A LA UNE : Renaud

Paroles et Musique

N° 16, janvier 1982

A LA UNE : RENAUD

Renaud a vendu des centaines de milliers de disques… En allant à l’école, les enfants fredonnent ses chansons, et plus de trois mille lettres de « fans » lui parviennent chaque année… Il a rempli le Théâtre de la Ville et Bobino, et s’apprête à faire de même à l’Olympia… A Copenhague, un professeur cite certains de ses textes dans sa méthode de français, et les étudiants qui apprennent notre langue dans les universités américaines le considèrent, dit-on, comme un nouveau Maurice Chevalier.

Pourtant le succès n’a pas entamé sa modestie. Ni son naturel ou sa gentillesse. Et il est resté aussi timide, pudique, discret – voire secret – que lorsque je l’ai rencontré en 1975.

Amoureux des chansons réalistes autant que des bibelots de la même époque, il a affirmé ses racines en interprétant à Bobino celles que chantaient jadis Bruant, Montéhus et Fréhel. Héritier de cette tradition, il la poursuit et l’enrichit en la faisant évoluer.

Son loubard est sans doute le petit-fils des escarpes et des marlous d’autrefois, et le musette qu’il aime tant devient avec lui « le musette rock », voire le rock tout court.

Esprit méthodique et rationnel, il écrit des chansons qui généralement obéissent à des règles et des structures de construction logiques. Brassens le félicita un jour pour l’écriture et la forme de ses chansons et Marc Chevalier qui fut chanteur du T.N.P. de Jean Vilar, puis directeur de « l’Écluse » assure que ses chansons comme son tour de chant sont d’une facture classique.

Auteur par plaisir, compositeur par nécessité, interprète par provocation

« Auteur par plaisir, compositeur par nécessité, interprète par provocation » aime â répéter Renaud pour se définir. Cette devise figurait d’ailleurs en exergue du « Zonard Déchaîné », cette feuille qui servait de programme à son spectacle de Bobino, et elle contient sans doute plus de vérité qu’on pourrait le penser au prime abord…

Auteur avant tout, son répertoire se nourrit du quotidien et même des faits divers dont il témoigne dans ses chansons-caricatures qui constituent autant de reportages ou de documentaires chantés. Chroniqueur de la réalité, il exprime l’air du temps. Poète de « la zone », il s’identifie au « loubard », mais sous la violence apparente et la colère réelle perce une infinie tendresse. Tel le San-Antonio de Frédéric Dard, le personnage du loubard permet en fait â Renaud de stigmatiser l’incommensurable connerie, la lâcheté, la mesquinerie et l’intolérance de l’Homme aux pri­ses avec les convulsions d’une société impitoyable qui secrète « chômage, misère, délinquance et ennui ».

Sous l’armure du blouson de cuir, bat « un petit cœur tout bleu ». Et quand il s’invente des « castagnes », c’est probablement pour mieux les railler et conjurer ainsi les démons d’une pseudo-violence agressive et triomphante. Certes, pour les besoins de la cause, il n’hésite pas à puiser dans l’arsenal de la mythologie des loubards et au magasin des accessoires de leurs symboles. Il emprunte un système de valeurs qui lui est en partie étranger et qu’il tend en apparence à idéaliser. De même, il se forge un personnage bardé de cuir, cheveux décolorés et bras tatoués, dont les jambes arquées épousent parfaitement la forme d’une Harley. Enfin, il use d’un langage spécifique (argot ou verlan) épicé d’un accent qu’il se plaît à cultiver.

Mais sous ce camouflage perce un être fragile et tendre dont la devise personnelle pourrait être : « Ni haine, ni arme, ni violence ». Sensible, sentimental et candide, ce Renaud-là s’affirme et s’épanouit entre autres dans « Pierrot », « J’ai la vie qui me pique les yeux », « Ma gonzesse », chanson dans laquelle on relève cette confidence : « Malgré le blouson clouté sur mes épaules de velours, j’aimerais bien parfois chanter autre chose que la zone »… Dans l’album intitulé « Le retour de Gérard Lambert », « Oscar », consacré à son grand-père, est de la même veine.

Renaud promène sur le monde qui l’entoure un regard chargé de l’innocence et de la naïveté d’un enfant : Dans ma tête j’ai quatorze ans, admet-il. Il n’est pas pour autant aveugle et ses chansons témoignent aussi d’un quotidien que ronge l’alcool de tous les désespoirs.

C’est au cœur qu’il s’adresse. Dans un langage simple, direct et vivant pétri d’images et truffé d’expressions argotiques, qui irrigue des textes corrosifs et acides, grinçants et amers, drôles et parodiques, lyriques et tendres… Un cock­tail d’humour, de gouaille, d’ironie et de dérision…

J.E.


Renaud naît en 1952 avec un frère jumeau dans une famille de la Porte d’Orléans qui finira par compter six enfants…

Originaire d’une famille montpelliéraine de vieille souche protestante, son père est fils d’enseignant : Mon grand-père paternel était prof de grec â la Sorbonne. Mon arrière-grand-père était pasteur protestant. Du côté de mon père, c’était tous des pasteurs, des peintres, des écrivains, etc. Mais, moi, ce n’est pas ce que j’appelle une famille bourgeoise : la richesse était plus intellectuelle que finan­cière.

Romancier talentueux titulaire de plusieurs prix, son père doit – pour des raisons alimentaires – se résoudre à écrire des romans policiers, puis des livres pour enfants et travailler parallèlement comme traducteur chez Hachette et, par la suite, comme professeur d’alle­mand. Le salaire d’un prof pour élever six gosses, payer le loyer, l’électricité, la bouffe et les vacances, c’était pas l’opulence, mais c’était pas la misère non plus. J’ai jamais crevé de faim, mais j’n’ai pas été un enfant gâté : j’n’ai pas été éduqué dans d’Ia soie…

Sa mère, elle, est issue d’un milieu prolétaire du Nord : Mon grand-père1 maternel était un chtimi qui, dès l’âge de treize ans, fut mineur. Plus tard, il sera ouvrier : la famille de ma mère c’était qu’des ouvriers ou des mineurs.

Très jeune et jusqu’à son mariage, sa mère travaille en usine à Saint-Etienne. Une fois ses enfants élevés, elle reprendra un travail… J’suis donc un peu la synthèse de deux milieux, de deux cultures, de deux éducations : c’est certainement grâce à mon père que j’suis « auteur » et « musi­cien », et grâce à ma mère que j’ai cet amour pour le folklore de l’accordéon, des bistrots, de la rue…

A la maison, y avait deux musiques : celle de mon père – essentielle­ment de la musique classique (Vivaldi et Mozart, mes préférés avec Malher) et Brassens comme seul et unique chanteur français – et celle de ma mère qui écoutait des vieux disques de Maurice Chevalier, Piaf, Berthe Sylva, d’accordéon musette, etc., que mon père n’appréciait pas particulièrement.

De dix à seize ans, j’ai complètement rejeté l’accordéon parce que j’ai découvert les Beatles, Claude François, Johnny Hallyday… Ce n’est que par la suite que j’ai redécouvert les charmes de l’accordéon.

