N° 104, avril 1986
EXCLUSIF
FRANCIS CABREL
LES COUPS DE CŒUR D’UN ROMANTIQUE DE L’AN 2000
FRANCIS CABREL |
38 | À 32 ans, Cabrel se coupe les cheveux, part pour ailleurs et nous confie ses coups de coeur. |
LA TOURNÉE DU PRINTEMPS
Francis Cabrel
LE TRIOMPHE D’UN ROMANTIQUE DE L’AN 2000
PAR PIERRE LEROUX
PARIS — La tornade Francis Cabrel, poussée par des vents véloces qui ont sillonné toute la France cet hiver (où il est classé juste derrière Sade dans le Top-2; «la meilleure position»,
estime-t-il), arrive au Québec dans un souffle de saxophone, sous une allure plus vigoureuse que jamais. Pour son dernier disque. Photos de voyages, le romantique de Toulouse (Astaffort, pour être plus précis), a complètement changé son équipe de musiciens pour obtenir une touche plus rock. Francis Cabrel, vous avez un cœur de rocker? «C’est une Expression que je n’aime pas beaucoup; disons que j’en avais vraiment marre de toujours faire le même album. J’étais un peu prisonnier de mon image de chanteur de musique douce. J’ai voulu changer tout ça…»
A Lille, dans le nord de la France, à deux frites de la Belgique, avant et après son concert Marathon de deux heures et demie (sans entracte et sans première partie), pendant que sous sa moustache, les antibiotiques combattent les séquelles d’une grippe tenace qui l’a mis sur le carreau pendant une semaine, Cabrel se confie à Québec Rock, évoque le passé, le présent et l’avenir…
Québec Rock: Tu es connu comme le plus romantique des chanteurs français, cette réputation est-elle méritée?
Francis Cabrel: C’est surfait. Dans la vie, je ne suis pas toujours comme ça. En vieillissant (il porte ses 32 ans maintenant!), je le suis d’ailleurs beaucoup moins. Romantique oui, quand je chante. Mes chansons le sont beaucoup plus que moi.
Québec Rock: En vieillissant, dis-tu… Tu as donc tellement vieilli Francis?
Cabrel: Oui, j’ai eu une adolescence qui s’est poursuivie jusqu’à 28-29 ans. Je m’en suis sorti très difficilement. J’étais resté à mes 18 ans, mélancolique avec mes idéaux en carton.
Québec Rock: Quel genre d’idéaux?
Cabrel: Tu sais, des choses comme «Tout le monde doit être heureux». Je chantais mes chansons d’amour replié sur moi-même. C’était extrêmement introverti comme truc. Je suis beaucoup plus quotidien maintenant. Plus près de la réalité. Il ne faut pas sans cesse se cacher derrière ses cheveux.
Québec Rock: Tu vas être papa en juillet, c’est vrai?
Cabrel: Oui, comment sais-tu cela? Il y a très peu de gens au courant. Je n’en parle jamais en entrevue…
Québec Rock: Chacun son métier… Comment anticipes-tu ce changement dans ta vie, puisqu’il s’agit de ton premier enfant?
Cabrel: C’est encore une façon d’assumer ses responsabilités. Je n’aurais pas pu, il y a deux ou trois ans.
Québec Rock: Tu n’aurais pas pu quand tu chantais Cool Papa Cool ou Elle écoute pousser les fleurs où à la fin, tu disais: «C’est vrai que j’ai peur de lui faire un enfant»… Pourquoi?
Cabrel: J’avais peur pour moi, pour lui… J’ai eu très peur du temps qui passe jusqu’à mes 29 ans.
Québec Rock: Et maintenant? Dans tes dernières chansons, il y a un sentiment d’apocalypse presque constant. C’est tantôt «le dernier caribou» dans Lac Huron, «Le dernier homme qui marche» ou «Chercher ailleurs des gens qui auront moins peur en espérant qu’il en reste», dans Gitans…
Cabrel: Oui, la fin du XXième siècle est horrible à vivre, mais ça va forcément aller mieux…
Québec Rock: Parce que ça ne peut pas aller pire?
