MONTRÉAL, LUNDI 10 AVRIL 1989
Spectacles
Agence France-Presse
BOURGES
▀ Avènement médiatique de la « world music », échec de valeurs considérées comme sûres, confirmation de «phénomènes» comme Etienne Daho (qui apporte la preuve qu’il n’est pas forcément nécessaire de savoir chanter pour faire recette): tels sont les principaux enseignements du 13 ème «Printemps de Bourges», le plus important festival de musique de variétés français, qui se terminait hier.
Le Printemps de Bourges (centre de la France), qui a réuni 100 000 spectateurs en 9 jours, soit 20 000 de moins que l’an dernier, se solde celle année par un déficit qui ne remet toutefois pas en cause son existence, selon son directeur, Daniel Colling.
Les causes de cette baisse de régime ? Pas tant le caractère «pointu» de la programmation (de nombreux chanteurs et musiciens encore peu connus ont attiré un public attentif, preuve que la curiosité fonctionne encore) que le fait de tabler, à priori sur des «valeurs sûres», qui ne remplissent pas toutes leur contrat. À part le Français Jacques Higelin (8 000 personnes), aucune des têtes d’affiche (le score comparable de Stevie Wonder s’est avéré insuffisant en regard du cachet exigé) n’a atteint le seuil de rentabilité (7 500 spectateurs au Stadium, la plus grande enceinte du festival): ni le «ticket» d’ouverture KassavKool and the Gang, ni le chanteur Renaud (5 000 spectateurs chacun), ni même les Pogues (6 500).
Le public se retrouve de moins en moins dans ces méga spectacles, qui se déroulent de surcroit dans des conditions d’inconfort qu’on n’oserait jamais infliger à un autre public que le public «rock».
On notera toutefois qu’à défaut de toujours rencontrer son public, le Printemps de Bourges a réussi quelques coups médiatiques d’ampleur: la venue de Cui Jian, premier rocker à sortir de Chine populaire, et la réunion de
trois groupes russes non officiels (Kino, Zvouki Mou, Auktsion) en pleine pérestroïka.
Source : La Presse