana rouge lui rappelant ses 15 ans à Châteauneuf-du-Faou (29), « où les gens me regardaient bizarrement parce que j’écoutais « Hexagone » ». « Moi j’étais fier, rebelle », lance-t-il. Lui comme tant d’autres se foutent éperdument de la voix ; limite audible. Les faiblesses de leur héros, ils les revendiquent. « On vient voir un Monsieur, un Phénix, un écorché vif qui nous rappelle notre jeunesse », décrit Yannick.

40 ans de tubes

Porté par l’énergie de ses six musiciens et un gros chœur de dizaines de milliers de « poteaux », Renaud est parvenu à assurer le spectacle, balayant son répertoire : « Manu », « Le retour de Gérard Lambert », « Marche à l’ombre », « C’est pas l’homme qui prend la mer » mais aussi « Manhattan-Kaboul » jusqu’à « J’ai embrassé un flic », titre « révolutionnaire » de son point de vue. Sans oublier cette émotion partagée sur « En cloque » et « Mistral gagnant ». Gagnant ? Pour une large partie du public assurément.

  

Source : Le Télégramme