Jean-Marie Le Pen, Hugues Aufray, Louis Pauwels, Bernard-Henri Lévy et le « Libé »

Dans sa chanson humoristique Chanson dégueulasse, Renaud mentionne plusieurs personnalités publiques (incluant un jeu de mots avec le chanteur Hugues Aufray) ainsi qu’un journal :

Comme un gars qu’aurait bouffé du vautour
Roulé des galoches a un troupeau d’hyènes
Y r’foulait du goulut comme si d’puis toujours
Il’avait embrassé les idées d’Le Pen

Il aimait Julie et la Julie donc
L’aimait en retour, elle qui jamais
N’avait pu conquir le cœur de quiconque
Accepta l’amour que le Hugues offrait     [« Hugues Aufray »]

Comme quelqu’un qu’aurait marché sur la tête
A Ducon-Pauwels ou à B.H.L.

Comme quelqu’un qu’aurait taillé ses chaussettes
Dans un vieux Libé aux pages culturelles

Jean-Marie Le Pen est un homme politique français né le  à La Trinité-sur-Mer. Il participe en 1972 à la fondation du Front national (FN), dont il prend la présidence.

Classé à l’extrême droite, il fait de la critique de l’immigration son principal axe de campagne et fait émerger le Front national sur le devant de la scène politique dans les années 1980. À cinq reprises, il est candidat à une élection présidentielle. Après avoir obtenu un résultat très faible en 1974, il se hisse par trois fois en quatrième position du premier tour (en 1988, 1995 et 2007). À la surprise générale, il accède au second tour du scrutin de 2002, à l’issue duquel il obtient 17,8 % des suffrages exprimés face au président sortant, Jacques Chirac, qui bénéficie d’un « front républicain ».

Sa fille Marine Le Pen lui succède en 2011 à la présidence du Front national, dont il devient président d’honneur. Il est exclu du parti en 2015 à la suite de déclarations polémiques, dont sa carrière politique est jalonnée et qui lui valent en particulier des accusations de racisme et d’antisémitisme. Il crée les Comités Jeanne en 2016 et reste président d’honneur du FN jusqu’en 2018. Il quitte son mandat de député européen en 2019, après 34 ans passés au Parlement européen et 63 années en politique.

Voici une interview de Léa Salamé avec Jean-Marie Le Pen diffusée sur France Inter le 2 octobre 2019, à l’occasion de la sortie du tome II de ses mémoires, « Tribun du peuple » :

Hugues Jean-Marie Auffray, dit Hugues Aufray, est né le  à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Il est auteur-compositeur-interprète, guitariste et sculpteur français. Souvent poétiques, ses chansons évoquent les voyages, l’amitié, la fraternité, le respect.

En 1945, Hugues Aufray rejoint son père à Madrid, il est élève au Lycée français. Il demeure trois ans dans cette ville, puis regagne la France et commence à chanter en espagnol. Puis très vite, il interprète les chansons de Félix LeclercGeorges BrassensSerge Gainsbourg et d’autres chanteurs. Auteur de nombreuses chansons dont il réalise parfois les arrangements ou la musique, il en co-signera beaucoup avec les paroliers Vline Buggy et Pierre Delanoë, mais aussi Jacques Plante, Claude Morgan, etc. Hugues Aufray puise également son répertoire dans le folklore espagnol, anglo-saxon et latino-américain, ainsi que dans le blues et le rock. 

Certaines de ses chansons sont très connues et font désormais partie du patrimoine français, comme CélineStewballHasta LuegoAdieu monsieur le professeurLe Rossignol anglaisLes Crayons de couleurL’ÉpervierDès que le printemps revient ou Santiano. Il est le premier chanteur français à adapter les chansons de Bob Dylan

Voici une vidéo d’Hugues Aufray en 1966 interprétant sa chanson devenue un classique, Céline :

Louis Pauwels était un journaliste et écrivain français, né à Paris le  et mort à Suresnes le .

Rédacteur en chef de Combat en 1949, il dirige ensuite le mensuel Marie-France, puis fonde avec Jacques Bergier la fameuse revue Planète, consacrée à la science, à la philosophie et à l’ésotérisme, qu’il dirigera pendant six ans. L’amour monstre écrit en 1954 et Le Matin des magiciens, co-écrit avec Jacques Bergier en 1960, constituent ses œuvres majeures. En 1978, il fonde le Figaro Magazine dont il prend la tête jusqu’en 1993. 