Cabrel: Oui, c’est ça…
Québec Rock: Et quand tu seras papa, vas-tu faire comme Renaud avec Morgane de toi, te payer une chanson pour ton enfant?
Cabrel: Non. Ah!… Je n’en sais rien… Je ne peux pas parler de cela. Par superstition…
Québec Rock: Si on en profite pour conclure sur ce chapitre romantique, on peut te demander, pour le bénéfice de nos lectrices, ton idéal d’une soirée intime?
Cabrel: Un repas pour deux aux chandelles, devant une cheminée, avec un grand canapé et la fille qu’on aime…
Québec Rock: Tu ne vas pas remettre le vieux cliché? Si?
Cabrel: C’est uniquement une question de confort…
Fiche technique |
Date de naissance: 23 novembre 1953. Profession: chanteur romantique. Signe du zodiaque: sagittaire. Signe particulier: accent (chantant) du midi. Auteur préféré: Stendhal. Film favori: La rose pourpre du Caire (avec lequel il s’identifiait l’année dernière) de Woody Allen. Raffole de Jack Nicholson et aimerait voir L’honneur des Prizzi. Voiture: Jusqu’à récemment, un «4 x 4» de Mitsubishi maintenant que son épouse est enceinte, une Volvo. Don de la nature qu’il aimerait posséder: voler. De l’avantage d’être une «star»: «On peut s’arrêter un an ou deux et revenir. On vous attend…» Rêves: écrire dix chansons «bien» sur un même disque. «Après, j’arrête, je brûle ma guitare…» Guitares qu’il utilise présentement (à brûler quand il aura réussi dix chansons «bien» sur le même disque — voir réplique précédente): électrique: une Fender Telecaster; acoustiques: Takamine. |
Québec Rock: Et les femmes connues les plus désirables, on peut citer tes préférences?
Cabrel: (Réticences au début, puis élan volontaire…) Pour moi la plus désirable, c’est Lady Di. Et il y a aussi Margaret Trudeau et Carole Laure.
Québec Rock: Tu les as déjà rencontrées?
Cabrel: Non, les fantasmes, il vaut mieux les garder dans la tête. Que ce soit inaccessible…
Québec Rock: Et tu saurais établir les différences entre la Québécoise et la Française? (Déjà, on peut sentir un attachement aux Québécoises dans sa réponse, puisque une femme sur les trois les plus désirables, selon lui, est du Québec…).
Cabrel: Non, je ne peux pas… Écoute, je suis mariée à une Française…», dit-il comme une réplique à la Félicien Marceau… Comme si ça coupait court…
LE ROCK SE BALADE
Pour faire son disque, Cabrel a donné un coup de barre au gouvernail. Des musiciens neufs, neufs, neufs. Puis, s’il a repris l’essentiel de son ancienne équipe pour la tournée, il lui a aussi insufflé une nouvelle âme, et l’on retrouve un nouveau claviériste, un saxophoniste (Michel Gaucher) et un autre bassiste, Pascal Arroyo, qui a œuvré dix ans pour Bernard Lavilliers. Le batteur, Roger Secco, a pour sa part travaillé beaucoup avec Balavoine (qui, depuis sa mort au Paris-Dakar, pulvérise tous les palmarès de ventes de disques) et le guitariste, Jean-Pierre Buccolo, a écrit la musique du tube de Renaud, Miss Maggie qui, selon les coulisses, devrait être repris par Springsteen très bientôt, si ce n ‘est déjà chose faite au moment où paraîtront ces lignes. Et à la sono, il y a José Tudéla (de Régiscène) qui a été le sonorisateur de Julien Clerc. Pour le claviériste Jean-Yves Bikyalo, la métamorphose Cabrel, ça tient surtout au fait que pour la première fois, en face «A» d’un 45 tours, il ait misé sur un tube, Encore et encore, un peu plus musclé. Bref, Cabrel, depuis qu’il s’est fait couper les cheveux, s’est assuré un entourage différent, plus «punché», très distinct en tout cas de l’époque où il venait au Québec armé uniquement de sa guitare sèche.
