N° 2192, décembre 2023
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Par Olivier Bousquet
« Renaud, né sous le signe de l’Hexagone »
Le dessinateur Gaston et Bertrand Dicale signent une biographie dessinée pétrie d’amour sur le chanteur qui a fait son retour sur scène cette année.
C’était cette année, et c’était plutôt rude. Voir Renaud avancer d’un pas hésitant pour atteindre le milieu de la scène, micro en main. Et puis cette voix gutturale, usée par les excès de la vie, donnant à ses textes une couleur d’outre-tombe. Le tour aux allures de retour s’appelait « Dans mes cordes », jeu de mots sur l’orchestre à cordes qui l’accompagnait et sur ses fameuses cordes vocales qui, elles, ne l’accompagnaient plus. La volupté des instruments à vent contre la rugosité d’un chant perdu sans doute à jamais, comme deux mondes qui, contre vents et marées, avaient décidé de cohabiter malgré tout. C’était beau et horrible, horrible et beau. Et ça donnait un peu envie de chialer. Renaud, né sous le signe de l’Hexagone débute par cette collision entre un être et son néant. Pour le dessinateur Gaston, présent dans la salle de La Scala, le choc est rude. Mais l’homme est attaché à Renaud pour la vie, comme tous ceux qui, dans leur prime jeunesse, ont découvert ses chansons et, depuis, ont vécu avec, comparant leurs tourments, leurs amis, leurs amours et leurs emmerdes aux textes du chanteur blond. En duo avec Bertrand Dicale, il retrace alors le parcours du titi parisien fan de Brassens et n’élude rien au passage. Voix de toute une génération, Renaud y apparaît dans toute sa fragilité, son humanité. De quoi l’aimer encore plus.
Source : VSD