En 1986, à Paris, il se déconsidère auprès des cercles journalistiques et universitaires en qualifiant de « jeunesse atteinte d’un sida mental » les étudiants manifestant contre le projet de loi Devaquet visant à réformer les universités françaises :

« C’est une jeunesse atteinte d’un SIDA mental. Elle a perdu ses immunités naturelles : tous les virus décomposants l’atteignent. Nous nous demandons ce qui se passe dans leurs têtes. Rien, mais ce rien les dévore. Il aura suffi de cinq ans pour fabriquer dans le mou une telle génération. Serait-ce toute la jeunesse ? Certainement pas. Osons dire que c’est la lie avec quoi le socialisme fait son vinaigre. » (paru dans Le Figaro-Magazine en décembre 1986)

Voici une interview de Louis Pauwels avec Thierry Ardisson datant de mars 1989, dans l’émission « Lunettes noires pour nuits blanches » (avec une courte discussion à propos de Renaud durant la dernière minute) :

Bernard-Henri Lévy, souvent désigné par ses initiales BHL, est né le  à Béni Saf (Algérie). Il est un écrivain, philosophe, cinéaste, romancier, essayiste, dramaturge, homme d’affaires, intellectuel et chroniqueur français.

Depuis la parution de son premier essai La Barbarie à visage humain en 1977, il est une figure influente de la scène politique, philosophique, médiatique et littéraire française, à travers son implication dans de nombreux sujets politiques, diplomatiques et de société. Initiateur du mouvement des nouveaux philosophes dans les années 1970, dont il demeure la figure emblématique, son action, ses opinions et ses publications font l’objet de nombreuses controverses en France essentiellement.

Auteur de pièces de théâtre et de deux romans pour lesquels il a reçu le prix Médicis en 1984 et le prix Interallié 1988, chroniqueur et cinéaste, il est fondateur de l’Institut d’études lévinassiennes en 2000 avec Benny Lévy et Alain Finkielkraut, et dirige depuis 1990 la revue qu’il a fondée, La Règle du jeu.

Il fait l’objet de très nombreuses critiques, autant de la part de certains de ses pairs que de personnalités politiques, médiatiques et artistiques. Celles-ci portent principalement sur son travail philosophique, ses réseaux de soutien, son activisme sur les questions géopolitiques ainsi que sa posture et sa personnalité.

Bernard-Henri Lévy a été, plus que n’importe quelle autre personnalité publique, victime d’entartages en Belgique et en France (on compte huit « attentats pâtissiers » entre 1985 et 2015). Lors du premier en 1985, il renversa son agresseur, Noël Godin, pour lui intimer ensuite, alors que celui-ci était maintenu au sol par plusieurs hommes : « Lève-toi ! Lève-toi vite, ou je t’écrase la gueule à coups de talon ! » Cette réaction, filmée, a été largement diffusée et moquée, notamment par Coluche et Pierre Desproges, pour qui elle révèle « la vraie nature des cuistres » ; elle lui a également valu une chanson de Renaud, L’Entarté. Renaud lui reproche entre autres sa surmédiatisation, sa prétention et son manque d’humour :

Bernard-Henri Lévy était l’invité de Nicolas Demorand et Léa Salamé le 1er juin 2020 dans l’émission « Le Grand Entretien » (sur France Inter) à l’occasion de la publication de son livre, « Ce virus qui rend fou » :

Il s’agit du journal Libération. Un article très méchant à son égard de Serge Loupien et Bayon (Bruno Taravant), intitulé « Séchan séché », avait été publié le 1er mars 1986. En voici quelques extraits :

Si Renaud Séchan est si déplorable, ce n’est pas parce qu’il joue au rouge, ni parce qu’il est esthétiquement trois fois nul et non avenu (auteur compositeur interprète), c’est parce qu’il est faux comme les blés (qu’il ramasse) : de la pointe des cheveux à celle des santiags, en passant par « l’accent »

Il y a quelque chose qui ne va pas avec Renaud. Renaud Séchan. C’est l’accent. Selon des témoins indiscutables – dont on comprendra aisément qu’ils conservent l’anonymat – Renaud n’avait pas du tout l’accent lorsqu’il a fait ses débuts discrets à la Pizzeria du Marais.