Québec Rock: Cabrel, de plus en plus rock?
Cabrel: Au fond, je suis un père tranquille de la musique. Je ne suis pas vraiment un rocker. Pour moi, un rocker c’est un type qui vit dans un hôtel minable; sa femme l’a quitté et il boit du whisky en s’écorchant la voix avec des cigarettes.
Québec Rock: C’est Tom Waits, les chansons de Tom Waits. Drinking Chivas Regal in a four dollar room…
Cabrel: Oui, tout à fait. Moi, je ne fume pas, ma femme m’aime et j’ai du succès.
Québec Rock: Tu n’es donc pas un rocker?
Cabrel: Non, j’ai quelques textes tendus, mais c’est tout…
Québec Rock: Il y a quand même eu une métamorphose dans tes musiques…
Cabrel: Oui, mais j’en avais assez de faire toujours le même disque. J’ai voulu faire plus ce que j’aimais. Être doux, mais aussi piquer des colères violentes. L’essentiel, c’est que ma compagnie de disques (CBS) m’ait laissé faire et que le disque soit sorti.
Québec Rock: Comme ça, les disques précédents, c’était toujours la même chose? Qu’est-ce qui t’empêchait de te renouveler?
Cabrel: Oui (à la première question). J’avais peur. Je me disais et on me répétait constamment: «Les gens t’aiment parce que t’es doucereux». Aujourd’hui, je ne me pose plus trop de questions. Je fais ce que j’aime et j’assume. C’est plus simple comme ça.
Québec Rock: Le look a changé tout de même…
Cabrel: Il y a eu toujours des chansons plus «baston». Les gens qui connaissent mes albums le savent et je me méfie des ventes de 45 tours pour savoir qui est mon public. Ceux qui achètent mes 45 tours butinent souvent d’un chanteur à l’autre. Ce qui est plus vrai, ce sont les 250 000 disques que je viens de vendre en trois mois. Il vaut mieux avoir une fidèle cohorte de gens. Pour le look, ça m’a pris il y a trois ou quatre ans de me couper les cheveux. J’ai réalisé que je n’avais plus 15 ans, mais que j’allais en avoir trente…
Québec Rock: Quand on pense à la grande chanson française, et plusieurs qui aiment la valeur de tes textes estiment que tu participes à ce mouvement, on songe à Ferré, Brel, Brassens et compagnie… Crois-tu marquer ton époque comme eux l’ont fait et comment te compares-tu à ces géants?
Cabrel: Je n’ai aucune parenté avec ces gens-là. Je n’ai rien à voir avec eux. Je chante dans la même langue, mais musicalement, j’aime pas ça. Moi, j’ai grandi en écoutant James Taylor, Bob Dylan et Leonard Cohen.
Québec Rock: C’est encore ce que tu écoutes?
Cabrel: Maintenant, j’aime bien Peter Gabriel ou des groupes comme The Cure ou Men at Work…
Québec Rock: Tu ne vas pas chanter en anglais? Déjà, il y a une partie dans Désespérado… en anglais et tu introduis la chanson en disant: «Thank you very much. Ma prochaine chanson, je l’ai composée dans une ville du midi de la France…» Tu ne penses pas au marché américain?
Cabrel: Je me fous des États-Unis. Ça n’existe pas pour moi. Il y a 120 000 000 de francophones sur Terre, c’est amplement suffisant pour moi. Il y a une quinzaine d’endroits sur la planète où on peut chanter en français…
Québec Rock: Et que penses-tu de ceux qui chantent en anglais? Au Québec, par exemple, à l’Empire des futures stars, qui est un portrait de la relève, les quatre groupes qui ont fait la finale l’année dernière, bien que tous francophones, chantaient en anglais.
