Le retour de Gérard Lambert est le cinquième album studio de Renaud sorti en novembre 1981. Les chansons Manu et Mon beauf’ ont eu un grand succès commercial. L’album y inclut également la chanson Soleil immonde, entièrement composée par Coluche.
Le titre est inspiré par la chanson Les Aventures de Gérard Lambert, sortie l’année précédente. Le personnage de Gérard Lambert est inspiré de l’acteur Gérard Lanvin.
Voici la pochette du 45 tours extrait de l’album :
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Devenu chanteur populaire un peu malgré lui, Renaud fait maintenant parti de la nouvelle génération montante de la chanson française. Atteignant la trentaine, le chanteur prend quand même un peu de recul par rapport à ses révoltes du début, et s’attache plus à dépeindre ce qu’il voit ou ce qu’il imagine de la vie de certains. Avec cet album, il dénonce tour à tour la drogue (dans « La Blanche »), la bêtise humaine (dans « Mon beauf’ ») et rend hommage avec tendresse à son grand-père « Oscar », mineur de fond.
- Banlieue rouge
(Renaud Séchan)
Elle crèche cité Lénine
Une banlieue ordinaire
Deux pièces et la cuisine
Canapé frigidaire
Préfér’rait habiter
Cité Mireille Mathieu
Au moins elle sait qui c’est
Pi c’est vrai qu’ça fait mieux
Sur les cartes de visite
Qu’elle utilise jamais
Ça mettrait du ciel bleu
Sur les quittances de gaz
L’en parl’ra au syndic
Si elle a une occase
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y’a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue
c’est toujours gris
Comme un mur d’usine
comme un graffiti
Elle a cinquante-cinq ans
Quatre gosses qu’ont mis les bouts
Plus d’mari pas d’amant
Et pi quoi des bijoux ?
Y’a bien qu’son poisson rouge
Qui lui cause pas de soucis
Encore que y’a des nuits
Quand elle l’entend qui bouge
Elle s’lève pour aller l’voir
Des fois qu’y s’rait parti
Après c’est toute une histoire
Pour s’rendormir ouallou !
Elle essaie Guy Des Cars
Mais elle comprend pas tout
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y’a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue c’est toujours la zone
Même si au fond d’ses yeux y’a un peu d’sable jaune
Elle travaille tous les jours
Elle a un super boulot
Sur l’parking de Carrefour
Elle ramasse les charriots
Le week-end c’est l’enfer
Quand tous ces parigots
Viennent remplir l’coffre arrière
D’leur 504 Peugeot
De quinze tonnes de lessive
De monceaux de bidoche
En cas d’guerre en cas d’crise
Ou d’victoire de la gauche
Ce spectacle l’écœure
Alors elle pense à ces gars
Qui sont dev’nus voleurs
Elle comprend mieux pourquoi
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y’a jamais rien qui bouge
Y’a qu’le bleu des mobs qui l’emmène en vacances
Ses histoires d’amour elle les vit dans Confidence
Elle a bien ses p’tites joies
A défaut du bonheur
Quand elle nourrit ses chats
Quand elle parle à ses fleurs
Chaque semaine au loto
Elle mise dix ou vingt balles
Elle joue son numéro
D’sécurité sociale
C’est pas dur c’est pas cher
Mais ça rapporte que dalle
Pi elle écoute la radio
Surtout Michel Drucker
Parc’qu’elle le trouve très beau
Et pas du tout vulgaire
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y’a jamais rien qui bouge
Entre l’chien en plâtre sur la télévision
Et les castagnettes sur le mur du salon
Chez elle c’est du lino
Mais faut mettre les patins
Dehors c’t’assez crado
Faut qu’dedans ça soit bien
Ça pue la pisse de chat
Mais ça on n’y peut rien
Quand t’aimes les animaux
Tu t’arrêtes pas à ça