Quand j’étais gosse, les fenêtres de l’immeuble où on habi­tait donnaient sur un terrain vague, à côté d’un stade. Ça veut pas dire pour autant qu’j’habitais un taudis sur un ter­rain vague, mais dans un de ces immeubles assez bour­geois de la Régie de la Ville de Paris… Mes copains, avec lesquels je jouais â la sortie de l’école sur ce terrain vague, étaient du quartier ou v’naient de Montrouge et de Bagneux, et ceux-là étaient plus des mômes de la rue que nous. Nous, on l’était entre quatre et huit heures, l’heure à laquelle il fallait rentrer, s’Iaver les mains, manger et fermer sa gueule…

L’école n’a pas laissé à Renaud que de bons souvenirs : Hiver comme été, s’réveiller à sept heures et, en culotte courte, partir pour l’école, c’était déjà dodo-boulot-métro ! A l’école primaire, j’foutais pas grand chose mais j’étais pas trop nul. Ça s’est radicalement gâté au lycée, dès mon entrée en sixième, en 1963 : j’ai découvert à la fois les gonzesses, l’algèbre et les profs qui changent toutes les heu­res. A l’école, on avait une maîtresse, et on la gardait toute l’année : on avait largement le temps de tomber amoureux d’elle, même si elle était moche !

A partir du lycée, j’ai plus rien compris aux maths parce qu’ils ont commencé à mettre de l’algèbre dedans et, pour moi, mélanger des chiffres et des lettres ça a toujours été une hérésie. A + B2, pour moi, ça veut rien dire. J’ai jamais voulu admettre, j’saurai jamais résoudre ça. 2 + 2, ouais, d’accord : 4 jusqu’à preuve du contraire. Mais 2a + 2b, je cherche même pas à savoir ce que ça fait, ça fait rien…

A part le français et le dessin, peu de matières intéres­sent Renaud. Élève au lycée Gabriel Fauré, dans le Xlllème, établissement où son père enseigne l’alle­mand… On le garde tout de même jusqu’en troisième puis, comme son frère jumeau un an auparavant, on le renvoie. Il redoublera sa troisième au lycée Montaigne, en plein cœur du Quartier Latin, à cent mètres de la faculté d’Assas « bourrée de fachos », où il arrive au début de l’année scolaire… 67-68 !

Par Brassens que mon père écoutait, j’ai eu très jeune la haine du flic et, par mon père qui a toujours été anarcho-socialiste, j’ai eu tout môme, en plus de la haine du flic, celle du curé, du militaire et de l’ordre. Manque de bol, ça s’est un peu retourné contre lui, mon pauv’ père, parce qu’à la maison, c’était lui l’ordre, l’autorité, la discipline…

Quand il rentre à Montaigne, en septembre 67, il est déjà féru de politique : Depuis un an et demi, ça passait avant les études, et j’faisais déjà des manifs pour la paix au Vietnam et avec le Mouvement Contre l’Armement Atomique qui était dirigé par Jean Rostand. Avec quelques copains, il crée un Comité Vietnam dans son lycée, puis en 68, un Comité d’Action Lycéen. De distributions de tracts en piquets de grève, de cours séchés en virées en mobylettes en passant par les « boums » ratées, la scola­rité de Renaud est quelque peu fantaisiste.

J’irai plus dans vos boums
elles sont tristes à pleurer
comme un sourire de clown,
comme la pluie sur l’été.
(« La Boum », Paroles et Musique Renaud Séchan)

« Boum » ratée ou réussie, son père exige qu’il soit rentré au plus tard à minuit et, parce qu’il a les cheveux longs, il refuse de le voir à la table familiale…

Arrive Mai 68 : Pendant un mois, j’ai quasiment plus foutu les pieds chez moi, sauf de temps à autre pour donner des nouvelles. Renaud vit donc à la Sorbonne et hante les barricades : Par solidarité avec des mecs de gauche et avec les jeunes.

Il est, à cette époque, « de sensibilité anar » et a déjà lu Bakounine, Proudhon et Stirner (« L’unique et sa pro­priété », un p’tit chef-d’œuvre ! »). « Embrigadé » un temps par les maos du P.C.M.L.F. dont il est brièvement sympa­thisant, il est vite écœuré par leur intellectualisme et leur ouvriérisme et, à leurs vaines tentatives de péné­tration dans les usines, il préfère finalement le feu de l’action au Quartier Latin : J’ai vite retrouvé le drapeau noir qu’j’aurai jamais dû déserter.

Comme il veut se « rendre utile », il balaie pendant deux jours une Sorbonne qui en a bien besoin puis, dans la journée, il vend « L’Enragé » ou « Action » et, la nuit, rôde dans la vieille université occupée… Il prend contact avec le Comité Révolutionnaire d’Agitation Culturelle (CRAC), et y rencontre un type avec lequel il fonde un mouvement dissident qui ne comptera jamais plus de trois membres : le Groupe Gavroche Révolutionnaire dont l’essentiel des activités est de nature culturelle.

Le soir, dans les amphis, y’avait des mecs qui jouaient du piano, qui chantaient ou récitaient des poèmes. Moi, j’arri­vais et j’faisais un sketch de Guy Bedos parce qu’il m’faisait marrer, et je récitais mes premiers p’tits poèmes. C’est pen­dant 68 qu’j’ai composé ma première chanson et qu’je l’ai interprétée sur scène un soir, à la Sorbonne. C’était « Crève Salope », une chanson dont chaque couplet s’en prend à une forme d’autorité : paternelle, professorale, policière, religieuse. Auparavant, j’avais écrit des poèmes mais jamais de chansons avec ma guitare sur laquelle j’grattais depuis deux ou trois ans du Antoine, du Hugues Aufray et du Graeme Allwright…

Un jour, en écrivant un poème, j’avais ma guitare qui traî­nait, et j’me suis dit, j’vais essayer d’foutre une musique sur c’poème et, bizarrement, j’ai réussi. J’me suis dit : tiens, j’sais faire des chansons, j’vais en faire d’autres. Renaud ne songe cependant pas encore à en faire son métier : c’est pour lui un simple « passe-temps », une manière de répondre à l’événement. En fait, il ambitionne d’être comédien : Depuis tout p’tit j’avais toujours l’idée d’faire le clown, d’faire marrer les gens…

Mai 68 s’achève « dans la tristesse » et, un beau jour de juillet, Renaud part en vacances pour la première fois de sa vie sans ses parents. Avec trente francs en poche auxquels s’ajoutera ensuite un pécule parental de trois cents francs. En stop, sac au dos et guitare en bandou­lière. Direction la Bretagne… C’est drôle, mais à l’époque, j’partais beaucoup plus souvent en vacances que mainte­nant. Avec trois ronds, en stop ou en bécane, avec des potes. On se démerdait… Essentiellement en France, sauf de très courts voyages d’affaires à Amsterdam…

De retour à Paris, il s’évade aussitôt une nouvelle fois pour les Cévennes avec une bande de copains connus au lycée et pendant les événements de 68. Installés en plein cœur du Mont-Lozère dans une maison qu’ils « squattérisent », ils hissent le drapeau noir et fondent « une communauté anarchiste ». L’aventure tourne court : « l’amour avec la nature » s’avère quelque peu frustrant et les gendarmes du coin alertés, délogeront les intrus…

Renvoyé du lycée Montaigne, Renaud se retrouve, à la rentrée scolaire de septembre 68, élève de seconde « artistique » à Claude Bernard dans le… XVIème ! J’quittais un lycée complètement politisé – qui fut par la suite l’un des plus agités de Paris – pour me r’trouver Porte de Saint-Cloud, à côté de Neuilly, dans un lycée envahi de lodens, de p’tits cons et de p’tits bourgeois qui s’foutaient de la politi­que ou qui étaient carrément d’extrême droite. A l’excep­tion d’un mec avec lequel je crée le Groupe Ravachol dont l’activité consistait essentiellement à ronéoter un tract, tous les deux mois, pour cracher sur tout et à bomber les murs du lycée de slogans du genre « Ici commence l’aliéna­tion ».