Cabrel: Chanter en anglais, s’ils sont français, c’est une erreur, même si ça peut être aussi plus facile.
Québec Rock: Et traduire des textes anglais?
Cabrel: J’ai déjà fait, mais les traductions, ça ne colle pas vraiment…
Québec Rock: Depuis que tu fais des textes plus «tendus», comme tu dis, il semble que ton écriture s’en ressente, en souffre un peu, que tu répètes souvent sept fois de suite la même phrase…
«Et comment voulez-vous qu’il arrive à écrire
Si vous faites tout ce bruit autour
Tout ce bruit Tout ce bruit autour
Tou-bi-di-bi-dou-ti-bi-di-bi-dou-pap-Hey!
Qu’est-ce je viens de dire?
choristes: Ailleurs, ailleurs
Qu’est-ce que je viens de dire?
choristes: Ailleurs, ailleurs
Que j’étais ailleurs, ailleurs, ailleurs, ailleurs
choristes: Ailleurs, ailleurs
Qu’est-ce que je viens de dire?
choristes: Ailleurs, ailleurs, ailleurs, ailleurs
Que j’étais ailleurs, ailleurs, ailleurs, ailleurs
choristes: Ailleurs, ailleurs
Qu’est-ce que je viens de dire?
choristes: Ailleurs, ailleurs
Que j’étais ailleurs, ailleurs, ailleurs, ailleurs»
(encore plusieurs fois… bis!)
Titre de la chanson: Qu’est-ce que je viens de dire?
Cabrel: Le fait de réécrire les mêmes mots, ça fait partie de la «gimmick»… C’est plus facile pour garder le rythme…
Québec Rock: Par paresse alors?
Cabrel: Non et je pense que de toute façon, mes textes ont suffisamment de mots comme ça… Ça n’arrive pas si souvent de toute façon…
L’AVENTURE QUÉBÉCOISE…
Cabrel a fait ses débuts au Québec, seul avec sa guitare sèche, à l’Évêché de l’Hôtel Nelson il y a six ans, devant une cinquantaine de buveurs de bière. Aujourd’hui, ses disques se vendent comme des petits pains et ce mois-ci, il s’exécute pour la sixième fois avec son groupe entier maintenant. Une tournée d’un mois complet qui débutera à Trois-Rivières le 4 avril, qui sera suivi d’un passage au Théâtre Saint-Denis (à Montréal) du 8 au 12, puis, après un périple en province, retour au Saint-Denis (le 30 avril et le 1er mai) et un saut final à Ottawa, le 2 mai.
Québec Rock: Comment expliques-tu ton succès retentissant au Québec?
Cabrel: C’est peut-être parce que je suis venu au Québec au début, seul avec ma guitare à l’Évêché… J’y tenais beaucoup, maintenant, je connais bien. J’ai tourné, à l’époque, avec Pierre Bertrand et Valiquette.
Québec Rock: Que penses-tu de la compétition? Des autres chanteurs français qui marchent fort au Québec aussi. Comme Renaud, Jonasz, Lavilliers, Gainsbourg et cie?
Cabrel: Renaud est un maître. C’est mon idole dans la langue française. Il a une chose que je ne saurai jamais faire, c’est être drôle en chanson. Moi, je sais juste être tendre. Il a plus d’armes que moi.
Québec Rock: Tu as aimé quand il a écrit Ma chanson leur a pas plus en te citant, disant que tu avais refusé une de ses chansons…?
Cabrel: Oui, oui, j’ai été très flatté. C’est celui qui écrit le mieux…
Québec Rock: Tu crois que ton accent y est pour quelque chose dans la sympathie qu’ont pour toi les Québécois?