Elle elle dit qu’en tout cas
Elle aime pas les humains
Pourtant ell’ a mis l’bon dieu
Juste au-dessus d’son paddok
Elle y croit si tu veux
Mais c’est pas réciproque
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y’a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue c’est toujours gris
Comme un mur d’école comme un graffiti
- Manu
(Paroles de Renaud Séchan, musique d’Alain Ranval)
Eh ! Manu rentre chez toi
Y’a des larmes plein ta bière
Le bistrot va fermer
Pi tu gonfles la taulière
J’croyais qu’un mec en cuir
Ca pouvait pas chialer
J’pensais même que souffrir
Ca pouvait pas t’arriver
J’oubliais qu’tes tatouages
Et ta lame de couteau
C’est surtout un blindage
Pour ton cœur d’artichaut
Eh ! déconne pas Manu
Va pas t’tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent
On était tous maqués
Quand toi t’étais tout seul
Tu disais j’me fais chier
Et j’voudrais sauver ma gueule
T’as croisé cette nana
Qu’était faite pour personne
T’as dit elle est pour moi
Ou alors y’a maldonne
T’as été un peu vite
Pour t’tatouer son prénom
A l’endroit où palpite
Ton grand coeur de grand con
Eh ! déconne pas Manu
C’t’à moi qu’tu fais d’la peine
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent
J’vais dire on est des loups
On est fait pour vivre en bande
Mais surtout pas en couple
Ou alors pas longtemps
Nous autres ça fait un bail
Qu’on a largué nos p’tites
Toi t’es toujours en rade
Avec la tienne et tu flippes
Eh ! Manu vivre libre
C’est souvent vivre seul
Ca fait p’t’être mal au bide
Mais c’est bon pour la gueule
Eh ! déconne pas Manu
Ça sert à rien la haine
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent
Elle est plus amoureuse
Manu faut qu’tu t’arraches
Elle peut pas être heureuse
Dans les bras d’un apache
Quand tu lui dis je t’aime
SI elle te d’mande du feu
SI elle a la migraine
Dès qu’elle est dans ton pieu
Dis-lui qu’t’es désolé
Qu’t’as dû t’gourrer d’trottoir
Quand tu l’as rencontrée
T’as du t’tromper d’histoire
Eh ! déconne pas Manu
Va pas t’tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent
Eh ! déconne pas Manu
Ça sert à rien la haine
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent
Eh ! déconne pas Manu
C’t’à moi qu’tu fais d’la peine
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent
Eh déconne pas Manu déconne pas
- Le retour de Gérard Lambert
(Paroles de Renaud Séchan, musique de Jean-Philippe Goude)
Pas d’problème la banlieue peut s’endormir tranquille
Y s’pass’ra pas grand chose dans ses ruelles noires
Ce soir le fils maudit des grandes cités
Dortoirs est parti pour Paname dans sa Simca 1000
Y va y’avoir du sang sur les murs de la ville
Alors cessez de rire charmante Elvire
Y’a un espèce de chien, un vieux loup solitaire
Qui s’dirige vers Paris on nom : Gérard Lambert
Lambert c’est un héros alors y peut pas mourir
Avec lui c’est l’retour de la grande aventure
Celle qui fait hurler celle qui fait frémir
Dans la nuit dans le vent et dans la froidure
Il est tranquille peinard au volant d’sa bagnole
Y s’écoute Capdevielle sur son auto-radio
Musicalement il adore surtout les paroles
Quoique des fois y trouve qu’c’est pas assez intello
A travers l’essuie-glace y’en a qu’un qui fonctionne
Y’voit la pluie qui tombe sur le périphérique
L’a raté la sortie le v’la dans l’bois d’Boulogne
L’est complètement paumé dans ce lieu maléfique
Commence à paniquer pi surtout y s’énerve
Il avait un rencart à Paris avec une meuf’
S’il arrive à la bourre il a perdu l’affaire
Y manquerait plus qu’y s’fasse arrêter par les keuf’s