…Camarade qui veux lutter autour du drapeau noir,
drapeau d’là liberté, drapeau de l’espoir
rejoins le combat du Groupe Ravachol
et n’oublie surtout pas qu’la propriété, c’est l’vol !
Il s’app’lait Ravachol, c’était un anarchiste
qu’avait des idées pas si folles, des idées terroristes.

Ravachol », paroles et musique Renaud Séchan).

Renaud continue à écrire des chansons qu’il chante pour ses copains, le soir, dans leurs chambres de bonne. Il fréquente toujours ses « potes de Montaigne » ainsi que son bistrot favori pour retrouver l’ambiance de Montparnasse qu’il préfère à celle de Neuilly… L’an­née scolaire se poursuit tant bien que mal : J’suis de plus en plus nul et de plus en plus cancre. J’déserte les cours à partir du mois de mars, et comme j’avais déclaré à mon prof d’anglais, qui m’avait surpris dans la rue alors que je séchais, que j’avais arrêté mes études, j’arrête effective­ ment mes études !

Ses parents acceptent qu’il reste chez eux mais à con­dition qu’il travaille : Ça tombe bien parce que j’avais découvert la bécane grâce à « Easy Rider » et j’voulais bosser aussi pour m’en payer une. Il sera magasinier, puis vendeur spécialisé dans les livres de poche, à la « Librai­rie 73 », en haut du Boulevard St-Michel, pendant deux ans et demi : De 1969 à 1971 pour payer les crédits de mes bécanes successives. Il en profite pour « combler des lacunes » et dévore tout ce qui lui tombe sous la main plus ou moins par hasard : Maupassant, Bruant, Vian, Prévert, Céline, Drieu La Rochelle, Chase, beaucoup de romans policiers et de science-fiction…

En vacances à Belle-Ile, il y rencontre fortuitement… Patrick Dewaere venu là en compagnie de son frère, le comédien Dominique Morin, et de Sotha du Café de la Gare. Les chansons de Renaud les amusent, et ils lui proposent de remplacer un comédien du Café de la Gare qui part aux États-Unis. Une aubaine pour le candidat-comédien Renaud qui « tombe de rire » en découvrant Bouteille, Coluche, Henry Guybet, Sotha, Miou-Miou, Jean-Michel Haas… C’était en 70-71, le début du café-théâtre et j’connaissais vraiment pas : j’avais foutu les pieds trois fois au théâtre dans ma vie, avec l’école pour voir du Molière à la Comédie Française… Merci le théâtre ! Au Café de la Gare, j’tombe sur le cul !

Tout en continuant à travailler à la Librairie 73, Renaud joue donc, pendant quatre ou cinq mois, le rôle de Robin dans une pièce de Romain Bouteille intitulée « Robin des Quoi », une parodie de Robin des Bois. Le comédien remplacé rentre au bercail et Renaud, « pour ne pas donner l’impression de s’incruster », retourne à sa librairie. C’est un tort car, faute de pouvoir le joindre lors d’une nouvelle escapade de ce comédien qui a la bougeotte, le rôle cette fois sera confié à… Gérard Depardieu !

Congédié de la Librairie 73 parce qu’il y arrive souvent en retard, Renaud va « refaire sa vie » en Avignon… Brève parenthèse : cinq mois plus tard, il remonte à Paris, fré­quente un peu le Café de la Gare et beaucoup Montpar­nasse :

Quand vient le soir, j’aime aller boire
un verre d’alcool à la Coupole…
La Coupole », P. et M. Renaud Séchan).

Il partage son temps entre le Bréa, son bistrot préféré proche du lycée Montaigne, et l’exercice de divers petits métiers qui lui permettent de subsister : plongeur dans un restaurant, coursier, représentant d’un maga­zine littéraire, vendeur dans une boutique de vête­ments, etc., activités qui alternent avec des périodes d’oisiveté plus ou moins longues… Il mène cette vie de bohème pendant environ deux ans, 1972 et 1973, tout en continuant à écrire des chansons mais toujours sans envisager d’en faire son métier.

Un jour, son copain Michel, le fils du patron auvergnat du Bréa, lui joue à l’accordéon tout le répertoire que sa mère écoutait quand il était enfant. J’avais un a priori contre l’accordéon qui avait bercé mon enfance mais, en entendant Michel, j’lui ai dit : c’est super, on va faire des chansons ensemble et tu vas m’accompagner à l’accor­déon. J’commence donc à composer dans ce but et, en 1973, lui et moi, on s’met à faire la manche. Moi avec le souci de gagner ma vie pour bouffer et avoir de l’argent de poche. Je chantais quelques-unes de mes chansons et des chansons réalistes, le répertoire musette aussi bien que Bruant, Montéhus, Georgius… Des chansons comme « La java bleue », « Le dénicheur », « La plus bath des javas », etc. Des chansons que j’connaissais déjà mais dont j’avais par­fois oublié un couplet ou un refrain. J’avais donc racheté des partitions et retrouvé des vieux disques pour me rappe­ler, parce que j’ai plein de souvenirs, mais j’ai pas de mémoire. Tiens, Bruant, j’sais plus quand j’I’ai découvert, j’ai l’impression d’l’avoir toujours connu.

Place du tertre : Pandore, les deux enfants et le chanteur de rue : « Défense d’afficher », mais aussi, ce jour-là, défense de chanter…

La manche marche bien parce que Renaud et son com­père rompent avec « les gratteux qui grattaient la guitare en chantant du Dylan à la terrasse des bistrots » : ils préfèrent les cours d’immeubles de la périphérie et les marchés. Renaud se souvient en effet de son enfance Porte d’Orléans : Y’avait parfois des montreurs d’ours ou de singes savants, des gitans qui jouaient du violon, des types qui chantaient accompagnés â l’accordéon… dans les cours des immeubles autour de chez moi, et les gens leur jetaient des pièces du haut des fenêtres. Il fallait donc essayer de « reconquérir ce marché » ! De plus, comme ces cours sont très petites et les murs des immeubles très hauts, l’acoustique y est formidable, et le son et la voix montent très bien et sont amplifiés naturellement. Souvent les fenêtres sur cour sont celles des cuisines, alors on y allait entre six et huit heures du soir ou bien le matin ou à midi, quand les femmes sont dans leur cuisine. On est vrai­ment tombés des nues en voyant tomber la nemo2 : on s’faisait six cents balles, en une heure, à deux… Une fois, on a même reçu un p’tit mot, plié autour d’une pièce de dix centi­mes, sur lequel un môme avait écrit d’une main maladroite : « ce serait bien si ce serait tous les jours »…

On f’sait aussi les marchés et on y recueillait un franc succès : auprès des jeunes parce que ça les changeait un peu, et auprès des personnes âgées ravies de voir deux p’tits jeunes d’une vingtaine d’années renouer avec la tradition et chanter des chansons d’Ieur jeunesse. Moi, en blouson de cuir, avec la gapette de mon grand-mère mineur… Ça plaisant bien et on s’faisait des C… en or. Ça a duré plusieurs mois… Pour la tradition et le folklore, on a même été chanter â Montmartre, mais on s’est fait j’ter !

On apprend un jour que Coluche, qui est en train de devenir une vedette, donne son premier one-man show au Café de la Gare qui a alors émigré rue du Temple. J’y assiste en ami et j’vois en arrivant dans la cour une foule de quatre cents personnes qui poirotte. J’dis à mon pote Michel : demain, on y r’tourne avec les instruments et on va leur pousser la goualante. C’est c’qu’on fait et, là, on prend encore un peu de nemo.