Cabrel: Peut-être, oui…
Québec Rock: Et les expressions québécoises?
Cabrel: «Au boutte du boutte»… (Et il imite, les lèvres bien repliées: «Boubou vous revient dans trrrois minutes…»).
Puis, Cabrel saute sur la scène du palais des Congrès de Lille. Il débute avec sa lyrique Lisa (dernier disque):
«Lisa, en barque de papier
Dans le grand bassin bleu
Tes premiers pinceaux de noir pour les yeux
Tu disais souvent
On vivra ailleurs
Je courais me cacher
Quand je voulais que tu pleures…»
Et il enchaîne avec de plus vieilles chansons dont L’encre de tes yeux, Petite Marie, Elle écoute pousser les fleurs (en dernier) et alterne avec des plus récentes: Tourner les hélicos, Gitans etc. Cabrel bouge mal, les fauteuils sont profonds, les spectateurs bien assis et les répliques entre les chansons tombent à plat, manquent de couleurs. Puis, tout cela se réchauffe, les éclairages fixent son visage dans ses solos, la magie commence à agir, les briquets s’allument, l’orchestre suit. Cabrel gagnera encore, pendant qu’à l’extérieur, on fait tourner le car, car la route est longue pour cette tournée et il y a le Québec qui attend… ■
LE BACKSTAGE DU ROCK CAMEMBERT… |
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Paris — Selon la légende du rock, dans les coulisses d’un concert, backstage, comme on dit dans le jargon, avant de sauter sur scène, les rockers s’éclaircissent la voix à la faveur de solides rasades de whisky et jurent comme des charretiers dans la langue de Springsteen, tout en accordant leurs Gibson et en préparant des plans d’enfer pour l’après-spectacle, quand ce n’est pas déjà commencé, car ça ne s’arrête jamais vraiment ces choses-là…
La réalité n’est pas toujours aussi blanche, mais le vieux motto, «Sex, Drugs and Rock’n’roll» demeure une constante que bien peu de rockers américains ou britanniques sont prêts à trahir… Dans les coulisses de la tournée Cabrel, le rock parle français, boit de l’eau d’Evian et si l’on désire s’envoyer un casse-croûte, on vous apporte gentiment un sandwich au camembert! Vous dire le changement! Après avoir été habitué à entendre hurler les producteurs américains dans un «slang» étudié, ouïr la merveilleuse productrice Jacotte Churlet rappeler Radio-Cassis ou Radio-Cocktail, s’enquérir des laissez-passer pour les mecs de la promo ou Michel, le régisseur, piquer une sortie contre les ploucs qui installent la sono, |
Cabrel ne participe pas, plusieurs décibels s’en faut, à la vogue des «hard rock’n’rollers», mais toute l’infrastructure de sa tournée tient de l’organisation des équipées des grands groupes.
Une quinzaine de techniciens (la moitié seulement le suivront au Québec) accompagnent Cabrel et ses sept musiciens à chacun de ses périples. Une cantinière prépare un buffet froid (charcuterie et vin) pour les chantres, des plats chauds pour les costauds qui doivent monter et démonter la scène après chaque étape. Sur le plan technique, deux camions entiers d’équipement suivent chaque déplacement du clan Cabrel tout au fil de la tournée. Une anecdote de voyage: cet hiver, à Orléans, lors d’un périple en France, c’est le producteur québécois du spectacle, Paul Dupont-Hébert, qui a retrouvé la route pour l’équipe perdue dans le blizzard d’une tempête de neige. Une question d’instinct, sans doute… Cela pour souligner que dans la tournée Cabrel, tout s’apparente à une grande odyssée rock (par la formule, sinon par la musique) et que, en coulisse, les choses conservent, en dépit de tout, un séduisant accent du midi… Fini les hot-dogs, bienvenue au «rock camembert». |
Source : Québec Rock