Ça fait maintenant une plombe qu’il se perd dans la nuit
Voilà l’brouillard qui tombe c’est normal c’est l’hiver
Pour l’ambiance de la chanson faut des intempéries
Faut un climat sordide comme dans les films de guerre
Dans la lueur des phares tout à coup soudainement
Voit passer une silhouette sur le bord de la route
Enfin un être humain se dit-il en lui-même
Je vais d’mander mon ch’min à cette âme en déroute
L’arrête la Simca 1000 auprès d’un arbre en bois
Et à pied dans la nuit sous la pluie qui ne cesse
S’enfonce dans la forêt poursuivant la gonzesse
Car c’en est une c’est sûr son instinct n’le trompe pas
Elle est jeune elle et belle toute vêtue de rouge
Les cheveux ruisselants sur son visage d’ange
Bon sange se dit Lambert le p’tit chaperon rouge
J’suis un loup solitaire qu’est-ce que j’fais j’me la mange
Il imagine déjà dans l’panier d’la donzelle
Le petit pot de beurre pour grand-mère et la galette
Manque de bol elle avait dans son panier d’dentelles
Deux pauv’ petites madeleines et une demi-baguette
OK tu viens chéri pour toi ça s’ra dix sacs
A ces mots le Lambert flaira un peu l’arnaque
Il éclata la tête de cette créature
Et s’en fut dans la nuit vers d’autres aventures
- Le Père Noël noir
(Renaud Séchan)
Ça f’sait pourtant un an ou deux
Que j’croyais plus du tout en lui
Pas plus que j’croyais au bon Dieu, d’ailleurs
Ou à la s’maine des trente-cinq heures
N’empêche que bon, par acquis d’conscience
J’ai mis mes santiag’ d’vant la ch’minée
Vu qu’on était l’24 décembre
P’t-être que l’Père Noël se pointerait, hein, va savoir
Alors, il est bien v’nu
Mais manque de bol, dis donc
Avec l’antenne de la télé
Y s’est emmêlé les guibolles
Et s’est vautré dans la ch’minée
Y s’est rétamé la gueule par terre
Sur ma belle moquette en parpaing
Y’avait d’la suie et des molaires
Le Père Noël est un crétin !
Petit Papa Noël
Toi qu’es descendu du ciel
Retournes-y vite fait bien fait
Avant que j’te colle une droite
Avant qu’j’t’allonge une patate
Qu’j’te fasse une tête au carré !
J’lui avais d’mandé comme cadeau
Une panoplie d’agent d’police
Une super boîte de Meccano
Une carte du parti socialiste
M’a carrément amené peau d’balle
L’avait pas dû recevoir ma lettre
J’avais p’têtre pas mis l’code postal
Qui correspond à sa planète
N’empêche que y s’est pas gêné
M’avait d’jà ruiné la moquette
Dans l’canapé s’est écroulé
Pour s’piquer la ruche à l’anisette
Y m’a descendu la bouteille
A lui tout seul le saligaud
‘vec le pinard l’a fait pareil
Le Père Noël est un poivrot !
Petit Papa Noël
Toi qu’es descendu du ciel
Retournes-y vite fait bien fait
Avant que j’te colle une droite
Avant qu’j’t’allonge une patate
Qu’j’te fasse une tête au carré
L’était bourré comme un polack, le mec, dis donc
Il a fait un boucan d’enfer
Il a fouillé toute la baraque
En chantant des chansons vulgaires
L’a ravagé mes plantations
Toute ma récolte de… d’herbes de Provence
Veuillez me passer l’expression
L’a gerbé d’ssus, quelle élégance
S’est barré vers cinq plombes du mat’
Avec mes bottes, mon blouson, tout ça
Y m’a chouravé aussi ma gratte
Y m’a juste laissé le bocson
Gonflé, le mec, hein
Heureusement qu’ma femme était pas là, j’vais t’dire
Heureusement, parc’qu’y s’rait barré avec, hein, se serait pas gêné
J’veux plus jamais le voir chez moi
Le Père Noël c’est un pauv’ mec
Petit Papa Noël
Toi qu’es descendu du ciel
Retournes-y vite fait bien fait
Avant que j’te colle une droite
Avant qu’j’t’allonge une patate
Qu’j’te fasse une tête au carré !