OSCAR

Y v’nait du pays où habite la pluie
Où quand y’a du soleil c’est mauvais présage
C’est qu’y va pleuvoir c’est qu’y va faire gris
Il était chtimi jusqu’au bout des nuages

L’a connu l’école que jusqu’à treize ans
Après c’est la mine qui lui a fait la peau
Vingt ans au charbon c’est un peu minant
Pour goûter d’l’usine y s’est fait parigot

Dans son bleu d’travail y m’faisait rêver
Faut dire qu’j’étais jeune j’savais pas encore
J’pensais que l’turbin c’était un bienfait
Bienfait pour ma gueule surtout c’est la mort

L’avait fait 36 le Front Populaire
Pi deux ou trois guerres pi mai 68
Il avait la haine des militaires
J’te raconte même pas c’qu’y pensait des flics
Il était marxiste tendance Pif le chien
Syndiqué à mort inscrit au parti

Nous traitait d’fainéants moi et mes frangins
Parc’ qu’on était anars tendance patchouli
Il était balaise fort comme un grand frère
Les épaules plus larges que sa tête de lit
Moi qui suis musclé comme une serpillère
Ben de c’côté là j’tiens pas beaucoup d’lui

L’avait sur l’bras gauche un super tatouage
Avec un croissant d’lune et une fleur coupée
La couleur s’était barrée avec l’âge
Il avait l’bleu pâle d’un jean délavé
Quand j’allais chez lui des fois d’temps en temps
J’lui roulais ses clopes avec son tabac gris
Pi j’restais des heures avec des yeux tout grands
A l’écouter m’baratiner sa vie
Vers soixante-cinq berges on lui a dit bonhomme

T’as assez bossé repose-toi enfin
L’a quitté Paname et la rue d’Charonne
Pour une p’tite baraque avec un bout d’jardin

L’a usé ses reins à casser la terre
Pour planter trois pauv’ salades trois carottes
Y r’grettait ses potes du boul’vard Voltaire
Le bistrot l’apéro les parties d’belote
Il est parti comme disent les poètes
Y s’est pas envolé comme disent les curés
Un matin d’décembre d’un cancer tout bête
L’a cassé sa pipe il a calanché
Y v’nait du pays où habite la pluie

Où quand y’a du soleil c’est un mauvais présage
C’est qu’y va pleuvoir c’est qu’y va faire gris
Il était chtimi jusqu’au bout des nuages
Il était chtimi jusqu’au bout des nuages…

(Paroles et musique : Renaud Séchan)

Un soir, Lederman, le producteur de Coluche, entend les deux compères qui, pour la circonstance, se sont adjoints un troisième complice guitariste et préposé à…passer le chapeau. Il les engage au « Caf’Conc’ » qu’il ouvre aux Champs-Elysées : en première partie de Coluche et parmi d’autres « attractions » assurées par des prestidigitateurs, magiciens, ventriloques… On les baptise « Les trois p’tits loulous » et, pour corser leur prestation, on ajoute subrepticement qu’ils… sortent tout juste de prison, ce qui, bien entendu, est faux !

Leur répertoire ? Quinze à vingt minutes de chansons musette et quelques-unes des chansons de Renaud qui s’apparentent à ce style : « Le gringalet », « La java sans joie », « La Coupole » et « Gueule d’Aminche ». Au bout de quelques semaines, le copain accordéoniste doit rejoindre une caserne : J’imagine même pas lui trouver un remplaçant, car il ne s’agit pour moi que d’gagner cin­quante balles par soir en me marrant dans un milieu qui m’plaît bien, avec Coluche. J’n’avais pas d’ambition. Pour­tant Lederman voulait nous faire signer et enregistrer un album avec des chansons traditionnelles populaires sur une face et des chansons à moi sur l’autre.

Son copain parti, Renaud continue au Caf’Conc’, comme Lederman l’y incite, mais avec son répertoire : « Hexagone », « Amoureux de Paname », « Camarade Bour­geois », etc. Un soir, une productrice d’une maison de disques indépendante l’entend : elle le présente à son associé, et tous deux lui proposent d’enregistrer un dis­que : Bof ! Pourquoi pas, ça va faire marrer les copains. C’est super ! Un trente-trois tours ? Wouah ! Encore plus super ! C’est comme ça que j’ai enregistré mon premier dis­que.

… « Renaud boit l’air de Paris depuis toujours, ouvre des yeux
plein d’innocence sur une ville qui vit encore, traîne dans les ruelles, dans les cours et sur les pavés qui n’ont pas quitté les faubourgs
quitte à dire au camarade bourgeois, au camarade fils-à-papa, de
rejoindre les rangs de la pègre et de prendre vraiment son pied. Et
puis, un peu frondeur, un peu romantique, un peu poète, il
raconte l’histoire de « Gueule d’Aminche », un gigolo d’Ia Vache
Noire qui aimait d’un amour stupide une bourgeoise des boul’vards.
Rien n’est truqué, rien n’est calculé. Seulement de la vivacité ».

(Extrait d’une chronique du premier disque de Renaud, Claude Fléouter, « Le Monde », 10 avril 1975).

Ce disque se vend à l’époque à cinq mille exemplaires, chiffre honorable pour quelqu’un qui ne veut pas faire carrière, et il a un réel impact dans « le métier ».

Par la suite, la notoriété de Renaud fera de ce premier disque un succès de vente pour lequel il recevra un disque ! Et, aujourd’hui encore, cet album continue à se vendre ! Malgré ses imperfections : A l’époque, j’étais tout jeune et tout timide, j’voulais pas être chanteur, j’voulais pas être vedette, j’y connaissais que dalle aux studios et aux musiciens… Il y avait quand même des choses qui m’plaisaient et d’autres qui m’plaisaient pas. Mais, quand j’Ie disais, on m’répondait : écoute coco, on sait ce qui marche et ce qui ne marche pas, etc. Alors, j’ai eu un disque qui, artistiquement plus que techniquement, ne m’a jamais tellement emballé. Bizarrement, beaucoup de gens considèrent que c’est mon meilleur album…

Ce premier disque sort donc en 1975. Il comporte uni­quement des chansons dont Renaud est l’auteur qui, pour la plupart, appartiennent au répertoire qu’il chante dans la rue. Lucien Gibara, qui officie à la Pizza du Marais dont il a fait l’un des hauts lieux de la chanson française, entend une chanson de ce disque à la radio, et invite Renaud à chanter dans ce lieu réputé pour ses découvertes. Pendant trois semaines, il partagera l’affiche avec Yvan Dautin.

En fait, c’est la première fois qu’il chante seul en scène : il manifeste un trac terrible; mal à l’aise, il est gauche et maladroit et, pensant que c’est un antidote, boit comme un trou avant d’entrer en scène. Chacun lui prodiguant ses conseils, il écoute les uns et les autres mais, finale­ment, ne sait plus qui croire…

« Java, valse musette, tango, Renaud chante comme dans « Cas­que d’Or », ce merveilleux film, avec en sus la langue verte de Bruant retrouvée jusque dans les rimes. Il chante mal comme ce n’est pas permis, joue de la guitare comme un pied, mais, der­rière les musiques approximatives et les textes un peu légers de ce gavroche anarchiste, on sent quelque chose à naître, en marge des grands courants de la chanson d’aujourd’hui. Délibérément rétro dans la forme, mais rétro au bon sens du terme, un rétro qui nous ramène à la chanson populaire du début du siècle.

(Extrait de la critique du spectacle de Renaud à la Pizza du Marais par Louis-Jean Calvet, « Politique Hebdo », 19-25 juin 1975).

