N° 123, du 11 au 24 juin 1980
A Salut ! nous avons l’habitude de vivre en tournée avec les vedettes, mais je dois vous dire que ces quelques jours passés en compagnie de Renaud n’ont rien de comparable avec ce que nous avons connu auparavant. Simplicité, décontraction, gentillesse n’excluent pas pour autant popularité et succès. Grâce aux photos de Bernard Leloup, retrouvez l’ambiance de cette tournée qui vient de prendre fin.
Alors que nous arrivons à Romans, la pluie vient de cesser depuis quelques minutes. Il nous faut un petit moment avant de trouver le cinéma Le Club car cet ancien cinéma devenu salle de spectacles se trouve dans des petites ruelles. Lorsque nous arrivons à la salle, oh ! surprise, Renaud est en train de faire du roller skate en compagnie de deux de ses musiciens. Visiblement, il a l’air de très bien se débrouiller. « C’est la première fois que je fais du sport depuis pas mal de temps, mais je dois avouer que celui-ci me plaît beaucoup ».
Nous arrivons juste pour l’heure de la répétition, il faut dire que les horaires d’un chanteur en tournée sont pratiquement toujours les mêmes : répétition 18 h, gala 21 h, dîner minuit.
Sur scène Renaud est entouré de six musiciens, la répétition se déroule dans une grande décontraction mais tout en restant efficace ; seul, Western, le chien d’Alain, le régisseur de Renaud, joue dans les allées de la salle. Les premiers accords de la chanson que Renaud va interpréter nous semblent étranges. A la première écoute, j’ai beau réfléchir, mais il ne me semble pas connaître cet air dans le répertoire de Renaud mais plutôt dans celui de Jean-Patrick Capdevielle puisqu’il s’agit de « Quand t’es dans le désert » que Renaud interprète de la même façon et avec autant de punch que son créateur. Il s’agit vraiment d’une chanson faite sur mesure pour Renaud. Je suggère à Renaud de la mettre dans son répertoire, il ne paraît pas contre. C’est une pratique assez courant aux Etats-Unis alors qu’en France c’est très peu utilisé. Dommage car parfois cela donne de très bons résultats. Lorsque je demande à Renaud s’il aime plus particulièrement cette chanson, il me répond que c’est l’ensemble des chansons de Capdevielle qu’il aime. Enfin de petit plaisir d’une minute terminé, Renaud passe à ses chansons. La répétition est assez courte, c’est surtout pour que l’ingénieur du son fasse son réglage de micros. Une fois terminée, Renaud passe dans sa loge, il aimerait beaucoup aller au café du coin faire quelques parties de flipper, mais dans la salle le public commence à arriver.
A 21 heures, la salle se remplit à vue d’œil, Très vite, d’ailleurs, elle est pratiquement pleine, on rajoute des chaises mais cela ne suffira pas à contenter tout le monde, il faudra refuser de nombreuses personnes. Un des organisateurs présents se réjouit de ce succès. « Vous savez, les temps sont durs, rares sont les chanteurs qui font du monde, je peux vous assurer qu’on les compte sur les doigts de la main. Renaud fait heureusement partie de ceux-là comme vous pouvez le constater ». Effectivement, la soirée début bien pour lui. Les musiciens jouent quelques accords et voilà l’idole, vêtue à la scène comme à la ville de la même façon : jean, blouson de cuir noir, T-shirt blanc, bottes et petit foulard rouge.
Son entrée est vivement et bruyamment saluée. La salle est en grande partie remplie de jeunes. Chaque chanson est précédée d’une explication, d’un commentaire. Guitare électrique ou sèche, Renaud passe des mélodies tendres comme « Ma gonzesse » au rock comme « Dans mon H.L.M. ». C’est un spectacle qui nous rapproche malgré tout des groupes rock en vogue actuellement. Une heure trente de bonnes chansons populaires et de nombreux rappels. Dès sa sortie de scène. Renaud s’écrit « J’ai faim ! » et avec lui ça ne traîne pas. Quelques minutes plus tard, nous sommes à table au restaurant «La Charrette ».
Je peux vous affirmer : Renaud est un grand mangeur de pâtes ; il est ravi car une des spécialités de la région est les «ravioles », de délicieuses pâtes aux herbes. Après s’être bien calé l’estomac, et avoir discuté avec les jeunes présents (Renaud adore parler), il décide de prendre le chemin de l’hôtel.
Le lendemain, avant de déjeuner, Renaud passe par le marché de Romans où il achète quelques outils, clés à molette et autres, puis après avoir déjeuné, nous reprenons la route pour Montélimar où le soir-même il doit chanter sous un chapiteau. A Montélimar, même accueil, beaucoup de jeunes viennent dans l’après-midi pour discuter avec Renaud, lui demander des conseils, lui parler de leurs problèmes. Renaud répond toujours avec beaucoup d’attention et de compréhension. Puis même déroulement : répétition, gala, dîner, hôtel.
A l’heure qu’il est Renaud a regagné Paris et son appartement du Marais, retrouvé Dominique et ses copains. Cet été, pas de galas, un disque à la fin de l’année et à nouveau des galas et une scène parisienne. Avec Renaud, nous tenons une nouvelle forme de chanteur, ce qui nous change des vedettes devenues stars avant l’heure. Renaud, ne change surtout pas tu es très bien comme ça.
Daniel Moyne.
RENAUD |
Source : Salut !