(bis)
Allez casse-toi, arrache-toi de là
Parce que d’abord, j’te signale que t’es même pas un vrai père Noël
T’es un vrai cambrioleur, oui !
Un père Noël noir, on a déjà vu ça ?
Ca existe même pas
Dieu est noir, le père Noël il est normal
Non, non ! Les bottes, non !
Non ! Le blouson, oui, mais les bottes, non !
Non, je vais appeler la police, hein
S’il vous plait, non, sortez, compris ?
Présentement ?
Y a pas de « Comment, présentement ? » !
Dis, euh, vieux, j’estime que bon…
Tu n’as pas à… Compris ?
Non ! Je dis pas que… que les bottes…
Bon, les bottes j’te les file, s’tu veux
Mais le blouson, euh, non
Si ? Aussi ? Bon d’accord, ok, Les bottes et le blouson
Ma femme ? Oui elle est là, oui, tu veux la voir ?
Dominique ? Y a un mec qui veut te voir
- J’ai raté Télé-Foot
(Renaud Séchan)
Ça f’sait douze bières que j’menfilais
Faut dire qu’on était samedi soir
J’étais tranquillement écroulé
D’vant ma télé sur mon plumard
Y’avait Jean-Pierre Elkabbach
Qui m’racontait l’Afghanistan
Et la Pologne et le Liban
Le Salvador y connaît pas
L’information pour ces mecs-là
C’est d’effrayer l’prolo l’bourgeois
A coups d’chars russes d’Ayatollah
« Demain faites gaffe y va faire froid »
Et à part ça « eh ben ça va
S’y s’passe quelqu’chose on vous l’dira »
V’là ma gonzesse qu’entre dans ma piaule
Qui m’dit qu’est-c’tu fais planté là
T’en as pas marre de ces marioles
T’en as pas marre d’leurs tronches de rats
J’lui réponds j’en ai rien à foutre
Mais j’veux pas rater télé-foot
Cette soirée s’annonçait super
J’me suis enfilé une bibine
Pour l’numéro un Mick Jagger
Avec Dylan et Bruce Springsteen
J’avais pas bien lu manque de bol
C’est l’numéro un Becassine
Avec une turlutte à Guignol
Une main au cul à Colombine
Si ça fait marrer vos lardons
Moi ça m’a carrement gonflé
S’en est fallu d’peu nom de nom
Qu’j’balance ma bière dans la télé
Mais vaut mieux rire de ces crevures
Que d’gaspiller d’la nourriture
V’la ma gonzesse qu’entre dans ma piaule
Qui m’dit qu’est-c’tu fais planté là
T’en as pas marre de ces marioles
T’en as pas marre d’leurs tronches de rats
J’lui réponds j’en ai rien à foutre
Mais j’veux pas rater télé-foot
Après j’me suis r’gardé Dallas
Ce feuilleton pourri dégueulasse
Ça fait frémir le populo
De voir tous ces enfants d’salauds
Ces ricains véreux pleins aux as
Faire l’apologie du pognon
De l’ordurerie et de la crasse
Y nous prennent vraiment pour des cons
Eh maint’nant qu’on est socialistes
Fini les feuilletons américains
On veut des feuilletons soviétiques
Et même des belges y en a des biens
Y’en a un c’est l’histoire d’une frite
Qu’est amoureuse d’un communiste
V’la ma gonzesse qu’entre dans ma piaule
Qui m’dit qu’est-c’tu fais planté là
T’en a pas marre de ces marioles
T’en as pas marre d’leurs tronches de rats
J’lui réponds n’en ai rien à foutre
Mais j’veux pas rater télé-foot
Alors elle m’dit au lieu d’t’aliéner
Avec cette télé à la con
T’entends pas qu’ta gosse s’est réveillé
Va lui faire chauffer son biberon
Pi si c’est pas trop te d’mander
Faudra qu’tu changes la caisse du chat
Grouille-toi sinon tu vas rater
Pierre Cangioni et Stopyra
En arrivant dans la cuisine
J’me suis dit tiens un p’tit Ricard
Mais après mes quatorze bibines