Qu’importe les critiques : Renaud n’entend toujours pas faire de la chanson son métier. Il rêve encore d’être comédien et, en attendant, veut « s’marrer en gagnant le minimum vital pour bouffer, payer le loyer et boire » ! D’ailleurs, après ce spectacle, il végète : le jour à Mont­parnasse, la nuit dans le Marais, il traîne de la Pizza – dont il est désormais un fidèle habitué – au Bréa et tra­vaille ici et là. Entre autres à la Pizza où il est un temps barman !

Depuis 1971-72, il fréquente des « voyous » de Paris et de la banlieue : des « voyous », c’est-à-dire des mecs à blouson de cuir et des rockers qui venaient au Bréa avec tout leur folklore : le baston, le casse du siècle, la bécane… Il donne également quelques rares récitals accom­pagné au début par Jo Morage, puis par Gillou, l’accordéoniste de Pierre Perret. Avec lui, il commence, grâce au disque, à tourner un peu en France, dans les MJC et les associations, et beaucoup en Belgique.

Il « fait l’acteur », et travaille à mi-temps « comme mécano dans un magasin de motos… » En 1977, il joue tous les soirs à « La Veuve Pichard » une pièce de Martin Lamotte intitulée « Le secret de Zonga », et il chante aux Blancs-Manteaux (ex-Pizza). En octobre de la même année, son second album sort avec « Laisse béton » et, en 1978, cette chanson devient un « tube » qui le révèle au grand public. En avril 78, il triomphe au « Printemps de Bour­ges », accompagné pour la première fois par un groupe de cinq musiciens, le groupe Oze, avec lequel il effec­tue plusieurs tournées jusqu’en 1980. Le succès est tel à Bourges qu’il y est à nouveau invité l’année suivante mais, cette fois, sous le chapiteau du festival…

En mars 1979, le Théâtre de la Ville de Paris affiche complet avant même la première des cinq représenta­tions ! Un an plus tard, en mars 1980, il fait escale quatre semaines à Bobino3, et l’éloge de la Presse est una­nime. Est-ce que je suis aussi peu dangereux que ça pour que je n’effraie personne avec mes textes ? Ou bien, dire du bien de moi, est-ce leur façon de me récupérer aux gens qui sont censés ne pas m’aimer ? L’Olympia, en janvier 1982, fournira-t-il la réponse ?

« Ni haine, ni arme, ni violence »

(Ph. Rénald Destrez)

– Dans ton enfance, Porte d’Orléans, puis, ultérieurement, à Montparnasse, tu as connu et fréquenté des « voyous » mais, pour autant, la violence correspond-t-elle pour toi à quelque chose de vécu ou plutôt à une mythologie ?

– Le jour où j’ai acheté mon premier blouson de cuir noir, c’était pour faire voyou et effrayer les bourgeois, et pour m’identifier : pour avoir l’impression d’appartenir à une « race » à part. J’suis pas né avec un blouson de cuir, j’ai décidé un jour d’en porter un. Parce que j’suis bien avec les « voyous » : ils m’font marrer, y m’fascinent dans ce qu’ils ont et que j’ai pas, ils sont fous ! Et toute cette violence ! Moi qui suis pas violent, parce que j’ai pas le physique pour l’être. Pour être violent, il faut être soit barge soit fort : barge, je l’ai jamais été beaucoup, et fort, je l’ai jamais été du tout.

Mais, mentalement, j’suis comme eux dans la révolte : j’ai la même révolte qu’eux mais, peut-être, que j’aime plus la vie qu’eux… J’suis plutôt quelqu’un de doux et qui respecte les autres, j’suis même parfois fleur bleue, j’aime ce qui est romantique. Alors, il faut bien qu’il y ait le contre-pied, que je défoule ma violence quelque part et que j’exprime ma révolte. C’est essentiellement dans mes chansons. Et puis, j’me sens bien avec ces gens-lâ parce que j’ai l’impression d’être fort avec eux.

– Certains prétendent que tu es un imposteur ?

– Les gens qui disent que j’suis un imposteur, ce sont ceux qui pensent que j’ai dit une fois que j’étais un loubard, que j’avais vécu dans la zone, etc. Or, j’ai jamais dit ça. Jamais. J’ai jamais dit « je suis un loubard ». Ni dans une interview ni nulle part. Sauf dans une chanson, intitulée « La chanson du loubard », dont le texte n’est pas de moi mais porte la signature de Muriel Huster, où je chante « j’suis un loubard périphérique »… Mais c’est le texte d’une chan­son, pas mes propos.

J’ai simplement dit : j’ai un blouson de cuir, je fréquente des lou­bards, je vis un peu comme eux, j’ai les mêmes préoccupations qu’eux, j’ai les mêmes révoltes, je les aime bien, j’suis un peu fas­ciné par le baston et par la violence, j’aime bien me saouler la gueule, j’aime bien déconner, j’aime bien la bécane, j’aime bien l’amitié, les potes, j’aime bien les gonzesses… J’aime pas les flics, j’aime pas les curés, j’aime pas l’ordre établi, mais jamais j’ai dit :

« j’suis un loubard ». Pas plus que Bruant n’a prétendu qu’il était un voyou.

(Ph. P. Bertrand)

– Ton langage est-il le même en scène et dans la vie quoti­dienne ?

– Non, parce que â la télé ou dans une interview, j’fais des efforts pour parler relativement poliment : j’peux pas parler de la même manière à un copain de bistrot et à un journaliste qui m’interviewe. Mais mon langage naturel est celui que j’utilise avec mon copain de bistrot.

– Et le verlan ?

– J’connaissais le principe du verlan, mais j’I’utilisais pas, et du jour où j’me suis fait pote avec ces mecs qui rôdaient â Montpar­nasse, au début des années 70, et qui parlaient verlan, j’ai com­mencé à l’utiliser.

– Et maintenant encore ?

Ouais, avec eux, mais avec toi, non ! J’m’adapte : j’vais pas répondre en verlan à un journaliste.

– La très grande majorité de tes chansons ont pour cadre la ville : Paris et sa banlieue…

J’me vois mal décrivant un univers que j’connais pas : j’connais pas New-York, j’connais pas la province ou très peu et ça m’inté­resse pas, j’connais pas la campagne, et puis ça m’inspire pas !

– En général, tu écoutes beaucoup plus que tu ne parles : sou­ vent, tu es un peu absent et taciturne, et j’ai l’impression que tu observes tout, sans perdre une miette. Comme une éponge, tu t’imbibes du spectacle du monde, et au terme de je ne sais quelle mystérieuse alchimie dans ta tête et dans ton cœur, tu l’exprimes à ta manière dans une chanson…

– Si j’vivais dans une chambre close, sans voir c’qui s’passe dans la rue, sans regarder la télé, sans écouter la radio, sans lire les jour­naux, j’aurais plus grand chose à dire au bout d’un moment. J’suis témoin de c’qui s’passe dans mon époque, dans ma ville et dans ma rue, et c’est ça qui m’inspire mes chansons.

– Tu es marié et père d’une petite fille de dix-sept mois…

– J’te vois v’nir : marié, donc conventions bourgeoises, etc. J’me suis marié pour des raisons administratives relatives à ma gosse et pour faire une fête avec les potes.

 J’vais t’dire on est des loups
On est fait pour vivre en bande
Mais surtout pas en couple
Ou alors pas longtemps…
(« Manu », Paroles et Musique Renaud Séchan)

 – Ce n’est pas ce que je voulais savoir, mais plutôt si la vie de couple te permet de t’alimenter aussi souvent que par le passé aux sources de la vie que tu évoquais à l’instant ? N’es-tu pas devenu plus casanier ?