C’était juste un chanteur « à texte », violemment influencé par Pierre Perret (et Pierre Perrin aussi d’ailleurs : le Clair de lune à Maubeuge) qui avait constaté qu’en jouant deux accords de guitare derrière ses poésies, il arrivait au moins – phénomène – à capter l’attention de trois consommateurs le temps d’une « Quatre saisons ». Un Duduche à sa gragratte, comme il y en avait tant à l’époque, qui, en toute logique esthétique, aurait dû en rester là ; au chaud entre Montparnasse Bienvenüe et Strasbourg Saint Denis (la ligne des Miracles), avec ses bouts rimés et ses copains et sans accent.

Quand il ne déclinait pas à la Pizzeria du Marais, il poursuivait Hugues Aufray, son idole, pour lui caser ses « compositions » (anecdote croustillante attestée par le découvreur de Dylan en France lui-même) ; il envoyait des lettres de menace à Champ Libre qui avait eu le culot de refuser ses poèmes et, à l’occasion, il servait de faire-valoir à Henri Guybert, Miou-Miou, Coluche son ami, Romain Bouteille ou, bien sûr, Patrick Dewaere, la vraie star, du Café de la Gare : hallebardier, corbeau au petit pied, chanteur à sébile, selon la saison… Mais d’accent, point !

Et pour cause : à la maison, on mangeait plutôt le petit doigt en l’air. C’était déjà une autre chanson que ce style Ténardier-Légo (via Higelin / Capdevielle et autres ravaudeurs de Java des chaussettes à clous recyclés dans la goualante pseudo-rock) une autre rengaine que ce genre néo-rue de Lappe encanaillé sur mesures, que le gars affiche aujourd’hui, à plein Zénith. Surtout pas l’accent ! (- Et tes mains sur la table, s’il te plaît !)

Petit-bourgeois moyen quoi ; classique. Le papa enseignant, la mère… de famille. Là-dessus, histoire de s’émanciper, toujours normal, on se laisse pousser le cheveu (rigoureusement marron à l’époque et pas péroxydé chochotte à la Sting, comme aujourd’hui : autre problème, ça tiens, le mèche à mèche !). Et pour faire beatnick, comme Polnareff, avoir la cote avec les touristes du « Luco » des monômes, on traîne savates et guitare sur les marches du Sacré-Cœur : mais l’accent, eh bien, désolé, il tire le nez vers N.A.P. (Neuilly Auteuil Passy), pas vers la Butte ! Rien à faire. Gros lézard, là…

Jusqu’au plafond d’absurdité nullarde, jamais imaginé dans l’histoire, inanalysable et exténuant, de Morgane de toi : même accent, nouveau son de cloche. Pantruche sur Los Angeles, via clip pédéraste complaisant de la rue de Verneuil. Toujours plus rase-béton, si possible, le niveau, de Déserteur revisiteman (rédigé avec les pieds), en Baby Sitting Blues infantile (chanté avec les genoux) ; toujours plus hauts les scores (ventes au-dessus du million, contrat au-dessus du milliard). Et ce n’est pas fini-Nini (ça recommence !).

Et l’ééééhcceennt éééééhllleurrr ? !

Renaud n’avait évidemment pas apprécié… Il en a discuté durant une interview pour CANAL+ le 9 avril 1986, sur le plateau de tournage du clip pour la chanson « Mistral gagnant ». Il s’agissait d’une l’interview sans montage, qui n’a probablement jamais été diffusée en entier (peut-être à cause des forts bruits de coups de marteaux sur le plateau !). Plusieurs sujets furent abordés, incluant cet article du journal Libé. Renaud avait déjà imaginé une vengeance en chanson sur son prochain album, qui se matérialisa avec « Chanson dégueulasse » parue sur « Putain de camion » en 1988 :

Comme quelqu’un qu’aurait taillé ses chaussettes
Dans un vieux Libé aux pages culturelles

Voici l’extrait d’interview en question :