J’étais un p’tit peu dans l’coltard
J’ai bu un grand verre de Blédine
J’me suis vautré dans la caisse du chat
Et dans l’biberon d’ma gamine
J’ai mis d’la sciure et du Pastaga
La moralité d’cette chanson
Elle est super ah! ouais je veux
C’est qu’la télé c’est très dangereux
Et le football aussi un peu…
- Oscar
(Renaud Séchan)
Y v’nait du pays où habite la pluie
Où quand y’a du soleil c’est mauvais présage
C’est qu’y va pleuvoir
C’est qu’y va faire gris
Il était ch’timi jusqu’au bout des nuages
L’a connu l’école que jusqu’à treize ans
Après c’est la mine qui lui a fait la peau
Vingt ans au charbon c’est un peu minant
Pour goûter d’l’usine y s’est fait parigot
Dans son bleu d’travail y m’faisait rêver
Faut dire qu’j’étais jeune
J’savais pas encore
J’pensais que l’turbin c’était un bienfait
Bien-fait pour ma gueule surtout c’est la mort
L’avait fait 36 le front Populaire
Pi deux ou trois guerres pi mai 68
Il avait la haine des militaires
J’te raconte même pas c’qu’y pensait des flics
Il était marxiste tendance Pif le chien
Syndiqué à mort inscrit au parti
Nous traitait d’fainéants moi et mes frangins
Parc’ qu’on était anars tendance patchouli
Il était balaise fort comme un grand frère
Les épaules plus larges que sa tête de lit
Moi qui suis musclé comme une serpillère
Ben de c’côté là j’tiens pas beaucoup d’lui
L’avait sur l’bras gauche un super tatouage
Avec un croissant d’lune et une fleur coupée
La couleur s’était barrée avec l’âge
Il avait l’bleu pâle d’un jean délavé
Quand j’allais chez lui des fois d’temps en temps
J’lui roulais ses clopes avec son tabac gris
Pi j’restais des heures avec des yeux tout grands
A l’écouter m’baratiner sa vie
Vers soixante-cinq berges on lui a dit bonhomme
T’as assez bossé repose-toi enfin
L’a quitté Paname et la rue d’Charonne
Pour une p’tite baraque avec un bout d’jardin
L’a usé ses reins à casser la terre
Pour planter trois pauv’ salades trois carottes
Y r’grettait ses potes du boul’vard Voltaire
Le bistrot l’apéro les parties d’belote
Il est parti comme disent les poètes
Y s’est pas envolé comme disent les curés
Un matin d’décembre d’un cancer tout bête
L’a cassé sa pipe il a calanché
Y v’nait du pays où habite la pluie
Où quand y’a du soleil c’est un mauvais présage
C’est qu’y va pleuvoir c’est qu’y va faire gris
Il était chtimi jusqu’au bout des nuages
Il était chtimi jusqu’au bout des nuages…
- Mon beauf’
(Paroles de Renaud Séchan, musique d’Alain Ranval)
On choisit ses copains mais rar’ment sa famille
Y’a un gonze mine de rien qu’a marié ma frangine
Depuis c’est mon beau-frère alors faut faire avec
Mais c’est pas une affaire vu que c’est un sacré pauv’ mec
Mon beauf’ mon beauf’
Il lui a fait quatre gosses pour toucher les allocs
Lui fait l’coup d’la nuit d’noces dès qu’elle est plus en cloque
Cet espèce de trouduc’ qu’a fait dix ans d’légion
Ses mômes il les éduque à grand coups d’ceinturon
Le jour où les cons iront pointer
On l’verra au bureau d’embauche
Mon beauf’
Il a des rouflaquettes un costard à carreaux
Des moustaches une casquette et des pompes en croco
Y s’prend pour un vrai mec mais y craint un p’tit peu
Pour tout dire il est presque à la limite du hors-jeu
Mon beauf’ mon beauf’
A chaque fois qu’y culbute une collège de bureau