– (Un peu agacé) Si, si, mon pote : j’passe beaucoup moins mes nuits au bistrot qu’avant. Quand j’vivais tout seul, j’vivais peut-être plus intensément au niveau de l’action mais pas du bonheur. Plus intensément parce que je brûlais ma vie par les deux bouts. Alors, effectivement, j’avais plus de sources d’inspiration. Aujourd’hui, j’vis des trucs fabuleux mais qui, â mon avis, n’intéressent per­sonne : j’ai pas envie de raconter en chanson mes états d’âme et c’que j’vis avec ma môme et ma femme. Mais j’continue â écrire avec le même langage qui est l’un de mes langages – parce que j’peux en parler plusieurs – et, même si j’vis plus les choses en tant qu’acteur, j’en suis toujours le témoin : j’peux donc continuer à raconter tout c’qui m’touche.

De toute façon, j’étais pas l’acteur principal de toutes mes chan­sons antérieures : si « La boum » c’est du vécu 100 % avec quelques anecdotes inventées et quelques trucs drôles ajoutés pour les besoins de la chanson, dans « Adieu minette », à la fin j’chante : « J’te téléphone en PCV de Nouméa, j’suis bidasse »… J’ai pas été bidasse et j’ai jamais mis les pieds à Nouméa. Mais l’essentiel de la chanson est vécu.

Dans mes chansons, j’racontais essentiellement des choses qui m’étaient arrivées et sur lesquelles je brodais pour qu’il y ait une part d’imagination ou bien des choses qui étaient arrivées à des potes à moi, comme l’histoire que j’raconte dans « Laisse béton ». Mais dans certaines, comme « Les charognards », j’suis que témoin, pas acteur. Y’a beaucoup de mes chansons qui me sont inspirées simplement par les faits divers des journaux et par l’actualité.

– Que lis-tu ?

– Comme tout le monde… J’achète de temps en temps « Charlie Hebdo », « Hara Kiri Hebdo » et « Libé » et, parfois, j’tombe sur « Le Monde ». J’ai mes yeux pour voir et mes oreilles pour entendre, et j’suis témoin de c’qui s’passe autour de moi, même si j’suis plus casanier qu’avant. J’ai envie de chanter mon époque, de faire un peu de journalisme, de témoigner. Tant qu’y s’passe des choses, j’aurai des choses à chanter. J’ai eu peur un moment que la vic­toire de la Gauche épuise mon inspiration de révolte mais, appa­remment, non.

– Cependant, tu as eu des difficultés à écrire les chansons de ton dernier disque, « Le retour de Gérard Lambert »…

– Parce que j’suis flemmard et que j’ai eu plus envie, cette année, de m’occuper de ma môme que d’ma guitare, d’mes chansons ou d’mon public. Et puis, parce que c’est plus délicat maintenant, dans la situation où je suis, d’écrire c’que j’pense. J’me dis : com­ment ça va être interprété ? Et, donc, j’remets plus en question mes textes.

– A cause de la notoriété ?

– Oui.

– As-tu le sentiment que la notoriété, le succès et l’argent t’ont changé, t’ont abîmé ? As-tu mauvaise conscience ?

– Abîmé, j’crois pas ! J’ai bonne conscience mais comme y’s’trouve que plus j’serai célèbre, plus j’serai riche et plus j’serai en proie aux attaques et aux accusations de récupération, j’suis par­fois emmerdé parce que j’ai toujours besoin d’me justifier. Au lieu de montrer un profond mépris pour ces réflexions, j’suis toujours un peu sur la défensive. J’devrais dire aux mecs : mon pote, si j’gagne tant de pognon c’est parce que t’as acheté mon disque, parce que tes copains l’ont acheté, parce qu’il y a des dizaines de milliers de mecs en France qui l’ont acheté.

Ce fric, j’ai pas l’impression de l’avoir volé, je n’ai exploité per­sonne. J’me suis plutôt fait exploiter : il suffit de penser à ce que rapporte un album à un auteur-compositeur par rapport â ce qui revient à la maison de disques qui n’est jamais que le fabricant. Y’a plus d’un an, Polydor, ma maison de disques, faisait environ un mil­liard deux cents millions4 de chiffre d’affaires uniquement avec la vente de mes disques trente-trois et quarante-cinq tours. Actuellement, ça ne doit pas être loin de deux milliards. Y’a quelques mois, j’représentais 40 % de la production nationale de Polydor : 40 % de l’argent qui rentrait chez Polydor grâce aux ventes de dis­ques de chanteurs français provenaient de la vente de mes dis­ques.

– Qu’est-ce que tu dois payer comme impôts avec de telles ventes !

– Avant, c’était plus de 50 % de mes revenus et, maintenant, avec les nouvelles dispositions du gouvernement Mauroy sur les hauts revenus, j’crois que ça va être environ 85 %.

– Étant donné la nature de ce que tu chantes, n’y a-t-il pas une contradiction à travailler avec Polydor qui dépend de la multi­nationale Polygram ?

– Est-ce parce qu’on chante des chansons qui remettent un peu en cause la société dans laquelle on vit, l’argent, le pouvoir… et que ça correspond â des idées réelles et profondes, qu’on doit pour autant refuser de passer par une maison de disques, donc des marchands et, peut-être, un trust ? Et, si oui, comment fait-on pour s’exprimer pour le maximum de gens possible ? Si j’refuse toute maison de disques, j’dois refuser aussi la télé et la radio pour ne pas servir d’alibi aux médias, et renoncer aux hit-parades…

Si j’écris des chansons, c’est que j’ai envie que les gens les enten­dent : au début, ils étaient cinq dans les chambres de bonne et, maintenant, ils sont des centaines de milliers. Pour que l’on con­naisse mes chansons, il faut que j’me serve des moyens qui, de nos jours, sont mis à la disposition des artistes pour diffuser leur « œuvre »’. Quitte à m’faire avoir… Les gens qui aiment bien mes chansons et qui m’reprochent d’être chez Polydor et de passera la télé, ils les connaîtraient pas si j’avais refusé ces moyens-là.

– Tu ne refuses jamais des interviews ou des émissions ?

– Passer chez Guy Lux, c’est vrai qu’c’est pas ce qu’y a de mieux à la télé française en matière de variétés, mais, chez Guy Lux, je chante devant vingt millions de téléspectateurs. Je préférerais passer chez Chancel, mais il ne veut pas de moi, sinon il m’aurait déjà programmé au Grand Échiquier5.

Pourquoi refuser « L’Aurore » et accepter « France-soir », ou refuser « France-soir » et accepter « L’Express », refuser « L’Express » et accepter « Le Nouvel Obs» ? C’est un choix très délicat ! Si j’peux choisir, j’accepte aucune interview, sauf pour PM parce que c’est toi et « Libé » et « Charlie Hebdo », mais ces gens-lâ n’ont pas envie de m’interviewer. En fait, j’me pose pas ce genre de problème : des mecs viennent me poser des questions, j’Ieur réponds, que ce soient des cons, des salauds ou des mecs bien. Et si un journal interprète ou déforme mes propos, j’travaille plus jamais avec lui.

– Tu travailles avec un « agent » professionnel ?

– Oui, parce que quand j’en avais pas, le téléphone sonnait sans arrêt chez moi : c’était l’enfer. Et puis, j’sais pas négocier un con­trat, c’est pas mon métier : j’suis pas un homme d’affaires, j’suis pas un commerçant. Y’a des mecs dont c’est le métier. J’peux pas m’« vendre » puisqu’il s’agit de ça et que c’est comme ça que ça s’passe.

– Un chanteur connu c’est aussi quelqu’un que l’on sollicite beaucoup et qui, pourtant, ne peut défendre toutes les cau­ses…

(Ph. Rénald Destrez)

– J’peux pas être disponible tous les jours, et aller faire un gala de soutien, ça représente toute une organisation : quinze personnes qui, malgré leur bonne volonté, n’ont pas obligatoirement envie d’bosser gratos pour le Salvador, l’Afghanistan, la faim dans l’monde ou l’enfance inadaptée… J’suis harcelé de coups de télé­phone, et j’ai relativement souvent participé à des galas de sou­tien.

– Tu effectues donc des choix. Actuellement, quelle cause serais-tu décidé à soutenir ?

– Si tant est qu’un gala de soutien puisse soutenir effectivement une cause quelconque, quand j’vais chanter dans les prisons6, j’aide pas les prisonniers à sortir de taule et j’Ieur apporte pas d’argent non plus, mais j’ai l’impression que, pendant deux heures, ils sont heureux. C’est important pour moi, c’est concret : j’vois le résultat tout de suite. Mais, y’a tellement de luttes à soutenir ! J’suis sollicité de toutes parts – comme tous ceux qui sont un tant soit peu connus et de gauche – pour toutes les luttes, par tous les mouvements qui soutiennent toutes les causes que, moi, j’considère la plupart du temps comme justes. Alors, c’est impossible !

– Au printemps dernier, des événements politiques histori­ques se sont déroulés en France, qu’en penses-tu ?

– J’ai envie de dire d’abord que j’ai voté. Pourtant, pour un anar, voter c’est choisir son maître, faire le jeu du pouvoir et participer à cette mascarade de démocratie où l’on remplace un bouffon par un clown. Mais, même si mon bulletin de vote n’avait servi qu’à contribuer à la libération de Knobelspiess, je ne regretterai pas d’avoir voté à gauche.

Dans « Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ? », j’avais appelé à l’absten­tion : j’Ia renie pas, mais j’dis que c’était une chanson d’humeur écrite sans humour; sur un coup de cœur. J’avais envie d’être agressif : j’étais dégoûté par la politique, par c’qui s’passait en France et ailleurs, et surtout par les magouilles de la gauche au sein de la pseudo-union de la gauche et à l’intérieur du PS et du PC, et j’ai tenu ces propos qui étaient de circonstance.

C’est pas demain qu’on m’verra marcher
avec les connards qui vont aux urnes,
choisir c’lui qui les fra crever.
Moi, ces jours-là, j’reste dans ma turne.

J’ai changé d’avis depuis : on peut évoluer. Si des mecs comme moi étaient pas allés à l’encontre de leurs principes profonds pour voter, on aurait encore la loi sécurité et liberté sur le dos, la peine de mort, et Knobelspiess serait toujours en prison… et j’préfère Badinter à Peyrefitte comme ministre de la justice.

– Accordes-tu une sorte de blanc-seing au nouveau pouvoir ?

– J’accorde rien à aucune forme de pouvoir. Aucune confiance. Ce sont tous des politiciens, ils font le même métier que moi : ils veu­lent être vedette, mais ils n’ont pas forcément le talent. Y’en a qui en ont un peu plus que les autres, c’est tout !

-Tu restes donc lucide et vigilant, et prêt à écrire, si besoin est, des chansons pour dénoncer ceci ou cela ?

– Ben j’vais m’gêner tiens ! J’me méfie de toute forme de pouvoir et d’autorité. J’constate simplement qu’des mecs en ont remplacé d’autres qui étaient des voleurs et des menteurs, des truands et des arnaqueurs et que les nouveaux, j’attends qu’ils fassent leurs preuves.

– Dans son livre « Chante toujours, tu m’intéresses » (Seuil), Jacques Bertin cite un extrait d’interview que tu avais accor­dée à Viviane Mahler dans « Antirouille », et dans laquelle tu déclarais « Laisse béton », qui est au hit-parade, je l’ai écrite en une demi-heure sur une table de resto… Ce genre de propos accré­dite l’idée que les auteurs de chansons ne sont pas sérieux…

– Je persiste et j’confirme : « Laisse béton », j’I’ai écrite sur une table de la Pizza du Marais, au dos d’un paquet de Gitanes que j’avais découpé. J’avais la guitare sur les genoux et, un quart d’heure après avoir écrit le texte, j’ai écrit la musique. Donc, la chanson a été faite en une demi-heure, j’Ie maintiens.

– C’est donc le premier jet qui est le bon ?

– J’sais pas si c’est l’bon, mais j’me contente du premier jet.

– Même si elle est écrite en quelques minutes, une chanson n’est-elle pas le fruit d’une longue maturation ?

– Sûrement. Ça f’sait un moment qu’j’avais envie d’écrire une chanson qui s’appellerait « Laisse béton » parce que c’est une expression que j’emploie souvent et mes copains aussi. L’histoire me trottait dans la tête depuis un moment quand j’I’ai écrite. Fau­drait surtout pas croire que toutes les chansons que j’vais écrire sur une nappe de resto seront des « tubes » !

– Autant que tu puisses le savoir, quel est le processus quand tu écris une chanson ?

– J’gamberge d’abord le titre : l’idée générale de la chanson m’amène le titre et, quand j’ai le titre, j’ai plus qu’à sortir la chanson ! Dès que j’ai le titre, j’ai fait la moitié du boulot : c’est c’qui s’est passé pour « Laisse béton » comme pour « Ma gonzesse » ou « C’est mon dernier bal »… Souvent, j’écris d’abord le texte et, ensuite, la musique. Sauf dans mes chansons que j’considère comme les meilleures dont les paroles et la musique ont été faites ensemble.

– Au passage, lesquelles de tes chansons considères-tu comme « les meilleures » ?

– J’aime bien « Les charognards », « Pierrot », « Ma gonzesse », « Salut manouche », « HLM », « Manu », « Banlieue rouge »… Y’en a aussi que j’aime beaucoup moins qu’avant : « Sans dec », « J’ai la vie qui m’pique les yeux »…

– Il t’arrive aussi d’avoir l’idée d’écrire une chanson et d’y renoncer en cours de route…

– Sur dix chansons qu’j’écris, y’en a deux ou trois que j’fous en l’air : j’aime pas bosser sur une chanson, quand ça vient pas, ça vient pas. Par exemple, j’avais envie d’écrire une chanson au sujet de Mesrine avant son assassinat : j’I’ai écrite, puis j’I’ai relue, et elle ne me plaisait pas : j’n’avais pas trouvé les mots… J’avais pas réussi à formuler ma pensée avec assez de sensibilité, enfin, à mon avis. Alors, j’I’ai déchirée et j’m’y suis pas remis.

– Et comme il avait été tué, tu as eu peur que l’on t’accuse de démagogie si tu t’y remettais.

– J’ai peur de rien : j’ai peur que de la peur. Quand on dit que j’suis démago, j’réponds avec « Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ? ».

Tous ceux qui m’traitent de démago
dans leurs torchons qu’j’lirai jamais :
« Renaud c’est mort, il est récupéré »,
tous ces p ’tits bourgeois incurables
qui parlent pas, qu’écrivent pas, qui bavent,
qui vivront vieux leur vie d’minables,
ont tous dans la bouche un cadavre.

En France, quand tu dis qu’les flics sont des cons et que des gens applaudissent, si c’est dans un café-théâtre devant cinquante per­sonnes, t’es sincère, si c’est devant deux mille mecs, que t’as vendu plein de disques et qu’t’as gagné du pognon, t’es démago­gue. Comme si du jour où on gagne du fric, on cessait de considé­rer que les flics sont des cons…

– A tes débuts, quand on te voyait en scène on n’avait pas l’im­pression que c’était un plaisir pour toi de te trouver sur les planches, même quand tu cachais ta timidité sous le masque des gags et de l’humour de tes présentations. Qu’en est-il aujourd’hui ?