Ou qu’y va s’faire une pute ce ringard ce blaireau
Y dit qu’c’est pas tromper que c’est juste pour l’hygiène
Mais qu’si sa femme l’imitait il l’assomm’rait à coups de beignes
Le jour où les cons s’ront cuisiniers
C’est lui qui préparera les sauces
Mon beauf’
Y’a dans sa discothèque tout Richard Clayderman
Y trouve ça super chouette c’est l’Mozart du Walkman
Et pi dans sa R 16 y’a la CB tu penses
« 73 la station tête de nœud en fréquence »
Mon beauf’ mon beauf’
Pi bonjour la culture il est ‘achment balaise
T’as qu’à voir ses lectures ça casse des barreaux de chaise
VSD Paris-Match et puis Télé 7 Jours
Pi bien sûr chaque année y s’offre le prix Goncourt
Le jour où les cons s’ront plus à droite
Y’a p’têtre une chance qu’y vote à gauche
Mon beauf’
L’adore les animaux l’a un berger allemand
Qui protège ses bibelots son p’tit appartement
Il l’emmène à la chasse flinguer les p’tits oiseaux
Parc’que c’gros déguelasse y taquine le moineau
Mon beauf’
On choisit ses copains mais rarement sa famille
Y’a un gonze mine de rien qu’a marié ma frangine
Il est devenu mon beauf’ un beauf’ à la Cabu
Imbécile et facho mais heureusement cocu
Quand l’soleil brillera que pour les cons
Il aura les oreilles qui chauffent
Mon beauf’
- La Blanche
(Renaud Séchan)
Salut Michel ça fait une paye
Que j’t’ai pas vu traîner dans mes ruelles
Qu’est-c’que tu d’viens moi ça va bien
Paraît qu’toi tu marches sur un drôle de ch’min
T’as les joues creuses les mains caleuses
Et la démarche un p’tit peu chaloupeuse
Vraiment tu m’terrasses
Bonjour l’angoisse
Paraît qu’t’es tombé dans une drôle de crevasse
Paraît qu’c’est pas tous les jours dimanche
La blanche
Tu bois quelqu’chose non t’as pas soif
Y t’faut ta dose t’as pas d’tune t’es en caraffe
Allez prends une bière ça peut pas t’faire de mal
C’est en vente libre profites-en c’est pas cher
Au fait tu m’dois cent sacs j’en fais pas un sac
Mais tes p’tites arnaques ras l’bol j’en ai ma claque
Pour décrocher tu m’as taxé
Pour descendre sur la Côte te r’faire une santé
Est-c’qu’elle coûte moins cher à Villefranche
La blanche
Paraît qu’ta gonzesse s’est barrée avec ta caisse
Paraît qu’ tu bandais plus pour sa gueule pour ses fesses
Tu veux que j’te dise t’étais trop bien pour elle
Comment ça j’ironise mais non j’suis pas cruel
En ben ma gueule te v’la tout seul
T’as l’regard triste comme c’lui d’un épagneul
T’es vachement speed mais t’as plus rien dans l’bide
T’as qu’la poudre aux yeux et les yeux bien livides
Y’a vraiment plus qu’une seule chose qui t’branche
C’est la blanche
T’as p’t’être raison j’te parle comme un vieux con
Mais j’suis un vieux con vivant j’ai la gaule j’suis content
Toi t’as les boules moi j’ai la frite
C’est pas du Bashung non mon pote c’est du Nietzsche
Toi tu t’fais une ligne moi j’bois une bibine
Pendant qu’tu t’dopes j’fume mes deux paquets d’clopes
Chacun son trip chacun son flip
Toi c’est pas souvent qu’t’as des parties gratuites
J’préfère t’laisser tout seul sur ta branche
Avec la blanche
Allez salut Michel à la prochaine
On s’téléphone on s’fait une bouffé ça baigne
Et pi j’vais t’dire si tu m’fais un sourire
Tout c’que j’tai dit ben j’te jure que j’le r’tire
Mais si j’croise ton dealer j’y fous dans l’cœur
Un coup d’surin de la part d’un copain
Ça risque d’être dur vu que c’t’ordure
Un cœur ça m’étonnerait qu’il en ait un
On t’couchera avant lui entre quatre planches
Toutes blanches
- Soleil immonde
(paroles et musique de Michel Colucci)
Je clignote au bord de l’autoroute
J’ai pas fini de vomir ma bière
Le soleil en a rien a foutre
Mon estomac fait sa prière
Trop d’amour me pèse
Toi tu me quitte sans rigoler
C’est comme si j’avais avaler une chaise
Il faut beaucoup qu’je boive pour digérer
T’en fais pas c’est pas la fin du monde
D’autres filles pass’ront sous les ponts
Et la nature que le soleil inonde
Nous rechante chaque fois sa chanson
J’ai pas vu la tête du facteur
Mon téléphone ne sonne plus
Les oiseaux crient des sons moqueurs
Y a plus personne qui m’aime plus
Le bar est plein de solitude
Mon amour n’est plus de saison
Je ne bois pas par habitude
Mais pour douter de ma passion
T’en fais pas c’est pas la fin du monde
D’autres filles pass’ront sous les ponts
Et la nature que le soleil inonde
Nous rechante chaque fois sa chanson
L’armée rouge a défilé dans ma tête
J’leur ai fait monter de l’aspirine
Z’ont quand même fait leur huit heures comme des bêtes
Me v’la mouillé dans une drôle de combine
Le vent m’apporte des odeurs de frites
Tout l’monde me r’connaît dans la rue
J’ai la boule coincée dans mon flip
Y manqu’rait plus qu’un oiseau me chie d’ssus
T’en fais pas c’est pas la fin du monde
D’autres filles pass’ront sous les ponts
Et la nature que le soleil inonde
Nous rechante chaque fois sa chanson
J’ai pas aimé comme tu es partie
J’ai senti ma tête écraser l’poteau
Toi tu voudrais qu’on reste bons amis
Je n’me vois déjà plus sur les photos
Je me fous de l’odeur des roses
Et de celle qui pourrait m’aimer
Les gens me parlent d’autre chose
Y’en a pas un qui m’aid’ra à pleurer
T’en fais pas c’est pas la fin du monde
D’autres filles pass’ront sous les ponts
Et la nature que le soleil immonde
Nous rechante chaque fois sa chanson
T’en fais pas c’est pas la fin du monde
D’autres filles pass’ront sous les ponts
Et la nature que le soleil immonde
Nous rechante chaque fois sa chanson
- Étudiant-poil aux dents
(Renaud Séchan)
Boutonneux et militants
Pour une société meilleure
Dont y s’raient les dirigeants
Où y pourraient faire leur beurre
Voici l’flot des étudiants.
Propres sur eux et non violents
Qui s’en vont grossir les rangs
Des bureaucrates et des marchands
Étudiant poil aux dents
J’suis pas d’ton clan pas d’ta race
Mais j’sais qu’le coup d’pied au cul
Que j’file au bourgeois qui passe y vient d’l’école de la rue
Et y salit ma godasse
Maman quand j’s’rai grand.
J’voudrais pas être étudiant
Alors tu s’ras un moins que rien
Ah oui ça je veux bien
Étudiant en architecture
Dans ton carton à dessin
Y’a l’angoisse de notr’ futur
Y’a la société d’demain
Fais-les nous voir tes projets
Et la couleur de ton béton
Tes HLM sophistiqués
On n’en veut pas nous nos maisons
On s’les construira nous-mêmes
Sur les ruines de tes illusions
Et puis on r’prendra en main
Quoi donc ? L’habitat urbain
Je sais ça t’fait pas marrer
J’pouvais pas m’en empêcher
Maman quand j’s’rai grand
J’voudrais pas être étudiant
Ben alors qu’est-ce que tu veux faire?