– J’avais très peur, mais j’adorais ça. Maintenant aussi mais moins qu’avant. Avec le succès et la notoriété, j’ai l’impression d’être moi aussi victime de ce pouvoir que le public prête au chanteur : la notion de leader, ça me gonfle ! J’aime bien qu’on applaudisse mes chansons mais pas que deux mille personnes m’applaudis­sent quand j’arrive sur scène avant même que j’aie chanté : ça m’fout mal à l’aise.

– Tu as « fait le comédien » à diverses reprises, et je sais que depuis que le succès te sourit tu reçois beaucoup de scénarios et de propositions de films. Veux-tu toujours être comédien ?

– Ça n’m’intéresse plus !

Serais-tu désormais chanteur avant tout ?

– Non, créateur avant tout enfin, auteur. Après les textes des « Aventures de Gérard Lambert » en BD7, j’ai envie de faire un disque pour enfants, d’écrire un polar et un scénar. Comme ça fait beaucoup d’boulot, j’vais peut-être écrire d’abord un polar qui deviendra par la suite un scénar. Et, si le film se fait, alors, bien sûr je jouerais dedans.

– Finalement, auteur et comédien plus que chanteur ?

– Au départ, j’voulais être comédien, et c’est le public qui a voulu que j’sois chanteur. Moi, j’préfère parler aux gens que leur chan­ter.

Tu dessines aussi ?

– Ça m’arrive pour le plaisir ou pour faire une pochette de disque.

-Tes dessins sont empreints de naïveté, comme ceux des enfants. J’ai l’impression que le monde de l’enfance compte beaucoup pour toi. J’ai remarqué que tu as un contact facile et naturel avec les enfants, et je crois qu’ils ont une grande importance pour toi…

– Surtout quand j’en avais pas et qu’j’en voulais. Maintenant qu’j’ai une fille, c’est toujours aussi important, mais disons que j’suis un peu plus gâté : j’ai plus besoin de « voler » les enfants des autres, j’ai le mien ! J’conçois pas qu’on puisse ne pas trouver ça important : dans ce monde-là, c’est tout c’qui reste de pureté, de beauté, de gentillesse, de naturel, de spontanéité. C’qui m’attire chez eux, c’est l’innocence ou même la méchanceté. Une méchanceté qui est saine parce que naturelle.

-Tu évoquais tout à l’heure tes souvenirs d’école : ta fille ira-t-elle à l’école ?

– J’peux pas encore l’affirmer.

– Tu as bien une idée tout de même ?

– J’crois qu’elle parlera plusieurs langues avant de savoir faire une division, tu comprends ?

– Te voilà bien énigmatique ! Dois-je déduire de tes propos que tu vas la promener beaucoup de par le vaste monde ?

– Oui, j’vais aller voir ailleurs si j’y suis et ce… sur un bateau ! Bien­tôt !

C’est curieux de la part d’un citadin impénitent comme toi – si parisien et casanier – qui chante la ville et ses banlieues, ce soudain amour du bateau, de la mer et de l’aventure…

– Trente ans de ville, ça suffit ! L’amour du bateau et de la mer, pas tellement, mais l’envie de partir avec sa maison sur le dos pour découvrir des gens et des lieux différents, oui. Toujours ! Et puis, surtout, un certain dégoût de la ville…

J’pars donc en bateau : j’sais pas où j’vais, j’sais pas combien de temps ça va durer. Pour l’instant, j’pense que j’vais partir six mois, revenir trois mois, etc., et vivre moitié à Paris – parce que j’peux pas m’en passer – et moitié ailleurs. Ailleurs, ce serait essentiellement dans les pays où y fait beau, et dans les eaux tropicales…

Dossier realisé par
Jacques ERWAN


1 Cf. « Oscar », chanson de son dernier disque, en double page central.

2 « NEMO » = MONNAIE : c’est du verlan, t’as pigé ?

3 Pour sa série de récitals à Bobino, Renaud était accompagné de nouveaux musiciens : Amaury Blanchard (batterie), Gérard Prévost (basse), Noël Séchan (guitare acoustique), Laurent Gérome (pedal-steel guitar), Patrice Meyer (gui­tare) et Jean-Louis Roques (claviers et accordéon).

4 … de centimes, évidemment !

5 Pour que Renaud participe au Grand Échiquier, il aura fallu que Frédéric Dard l’y invite.

6 Le 20 décembre 1980, Renaud a donné un récital bénévole à la prison de Melun. La seule condition qu’il avait mise était l’absence des journalistes…

7 De Renaud et Jacques Armand, décembre 1981.


La discographie de Renaud

■ 1975. Amoureux de Paname – Société tu m’auras pas – Petite fille des sombres rues – La java sans joie – Gueule d’Aminche – La Coupole – Hexagone – Écoutez-moi les gavroches – Rita – Camarade bourgeois – Le gringalet – La menthe à l’eau – Gréta. (Polydor 2393 105).

■ 1977. Laisse béton – Le blues de la Porte d’Orléans – La chanson du loubard – Je suis une bande de jeunes – Adieu minette – Les charo­gnards – Jojo le démago – Buffalo débile – La boum – Germaine-Mélusine – La bande à Lucien.(Polydor 2473 071).

■ 1979. Ma gonzesse – Sans dec – La tire à Dédé – Chtimi rock – J’ai la vie qui m’pique les yeux – C’est mon dernier bal – Le tango de Massy-Palaiseau – Chanson pour Pierrot – Salut Manouche – Peau aime. (Polydor 2473 095).

■ 1980. Marche à l’ombre – Les aventures de Gérard Lambert – Dans mon HLM – La teigne – Où c’est qu’j’ai mis mon flingue – It is not because you are – Baston ! – Mimi l’ennui – L’auto-stoppeuse – Pourquoi d’abord ? (Polydor 2473 111).

■ 1980. Album live de la 2ème partie du spectacle de Bobino (chansons de Renaud). Société tu m’auras pas – La chanson du loubard – La bande â Lucien – Ma gonzesse – Les aventures de Gérard Lambert – La teigne – Hexagone – Chanson pour Pierrot – La tire à Dédé – Les cha­rognards – Germaine/L’auto-stoppeuse – It is not because you are – Mimi l’ennui – Marche à l’ombre – Dans mon HLM – Pourquoi d’abord ? – Baston ! (Polydor 2669 059).

■ 1981. Album live de la 1ère partie du spectacle de Bobino (chansons réalistes) – LE P’TIT BAL DU SAMEDI SOIR ET AUTRES CHANSONS RÉALISTES. Lézard – C’est un mauvais garçon – Du gris – Tel qu’il est – C’est un mâle – Le p’tit bal du samedi soir – Un chat qui miaule – Rue Saint-Vincent – La java – La jeune fille du métro – La butte rouge – La plus bath des javas. (Polydor 2393 288)

■ 1981 LE RETOUR DE GÉRARD LAMBERT. Banlieue rouge Manu – Le retour de Gérard Lambert – Le Père Noël noir – J’ai raté Télé-foot – Oscar – Mon beauf – La blanche – Soleil immonde – Etudiant-poil aux dents – A quelle heure on arri­ve ? (Polydor 2393 303).


Sa bibliographie

– « Renaud sans Zikmu », (Éditions Champ libre, Paris 1980 (recueil des textes de Renaud).

– « Les aventures de Gérard Lambert » Renaud et Jacques Armand, Paris 1981 (B. D).

– Contact : c/o Artmédia,
10, av. George V,
75008 Paris.
Tél. 723.78.60

 

Source : Paroles et Musique