Je sais pas moi gangster
Étudiant en médecine
Tu vas marner pendant sept ans
Pour être marchand d’pénicilline
Tes saloperies d’médicaments
Aux bourgeois tu r’fileras
Des cancers à tour de bras
Et aux prolos des ulcères
Parc’que c’est un peu moins cher
Et l’tiers-monde qu’a besoin d’toi
Là c’est sûr que t’iras pas
Malgré tous ceux qui vont crever
T’oublieras que j’t’ai chanté
La médecine est une putain
Son maquereau c’est l’pharmacien
Maman quand j’s’rai grand
J’voudrais pas être étudiant
Ben alors qu’est-ce que tu veux être?
Je sais pas moi poète
Étudiant en droit
Y’a plus d’fachos dans ton bastion
Que dans un régiment d’paras
Ça veux tout dire eh ducon!
Demain c’est toi qui viendras
Dans ta robe ensanglantée
Pour faire appliquer tes lois
Que jamais on a votées
Qu’tu finisses juge ou avocat
Ta justice on en veut pas
Pi si tu finis notaire
P’t’être qu’on débarqu’ra chez toi
Pour tirer les choses au clerc
Et tant pi s’il est pas là
Maman quand j’s’rai grand
J’voudrais pas être étudiant
Ben alors qu’est-ce que tu veux faire?
Je sais pas moi infirmière
Étudiant en que dalle
Tu glandes dans les facultés
T’as jamais lu L’Capital
Mais y’a longtemps qu’tas pigé
Qu’y faut jamais travailler
Et jamais marcher au pas
Qu’leur culture nous fait gerber
Qu’on veut pas finir loufiats
Au service de cet État
De cette société ruinée
Qu’des étudiants respectables
Espère un jour diriger
En traînant dans leurs cartables
La connerie de leurs aînés
Maman quand j’s’rai grand
J’voudrais pas être étudiant
Alors tu s’ras un moins que rien
Ah oui ça j’veux bien
- À quelle heure on arrive ?
(Renaud Séchan)
A l’arrière d’l’autocar
Ça cartonne à la bière
Devant y’a un pétard
Qui fait une p’tite lumière
Dans l’pare brise
Eh Alain ton clébard
Commence à nous gonfler
Fais le taire ce bâtard
Il arrête pas d’aboyer
Y nous les brise
J’dormirais bien une plombe
Avant d’arriver à Tarbes
J’ai les paupières qui tombent
Et les yeux qui s’lézardent
J’suis vanné
J’voulais vous dire les mecs
Demain après l’gala
J’me tap’rais bien un steack
Ras l’bol des pizzerias
Terminé
Combien qu’y reste de bornes
A quelle heure on arrive
Et dans quel hôtel borgne
On va poser nos valise
Nos valises
Y’a Fredo qui roupille
Hier soir au Novotel
Y s’est tapé une fille
Pas bavarde et très belle
Sans complexe
L’avait dragué dans Lui
Dans les pages du milieu
On s’l’était faite aussi
On était tous amoureux
Même le clebs
Amaury est fâché
T’t’ à l’heure en sortant d’scène
J’lui ai dit qu’y s’était planté
Dans l’intro d’H.L.M.
Y m’en veut
Putain ! Ces musicos
Y z’ont vraiment trop d’talent
Et moins y sont craignos
Plus y sont gonflants
Ou teigneux
Combien qu’y reste de bornes
A quelle heure on arrive
Et dans quel hôtel borgne
On va sécher nos ch’mises
Nos ch’mises
A l’Alhambra d’Bordeaux
Hier soir y’avait un monde
Au moins quinze cents pélots
Et d’un’ baston pas l’ombre
C’est bizarre
Y’a pourtant des rockys
Qu’ont dû avoir les boules
En m’voyant applaudi
Même par les babas cools
Quel panard !
Vous en faites pas les mecs
Ce soir y s’ront des milliers
Enfoncés Supertramp
Trust et Lavilliers
Mais non j’déconne !
Si y sont des dizaines
On leur paiera l’apéro
On s’éclatera quand même
On f’ra l’concert au bistrot
Chez Simone
Combien qu’y reste de bornes
A quelle heure on arrive
Combien qu’y m’reste à vivre
A quelle heure j’abandonne
J’abandonne
Sources : Wikipédia et paroles.net